Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. de : La CGT/ FAPT 33 mardi 26 avril 2011 (17h44) > Emploi-chômage > FR - Sud Ouest (05) > Syndicats 25 commentaires Communiqué de la Fédération et du syndicat départemental de la Gironde des activités postales et de Télécommunications CGT Un salarié de l’Agence professionnelle du site Château d’Eau à France Télécom s’est immolé par le feu ce matin sur le parking de l’immeuble FT de Mérignac Pichey en Gironde Ce drame bouleverse l’ensemble du personnel et collègues du service mais également les salariés de l’entreprise qui font toujours face à des conditions de travail difficiles. Des premières informations en notre possession, ce salarié vivait une mobilité mal acceptée et des témoignages attestent d’une souffrance morale constatée ces dernières semaines. Depuis la crise de 2009 qui avait vu une réaction vive des salariés face à la vague de suicides et malgré la marche arrière de la Direction sur les restructurations, les mobilités, les objectifs de production, et d’autre part les accords qui s’en suivirent, notamment sur « vie professionnelle, vie privée », le manque d’emplois et les objectifs inatteignables exercent toujours une pression au quotidien sur les salariés. L’absence de toute prise en compte par l’entreprise les laisse souvent seuls devant leurs difficultés. Globalement, ils revivent une situation équivalente d’avant les évènements de 2009. La Commission Exécutive du Syndicat Départemental de la CGT 33 réunie ce jour, et la Fédération présentent leurs condoléances aux familles de notre collègue, dramatiquement disparu, et apportent leur soutien aux salariés traumatisés. La CGT demande que toute la lumière soit faite sur les causes de ce drame et exige la convocation d’un CHS/CT extraordinaire prenant en compte l’ensemble des éléments afin d’engager les enquêtes nécessaires. La CGT considère qu’il faut poursuivre des négociations pour aller plus loin dans des mesures novatrices face à une Direction qui préfère donner satisfaction à ses actionnaires au détriment des salariés. Des moyens humains et financiers doivent être dégagés pour répondre aux besoins de changement. La CGT réitère son exigence d’instances représentatives du personnel en périmètre de proximité géographique et de site, plus proches des préoccupations des salariés. Montreuil, le 26 avril 2011 De : La CGT/ FAPT 33 mardi 26 avril 2011 Répondre à cet article Imprimer cet article Commentaires de l'article Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 26 avril 2011 - 18h08 - Posté par 90.**.126.** Stop, basta, la direction dégage, avec qui vous voulez discuter ? Avec les valais des actionnaires ? Vous voulez qu’on se suicide les uns après les autres ? Faisons comme nos camarades dans le monde arabe. Ce suicide est une protestation. On ne peut plus des fins de mois difficile, on ne peut plus de la peur, du stress. De l’argent il y ’en a, ils veulent gagner plus c’est tout, ils veulent qu’on crève dans le lieu du travail, on a même plus le droit à une mort digne. Stop. Basta. La direction dégage, plus de discussion avec des gens qui sont payé pour nous trainer dans la farine. Prenons nos en vie en main. Mes sincères condoléances à la famille. Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 26 avril 2011 - 18h21 - Posté par 82.***.172.** Je le connaissais, par mon frère qui travaille à 9 telecom. On avait échangé quelques mots lors des manifs pour les retraites (à l’encontre de son syndicat !). Il était cool, je suis triste. Et révolté ! Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 26 avril 2011 - 19h06 - Posté par 92.***.6.** Il va falloir prendre des mesures autres que celles prises jusqu’a présent, les manifs ou les réunions CHCT et ou syndicales ne servent plus à rien avec cette bande de fachos. Alain 04 Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 26 avril 2011 - 19h04 - Posté par 86.***.70.** Lorsque le salarié arrive à saturation, la dépression le guette, allant parfois jusqu’au suicide ! Si avant de se suicider, le salarié suicidait d’abord deux ou trois personnes de sa direction, le problème serait pris beaucoup plus au sérieux. Mais tant que ce ne sont que les sans grades qui meurent ......Voir : http://2ccr.unblog.fr/2010/11/01/la-violence-du-harcelement/ Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 26 avril 2011 - 19h34 - Posté par Adrien’ - 86.**.9.*** La CGT considère qu’il faut poursuivre des négociations pour aller plus loin dans des mesures novatrices face à une Direction qui préfère donner satisfaction à ses actionnaires au détriment des salariés. Des moyens humains et financiers doivent être dégagés pour répondre aux besoins de changement. http://pipotronic.com/ La cgt n’a pas peur de ramener sa langue de bois si près du feu ? Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 26 avril 2011 - 19h46 - Posté par A.C - 86.**.82.*** SVPat avait ouvert la discussion http://bellaciao.org/fr/spip.php?article116486#forum441542 Le communiqué de la CGT aurait pu y trouver sa place. Peut on fusionner les deux articles? c’est un peu"chiant" quand à 3 quart d’heures d’écart on publie la même info ce qui "casse" la discussion.. Selon moi, du moins. AC Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 26 avril 2011 - 21h23 - Posté par Réjane 17 - 92.***.42.*** Quand est ce que les salariés de cette entreprise comme de toutes les entreprises de ce pays vont enfin se reveiller et aller vers une gréve générale avec blocage de toute l’économie du pays face à ce patronat et ce gouvernement des plus rèactionnaires. Les profits sont de plus en plus énormes,les riches de plus en plus riches, les pauvres de plus en plus pauvres. Ces monstres capitalistes sèment la guerre dans les autres pays’Afghanistan, Libye, Cote d’Ivoire (les médias nous préparent pour une prochaine intervention en Syrie puis l’Iran ensuite les pays d’Amérique Latine (Venué, Bolivie..) pour toujours plus de profits Réveillons nous !!! avant qu’il ne soit trop tard car se suicider n’est pas la solution. Bousculons notre individualisme et chacun pour soi, nos organisations syndicales à la tete qui sont dépassées. Que voulons nous laisser en héritage aux futurs générations . Vive la lutte de classe. Un salarié qui lutte et gagne n’a pas envie de se suicider. Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 26 avril 2011 - 21h45 - Posté par jaja - 90.*.244.** La CGT réitère son exigence d’instances représentatives du personnel en périmètre de proximité géographique et de site, plus proches des préoccupations des salariés. quand les patrons tuent ! est ce que la bonne réponse c’est de continuer à discuter ? c’est la guerre sociale qui est menée par les patrons ; les négociations sont dépassées ! QUI SONT LES VIOLENTS ! Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 26 avril 2011 - 21h46 - Posté par jaja - 90.*.244.** la peur doit changer de camp ! Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 26 avril 2011 - 22h30 - Posté par chebolivar - 78.***.165.** Putain il va falloir aller les cherhcher dans leurs villas quatre étoiles ces enfoirés de capitalistes qui dégeulent sur la santé de salariés et les pendre par les C....... assassins sociaux !!!! BASTA !!!!!!!!!!!!!!! Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 26 avril 2011 - 23h57 - Posté par Lorenzo - 195.**.102.* On ne négocie pas avec le diable on le détruit...ma vieille maman me disait encore récemment "tu sais Lorenzo, on a besoin d’argent pour être fort..." car elle a souffert sa vie durant , pour elever ses enfants de ce manque d’argent, de cette pression que l’argent mene sur la vie de tous les braves gens, les humbles, les modestes que nous sommes face à ce mal...et je lui ai repondu "non ma petite maman, on est fort quand on en a pas justement ...parce qu’on est pur, on est vrai, on ne truque pas, on ne vole pas, on est libre..." - faites tomber les banques et le chateau de cartes s effondrera ...sans syndicat corrompu car ils le sont tous dans les têtes qui les gouvernent, sortez de l illusion que ses grands manitous vous defendent...ils sont a la solde de ce diable argent...combien faudra t il de décès aussi cruels et tristes pour que les hommes de bon sens se lèvent? comme le disait Martin Luther King : "ce qui m inquiete ce n est pas l oppression des mechants mais l indifference des bons..." - soyez libre et n ayez plus peur du systeme argent , traitez le comme ce serpent qui essaie de vous endormir chaque jour, salissez le, chassez le, ecrasez lui la tête , regroupez vous, innondez de plaintes pénales les tribunaux, le systeme implosera par lui même, là est la Verité mes amis...soyez forts ...le monde de l argent va s effondrer par votre volonté collective ! Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 27 avril 2011 - 00h55 - Posté par 86.***.146.** Il est normal que la CGT ne soit pas à la hauteur vis à vis de ces drames, car elle s’est peu à peu adaptée, a épousé même et accepté toutes les formes d’organisation de la boîte depuis la loi Quilès de 90 en abandonnant peu à peu ceux qui ont tenté de résister. Nombreux sont les permanents syndicaux "à vie" qui ont accepté de quitter leur poste, "progresser" dans une échelle de traitements spéciale "maison", et se sont progressivement éloignés du terrain. Les directions ont eu ce qu’elles voulaient : des militants "coupés de la base" sous la main sollicités pour de multiples réunions parfois bidons, colloques, stages et autres séminaires de communication. La perte de repères politiques forts a fait le reste : elle empêche toute vision offensive d’un changement imposé par les salariés, prisonniers de la logique du profit financier totalement étrangère à la compétence professionnelle au service des usagers.. Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 27 avril 2011 - 01h17 - Posté par jaja - 90.*.244.** expérience "vécue" ? ................... Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 27 avril 2011 - 12h20 - Posté par JdesP - 86.***.128.*** Expérience vécue en effet, y compris sur le plan personnel, à la lumière d’une’"européisation" consensuelle sous couvert d’une démarche unitaire de mon syndicat adhérent de la CES, qui a renoncé à réfléchir sur la défense et le partage d’ importants acquis sociaux sur le plan national, aujourd’hui en voie de disparition, tant du point de vue des salariés que des usagers : acquis que l’historien marxiste britannique Eric Hobsbawm qualifiait d’îlots du socialisme en France dans "L’äge des extrêmes (Histoire du court XXième siècle.)" Expérience vécue qui me permet de déplorer que de trop nombreux collègues ont été trompés, humiliés, déçus et désespérés par le mirage d’une privatisation heureuse et prospère pour les salariés-actionnaires. Il est temps d’être plus offensifs contre ce système cannibale qui dévore les esprits et les vies . Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 27 avril 2011 - 11h53 - Posté par Alain Chancogne - 86.**.82.*** @adrien et quelques autres! je rappelle que c’est un salarié qui s’est immolé.. C’est France télécom, leCAPITALISME qui tue.. Je trouve que s’engouffrer..là pou rvenir mettre lefeu àla CGT..c’est un brin déplacé! je dis cela parce que j’arrive de la Bourse du Travail....et qu’il y a des copains qui pleurent. Certes, certes," laCGT ceci," "la CGT cela",.. moi aussi, je suis de ceux qui, non seulement anonymement sur BC comme certains, mais dans le débat dans et hors del’Orga, lutte pour contrer des dérives Mais , un camarade est mort! C’est pas le délégué CGT de Pichey Mérignac qui l’a assassiné. De la tenue, SVP. Pour sa mémoire, sa famille ses camarades Syndiqués ou pas. A.C. Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 27 avril 2011 - 12h28 - Posté par Roberto Ferrario - 193.***.141.** Oui Alain je partage ton commentaire, s’acharne comme des chacales sur la CGT dans sont ensemble sans faire une distintion de la direction dans un moment aussi triste, fait penser que certaine prétendu "camarades" manque d’humanité, (chose très repoussants pour un certaine approche a leurs idée) ou font penser a des vulgaires provocateurs que profite même du suicide de cet salarie pour faire de l’anti CGT voir en définitive de l’anticommunisme... Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 27 avril 2011 - 15h21 - Posté par JdesP - 86.***.128.*** Il n’est nullement question d’anti-cégétisme surtout pour un adhérent de la CGT qui agit encore et toujours pour aider les salariés en difficultés. Mon syndicat et sa direction ne sont pas une image sainte et n’ont plus rien à voir avec le "communisme", il ne se différencie désormais que peu par rapport aux autres. Que les donneurs de leçons et distributeurs de brevets de cégétisme "autorisés" se regardent dans une glace : qu’ont-ils fait ou ne pas fait pour garder une CGT "lutte des classes" ? Moi je me bats encore et toujours sans perspectives de changement de société et je compte avec rage et presque avec désespoir les reculs sociaux que nous subissons. Je vais sur Bellaciao, parce qu’on peut débattre et les remarques acerbes et récurrentes sur "l’anonymat" égale "manque de courage" quand on dit des choses vraies, publiques et vérifiables par tous sont dérisoires. Trop de souffrances sont endurées , trop de vies ont été sacrifiées sur l’autel de la lutte inégale de l’individu contre la mécanique implacable des RH, mise en place par le patronat et les gestionnaires des services publics privatisés ou en voie de l’être, malgré la présence et l’action des syndicats, pour qu’on ne se pose pas de questions toujours embarrassantes pour certains. Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 27 avril 2011 - 15h34 - Posté par Roberto Ferrario - 193.***.141.** JdesP ziva!!! Pourquoi tu n’est pas plus direct??? Dit carrément que la responsable de ces suicides est la CGT ... Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 27 avril 2011 - 17h20 - Posté par Alain Chancogne - 86.**.1.** Ce camaro devrait se calmer un peu.. Parce qu’étant un de ces cégétistes qui semblent l’énerver, je lui ferais hélas remarquer que, dans ma boite, face aux suicides de laBNP-bordeaux,... s’il se renseigne il saura qu’on peut être un opposant à la ligne "" CES- et bisoubisou avec la CFDT".., et garder , quand le Patronat assassine, un peu de retenue pour éviter des amalgames qui puent , afin de rassembler dans la douleur et la colère, les victimes! Car avoir plus de crachats sur l’orga que sur les patrons quand un compagnon de misère est encore chaud, c’est , et je pèse mes mots, dégueulasse, . Je précise qu’en plus, en rester sur ces questions, à la "petite explication" de la privatisation, comme certains le font,c’est plus que lèger! La guerre des classes passe par l’emprise du Capital sur TOUT. Avant d’être privatisée par Balladur, ma boite était déjà ô combien gérée avec des critères de la rentabilité . C’est d’ailleurs parce que ces secteurs nationalisés sont devenus, au fil de la crise du K, des lieux d’exploitation semblables à ceux sous domination directe des possédants, qu ’hélas, les mobilisations populaires (y compris dans les boites) n’ont pas eu l’ampleur nécessaire pour mettre en échec le K. Certes, les renoncements de NOTRE CGT ont contribué à cet affadissement de la ldc, mais faudrait pas non plus tomber dans la connerie de vouloir pendre la mère Parisot avec les tripes de B.Thibaut..... qu’on flinguerait, du coup,... avant la patronne du MEDEF! S’agissant de ce pauvre copain , si on devait se tromper de coupables ,faudrait alors aller jusqu’ rappeler qu’il a été jusqu’à sa mort syndiqué et militant.à la........... .CFDT...! Ce qui ne serait pas plus intelligent que de pondre de la hargne anticégétiste, face au drame. extraits du journal SUD-OUEST http://www.sudouest.fr/2011/04/27/suicide-a-france-telecom-richard-promet-de-tirer-toutes-les-consequences-du-drame-382563-2780.php Environ 300 personnes se sont rassemblées ce mercredi matin sur le site de Bordeaux, où travaillait ce salarié de 57 ans. Sa famille, sa femme et ses enfants, s’est recueillie pendant une minute aux côtés de salariés de France Télécom-Orange parmi lesquels nombre de ses collègues. . Selon Florence Bordes-Baillard, responsable CFDT en Aquitaine pour France Télécom, il y a 8-10 jours, il avait évoqué son désir de quitter l’entreprise et cherchait une solution pour faire autre chose, et en février il avait adressé un courriel à la direction. Un courriel auquel il n’avait pas eu de réponse, a-t-elle expliqué. Il dénonçait le fait "qu’en tant que ’préventeur’, donc garant des conditions de travail à France Télécom, il y avait des choses qui se passaient qui auraient dû être abolies depuis le nouveau contrat social". Ce courriel sera une des pièces étudiées lors de l’enquête interne alors qu’un CHSCT extraordinaire se tiendra jeudi, a indiqué la déléguée CFDT. http://www.sudouest.fr/2011/04/27/suicide-a-france-telecom-son-fils-temoigne-382506-7.php "Son suicide est lié à son travail", a témoigné mardi soir le fils du salarié, qui s’est immolé par le feu mardi sur le site de Mérignac. "La raison de son suicide, c’est clairement la manière dont France Télécom-Orange a fait dérouler sa carrière". Employé dans l’entreprise depuis plus de 30 ans, ce salarié de France Télécom, âgé de 57 ans et père de quatre enfants, était arrivé en Gironde en 2000, après que son poste en Dordogne fut supprimé. ""Pendant dix ans, il n’avait pas été mis sur un poste pérenne. Ça l’avait beaucoup perturbé. Il a été impacté de plein fouet par ces changements de réorganisation. Il ne voulait pas partir de Gironde, donc on lui proposait des missions qui ne correspondaient pas à son niveau de qualification", expliquait mardi après-midi Florence Bordes, responsable CFDT en Aquitaine pour France Télécom. A.C. Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 27 avril 2011 - 15h24 - Posté par richard PALAO - 92.***.251.*** ceux qui a l occasion de cet horrible drame attaque la CGT sont des minables ou des fachos car ils ne peuvent ignorer que les responsables des suicides sont également sont qui cherchent à criminaliser l’ activité syndicale , à poursuivre les militants devant les tribunaux à les brimer ETC ... Dans mon ex entreprise la CARSAT du centre ( ex CRAM sécurité sociale) la direction vient d ’être condamné par les prudhommes à verser 450000 euros de dédomagement à des militants CGT qu ’elle à maintenu au bas de l échelle dans des postes sans intérêt pour les inciter à abandonner la lutte , certains sont tombés en depression, mais heureusement n en sont pas arrivés à l acte extrême des salariés de FRANCE TELECOM ...ALORS IL EST TOUT A FAIT DEGUEULASSE MEME SI ON A DES DESACCORDS AVEC LA CGT DE METTRE SUR LE MEME NIVEAU LES COUPABLES ET LES VICTIMES ... Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 27 avril 2011 - 16h34 - Posté par JdesP - 86.***.128.*** La CGT n’ est pour rien dans les suicides de salariés, naturellement, je ne vois pas qui a attaqué la CGT en la rendant responsable de cette situation mais je constate qu’il est difficile d’essayer de se poser des questions sur le manque de perspectives syndicales ou politiques qui aggrave le désarroi, et aussi l’indifférence de travailleurs qui ne voient aucune solution, aucun espoir de changer la société et les terribles règles du "tout pour le profit" qui la régissent. J’ai voulu simplement dire que la CGT, globalement, en tant qu’organisation syndicale n’est pas meilleure que les autres, à mon avis, avec tout le respect que je dois à mes camarades de la base, à ceux permanents des directions qui font ce qu’ils peuvent, qui luttent et tombent chaque jour face à l’arbitraire du patronat. Ceci est une mort de trop qui devrait interroger sur la pratique routinière d’un certain syndicalisme de bureau. J’ai tout simplement réagi à un communiqué, qui n’est qu’un constat de plus à mon avis. Ai-je été plus clair, Roberto? Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 27 avril 2011 - 21h22 - Posté par 86.***.137.*** " j’ai voulu simplement dire que la CGT,globalement,en tant qu’organisation syndicale,n’est pas meilleure que les autres...." ALORS CASSES-TOI DE LA CGT ! Trouves-toi un syndicat qui,en conformité avec ton discours ignoble,n’hésitera pas à saisir la pire des opportunités pour cracher sa bile sur la CGT,en épargnant bien sûr les responsables du "mal être " au travail,à FT et ailleurs. LE REBOURSIER Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 27 avril 2011 - 23h42 - Posté par Réjane 17 - 92.***.42.*** Je ne comprends toujours pas ce débat con, ceux qui comme moi dèclarent haut et fort que la CGT au niveau des instances n’est plus dans le coup depuis qu’elle a adhérait à la CES , ne disent pas qu’elle est responsable du suicide du collègue mais moi aussi, adhérente et militante depuis 40 ans, je n’en peux plus de voir ma CGT ainsi et que dès que j’apporte une critique en rèunion Départementale, on me rentre dedans comme si j’étais une ennemie,je vais pas raconter ma vie de militante, mais j’ai donné et je donne encore, alors, j’ai le droit aussi d’avoir quelques exigences.J’aimerais qu’un des camarades m’explique pourquoi, on a perdu sur les retraites, pourquoi on a jamais eu un appel ferme de 24 heures de grève devant un tel enjeu.J’ai l’impression d’avoir étè trompée et j’en ai ras le bol qu’on soit au cul de la CFDT (ce syndicat qui a toujours fait des petits aux salariés).Je ne m’exprime pas que sur Bellaciao, je le fais dans mon syndicat, ul ,ud et je suis mal vue mais je lis Bellaciao pour m’informer car ce n’est pas la CGT qui m’informe comme çà. Qu’en sortons nous de cette CES (son président Monks) à voter le retraite à 67 ans en Angleterre car à l’époque, il était secretaire du syndicat. Renseignez vous et il s’est rendu en Irlande pour appeler les salariés à voter oui à la constitution européenne( la deuxième fois). Car, ce qui me fait le plus mal, c’est d’avoir sacrifier bien des choses dans ma vie pour mes idées et de voir là ou on en est aujourd’hui. Nos défunts copains qui se sont tant battus(certains en sont morts) doivent se retourner dans leur tombe. Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 28 avril 2011 - 00h20 - Posté par Roberto Ferrario - 82.***.180.** Incroyable que du vomi pour la CGT et pas un seul mot pour la gestion du patron que a amène a cet suicide et a les autres... Provocateur ou des parfaite imbécile???? A propos de la "CGT" la direction a été élu au dernier congres... Tous ces gens que critique on fait leur boulot dans leur section pour envoie le "bon" délègue ou on laisse faire???? Critiquer c’est facile comme de ne pas faire une battaille a la base... Pour les provocateur pas de problèmes, le patron ne pas responsable et on peux remarque que en plus pas un seul mot pour a la famille du camerade que ce suicide... Répondre à ce message Un salarié s’est immolé par le feu sur le parking à Mérignac Pichey en Gironde. 28 avril 2011 - 01h13 - Posté par JdesP - 86.***.128.*** La CGT m’appartient au même titre qu’à toi, ni plus ni moins : mesure un peu tes réflexions c’est du même niveau que cette formule de Sarkozy reprise contre nous un jour par un flic mécontent après une manif contre des expulsions de sans-papiers : "La France, tu l’aimes ou tu la quittes." Je n’ai pas à commenter la mort d’un salarié, victime d’un système et de méthodes ignobles de "management" pour faire du chiffre pour les actionnaires d’ Orange-France-Télécoms, sinon juste pouvoir exprimer une nouvelle fois ma révolte... Je garde le droit de me poser des questions sur l’incapacité des syndicats, le mien compris à tourner la colère des salariés contre nos exploiteurs. Je ne m’exprimerai plus sur Bellaciao. Certaines interventions résonnent comme des murs en béton hérissées de barbelés. Merci quand même au Collectif et à Roberto, je continuerai à vous rendre visite. Bonjour à Salva 06. ************** A Bastille, la révolution française n’aura pas lieu, dommage de : thefrenchkiss lundi 30 mai 2011 (12h11) > FR - Ile de France (01) > Manifs-actions 2 commentaires Depuis le 20 mai, rendez-vous est donné à ceux qui le souhaitent tous les soirs sur la place de la Bastille, à Paris, pour un rassemblement citoyen inspiré des campements mis en place dans plusieurs villes d’Espagne afin de réclamer l’instauration d’une vraie démocratie. Lorsque je me suis rendu pour la première fois place de la Bastille, mercredi, je suis tombé exactement au moment où, symboliquement, les participants faisaient leur première action : s’allonger par terre. Ensuite ont été mises en place des commissions afin que chacun puisse apporter des idées, celles-ci étant ensuite centralisées – du moins, c’est la théorie. Après les commissions vient le temps de l’assemblée générale, où tous les participants, assis sur les marches de la Bastille, peut prendre la parole et donner son sentiment. La première chose qui m’a frappé, c’est d’entendre autant parler espagnol ; en effet, quelques Espagnols vivant à Paris et encouragés par l’expérience vécue par leurs compatriotes sur la Puerta del Sol madrilène, participent vigoureusement à l’organisation et aux débats. Et là, une question se pose : ne sommes-nous pas capables en France d’organiser nous-mêmes notre propre mouvement, voire notre propre révolution ? Au fil des jours, plusieurs sentiments et observations me sont venus. * Contrairement à ce qui se passe en Espagne, il n’y a aucune tente sur la place de la Bastille. Donc aucune installation, aucune « prise de la Bastille » ! Pour info, en 1789, les révolutionnaires prirent les armes, vinrent délivrer sept prisonniers et couper la tête au directeur de la prison d’Etat. Pas grand-chose à voir avec aujourd’hui, les mots ont un sens. * Le rassemblement souhaite interpeller les Français, mais à Bastille, ceux qui vont au théâtre ou boire un coup à côté n’y posent même pas un regard. * Le travail formidable effectué par les Espagnols est très remarqué, mais il met plus en avant l’absence et le manque d’engagement réel des Français. * Beaucoup de paroles au sein des commissions et de l’assemblée générale, mais peu d’actions car peu d’engagement. Cela, ainsi que d’autres observations et de choses entendues, m’ont beaucoup interrogé et laissé pensif. C’est tout d’abord un sentiment de désespoir profond dû à une certaine répétition de l’histoire ; tout du moins en ce qui concerne les récentes mobilisations en France. Mou, manquant de passion, d’engagement, d’envie, de recul Pour avoir suivi quelques mouvements en France, dont celui des Enfants de Don Quichotte et celui de Jeudi noir, en comparaison, celui de la place de la Bastille me semble vraiment mou, manquant de passion, d’engagement, d’envie, de recul, de médias, de personnes charismatiques prêtes à devenir porte-parole… Et j’en oublie sûrement. Un secrétariat, chargée de recueillir les idées qui ressortent des commissions et des assemblées générales, a été élu sans qu’il y ait présentation des candidats, et sans aucun vote : est-ce cela la démocratie réelle ? J’ai suivi de près les révolutions qui ont eu lieu dernièrement dans le monde arabe, et je me souviens aussi parfaitement de celles qui ont eu lieu en Géorgie ou en Ukraine. En repensant à chacune d’elles, il m’est clairement apparu que le rassemblement parisien était non seulement mal parti, mais surtout qu’il n’irait pas bien loin… Hélas. En France, pas d’organisation réelle, pas d’installations, pas de programme, pas de leader(s), pas d’actions, pas de vraie communication médiatique. Bref, pas un seul élément pour pouvoir amorcer ne serait-ce que la création d’un mouvement. « Chacun a sa vie », philosophe un Espagnol croisé à Bastille J’en étais à peu près là de mes interrogations, samedi, voyant que l’étincelle n’avait pas vraiment jailli, malgré la qualité des débats. Je n’étais même pas assez inspiré pour sortir mon appareil photo, je discutais çà et là avec ceux dont je croise le regard. Notamment un Espagnol bien investi dans la mobilisation. il m’explique que les Français, c’est vrai, participent peu à l’organisation, mais davantage aux débats. Et puis « chacun a sa vie », ajoute-t-il. Peu après, je tombe sur une femme un peu grande gueule mais beaucoup du Sud, qui me fait observer justement que même si le rassemblement est apolitique, certains n’hésitent pas à défendre des idées partisanes, ce qui se sent très facilement dans leur discours. Pour terminer, je lui parle d’un jeune homme très engagé en France et très médiatique, présent au début du rassemblement à Bastille, mais que je ne voyais plus depuis lors. Et là, elle m’apprend quelque chose qui finit de me convaincre que la révolution n’aura pas lieu en France, en plus du manque de réel engagement ; ce jeune homme aussi appréciable qu’actif, aurait été rappelé à l’ordre car on le soupçonnait de faire de la récupération politique. Pour ma part, je n’espère qu’une seule chose… Me tromper ! http://www.rue89.com/2011/05/29/place-de-la-bastille-la-revolution-francaise-naura-pas-lieu-dommage-206558 De : thefrenchkiss lundi 30 mai 2011 Répondre à cet article Imprimer cet article Commentaires de l'article A Bastille, la révolution française n’aura pas lieu, dommage 30 mai 2011 - 12h38 - Posté par please please please let me get i want this time - 86.**.124.** Avec le pacifisme qui entour cette mobilisation en effet la révolution n’aura pas lieu!! Répondre à ce message A Bastille, la révolution française n’aura pas lieu, dommage 30 mai 2011 - 12h49 - Posté par 86.***.98.*** des raisons de se tromper ? Bayonne,BESANCON,etc l’Etat focolisé sur la capitale... : #frenchrevolution Bayonne : comme en Espagne, les Indignés s’installent Publié le 27 mai 2011 par #FrenchRevolution Les Indignés ont planté hier les tentes contre le « système » Hier soir, une dizaine de tentes et une yourte installées à Bayonne. photo jean-daniel chopin Difficile de prédire ce que deviendra le mouvement dans les jours à venir. S’il peut approcher l’ampleur des protestations espagnoles dites du 15 mai (ou 15-M) qui l’ont inspiré. Mais ceux qu’il faut appeler les Indignés de Bayonne ont réuni plus de 150 personnes, hier, place de la Liberté à Bayonne. En une brève manifestation ils ont gagné le mail Chaho-Pelletier, vaste esplanade enherbée propice à déployer leur campement protestataire, « contre le système et ses inégalités, son déficit de démocratie ». Les Indignés ont épousé l’injonction de Stéphane Hessel (1), titre de son petit livre au succès retentissant : « Indignez-vous ! » (Indigènes éditions). Le mouvement est en France le pendant de Democracia Real Ya (Démocratie réelle maintenant). Comme lui, il ne revendique pas de leader, se base sur « des assemblées générales citoyennes ». Avant même de déployer les premières tentes en bord de Nive, un campeur-manifestant prend le mégaphone pour le préciser : « On va faire une première AG pour que les gens puissent dire ce qu’ils veulent mettre dans le mouvement. » « Ras le bol » Olivier et ses quatre potes le savent bien, ce qu’ils veulent y « mettre ». Quand l’appel à se réunir hier, premier jour de la réunion du G8 à Deauville, a circulé sur Internet, ils n’ont pas hésité : « C’était clair tout de suite, j’en suis. Parce qu’il y a un ras-le-bol général. On vient dire un rejet du capitalisme, de l’exploitation des travailleurs, du chômage, du logement hors de prix… » Il y a dans ces dizaines de personnes des militants chevronnés, habitués des cortèges. Et d’autres, comme Audrey, étudiante, qui font « un truc pareil pour la première fois ». « Parce que je me dis que c’est maintenant ou jamais. On voit les révolutions dans le monde, en Tunisie et ailleurs. Il se passe quelque chose. » Palpitations de jasmin. La jeune femme ne développe pas l’argumentaire assuré d’Olivier, mais elle a ce sentiment diffus de souffrances et d’injustices. 81 ans Une vieille dame est assise sur un banc. « Vous êtes ici avec les Indignés ? » hasarde-t-on. « Et pourquoi d’autre ? » Genny a 81 ans : « Je lâche pas le morceau », balance-t-elle. « Je suis là pour les jeunes. J’ai besoin de m’indigner aussi quand je vois ce monde qui va mal et ne fait pas de place à la jeune génération. Et puis on se moque des faibles, on préfère défendre les banques. » Genny va-t-elle camper ? Un sourire malicieux : « Qui sait… J’ai pris mes médicaments avec moi, au cas où… » Matthias pourrait être son petit-fils. Il déplie sa tente, aidé d’un pote. « C’est ma maison, ici, maintenant. J’habite à Anglet, mais je vais dormir ici. Demain, j’irai au boulot et je rentrerai ici le soir. » Il a 31 ans, bosse pour « une grosse entreprise » du coin. « Je vois bien dans mon boulot que c’est toujours plus de productivité. Le système nous pousse et au final c’est toujours plus de précarité et d’inégalités. On vote, oui, mais c’est un leurre au final. Le système demeure. » Une dizaine de tentes seront bientôt dressées et… une yourte ! Là pour une durée indéterminée. En marge du campement, une banderole invite : « Ne nous regardez pas, rejoignez-nous. » (1) Résistant de la Seconde Guerre mondiale, coauteur de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, avec le Bayonnais René Cassin. http://www.french-revolution.fr/2011/05/frenchrevolution-bayonne-comme-en-espagne-les-indignes-sinstallent/ PATRAS le 29 mai des milliers campent sur la place centrale,contre les privatisations et pour un referendum : European Revolution Day in Patras Central Square Patras citizens responded to calls for European Revolution Day and gathered at the central St George square where they protested, shouting slogans, dancing, making noise with pots, and hanging banners. Patras, Greece. 29th May 2011 Thousands of Patra’s citizens gathered at the central square accepting the call of the European Revolution Day. Some tents appeared for first time at the center of the square. A lot of people where making rythmic noise with pots, others playing board games on the grass, some others making banners. This time the speakers were louder than previous times. Shouting slogans could be heard all over the place. Thousands took part in impromptu open air political debates. People discussing about their problems, their concerns, their objectives,....their dreams. The truth is that there was more anger than before. http://www.demotiximages.com/news/709689/european-revolution-day-patras-central-square EUROPEAN REVOLUTION 29th MAY ROTTERDAM http://www.kulone.com/ALL/Event/2306112-EUROPEAN-REVOLUTION-29th-MAY-ROTTERDAM *********************http://bellaciao.org/fr/spip.php?article137584 Génocide silencieux de vieux en France de : Jack dimanche 13 octobre 2013 - 17h49 Nous lançons un "Au secours !" Nous vivons ensemble pour la plupart d’entre nous depuis longtemps, plus de 20, 30 voire 40 ans dans deux immeubles que la municipalité de Montbéliard et Habitat 25, organisme-logeur social du département du Doubs, ex-OPHLM du Doubs, ont décidé de démolir dans le cadre d’un projet de rénovation urbaine de l’ANRU. Nous sommes 16 à avoir atteint 70 ans ou presque, quatre ont dépassé les 80 ans et l’un d’entre nous a même 97 ans. Nous nous plaisons beaucoup dans cet immeuble et à la ZUP de Montbéliard où nous avons fait notre vie. Nous sommes beaucoup à être issus de l’immigration, mais notre immeuble est un exemple réussi de la mixité sociale, générationnelle et ethnique. Sa communauté est plus qu’un petit village, elle est devenue notre seconde famille, un trait d’union entre les générations et les communautés et un exemple vivant de ce que peut être la lutte contre l’isolement social des personnes âgées. Nous nous entraidons les uns les autres pour les courses, les papiers, les démarches, la garde des enfants, la veille ou les repas pour les plus handicapés d’entre nous ; tous, du fait de notre ancienneté qui nous permet de connaitre tout le monde et les jeunes en particulier, nous assurons la paix et la sécurité dans le voisinage de l’immeuble, avec bien plus d’efficacité que ne peuvent le faire des policiers extérieurs aux difficultés des familles. Nous n’avons jamais été consultés pour la démolition. Nous sommes menacés d’être dispersés, notre "famille" éclatée. Si tout ce que nous apportait notre petite collectivité était "kärcherisée", les relations sociales émiettées, nos habitudes pulvérisées, désormais isolés nous serions délaissés, réduits à nos difficultés, nos handicaps, notre malheur. A nos âges, non seulement déménager est une impossibilité physique et une souffrance morale, mais cette rupture de ces liens et de ces entraides, serait pour la plupart d’entre nous un désastre irréversible pour notre santé physique et notre santé mentale aux conséquences que nous pressentons malheureusement tragiques. Cette mort sociale nous anéantirait. Et nous nous demandons si notre drame n’en révèle pas bien d’autre puisque les démolitions de l’ANRU touchent des centaines de quartiers, un espèce de génocide silencieux des vieux pauvres en HLM. Depuis des mois, nous avons fait de nombreuses démarches et manifestations auprès des responsables des HLM, du Maire, préfet ou des ministres. Mais si nous sommes écoutés avec bienveillance, nous ne sommes pas entendus. Rien ne bouge réellement. La pression pour nous pousser à déménager, ce que nous pouvons pas faire, continue de plus belle. Ce harcèlement nous affecte profondément et déjà la dépression touche certains d’entre nous. Nous nous sentons en danger, pour éviter le pire, nous vous demandons votre assistance. Abdelkrim et Cécile Rabahi Pour tout contact : carrat.dominique MiV wanadoo.fr seniors.jpg banderole2.jpg *********************************http://bellaciao.org/fr/spip.php?article137996 Quimper : faux nez rouges et rouges benêts de : Canaille le Rouge mardi 5 novembre 2013 - 09h29 1 commentaire Une question traverse le débat mais tel un météore dans le firmament médiatique son passage est si rapide qu’aucun journaliste n’arrive à la faire poser à ceux qui ont sur leur livre de comptes les moyens d’y répondre. Pourtant, parfois perse une info qui devrait aider : la presse régionale nous rappelle que la société Tilly Sabco a touché plus de 19 millions d’Euros en 2011 et une somme quasi-identique en 2012 dans le cadre de la PAC. Qu’a-t-elle fait de cette somme ? Les entreprises qui couvrent la manif, combien ont-elles reçu à ce titre, à celui du CICE crée pour inciter à la création d’emplois ? Poussons un peu le bouchon (du moins soulevons le couvercle d’un ragoût peu appétissant aux remugles un peu style des professions de la charte du travail qui allie les faux nez rouges aux benêts de la même couleur). A quand un audit pour dire aux témoins de la colère combien chaque année sont injectés de crédits publics dans les coffres des patrons bretons, et avec les chiffres de pôle emploi, quel ratio "argent reçu par emploi cassé" ? Ce qui singularise la Bretagne et singulièrement la filière agro-industrielle, comme pour le commerce de grande distribution, avant même l’arrivée des éco taxes et malgré les incitations fiscales à mal payer les salariés, ce sont les bas salaires : le Smic est à peine la norme *. Bas salaires et casses d’emplois sont les deux mamelles qui gavent le capital breton depuis plus de trente ans (gouvernement Mauroy 2). Les lois « d’aide à l’emploi » faisant que l’exonération de charges sociales jusqu’à hauteur de 1,5 fois le Smic (de fait près de la moitié des salariés bretons du secteur privé) est devenue la norme. Ces charges ont été prises en charge par le budget de l’état, ce qui fait que ce sont les catégories imposables et ne bénéficiant pas des niches fiscales bien connues qui paient (et avec la TIPP et la TVA toutes les catégories dont les chômeurs, les retraités et les bas salaires) à la place des patrons qui crient à la spoliation avec les écotaxes. Les patrons de la grande pêche qui ont laissé assassiner la pêche artisanale et transformer les ports bretons en bassine d’huile à bronzer, qui ont laissé des groupes comme « Intermarché » s’emparer de la filière, manifestaient samedi à quimper alors qu’ils sont les premiers bénéficiaires de la détaxation du gasoil qui ne s’est pas vue sur les étals. Triste de voir des petits patrons pêcheurs qui n’agissent pas contre l’UE qui les saigne défiler au côté des saigneurs de droite d’avant 2012 contre des complices saigneurs de « gôche » d’après 2012 au pouvoir. Que le patron d’Armorlux délocalise la fabrication des bonnets rouges ou des uniformes des flics qui ont plus l’habitude de cogner sur les piquets de grève que sur les patrons du foot en grève ne fait que confirmer. lesquels partons du foot pour des raisons du même tonneau organiseront le « lockout du 24 novembre » (Et où étaient-ils samedi après midi les "managers des club bretons de L1et L2 ? À Quimper !) Si nous jetons un œil coté FNSEA, chacun sait que les gains des journaliers qui conditionnent la production légumière sont si élevés que ce sont eux qui assurent le succès des tables de baccarat au casino de La Baule ou qui fréquentent les paddocks des champs de courses qui constellent la Bretagne. Chaque année et avant que Sapin n’achève le travail commencé par Bertrand au ministère du travail, l’inspection du travail manquait de carnets à souches pour ses PV pour travail dissimulé, non-respect des règles de sécurité dans les champs serres et usines des légumiers. Le portugais étant devenu exigeant et l’italien trop revendicatif, l’espagnol et le marocain captés par leur collègue du sud, nos patrons bretonnants et chauvins au Gwen a du flottant fièrement sous les vents de norois, sont moins pointilleux quand il leur faut deux ou trois charrettes de roumains payés au taux de Bucarest, quelques Polonais Bolkensteinisés pour construire loin des ports et des gares, sans permis, contre des décisions de justice, de véritables ports secs à spéculations, prévus pour innonder de camions vers les MIN qui comme celui de Rungis sont tous embranchés au rail. Vive l’intérim pour faire suer dans les champs, abattoirs et chantiers dont ceux qui organisent les charrettes de licenciements. L’argent des exonérations sert à payer les indemnités des plans sociaux. « C’est bon pour l’économie régionale » d’autant que les boites qui prélèvement leur dîme pour sous-payer les dits travailleurs importés plus ou moins clandestinement ont leur inscription au registre du commerce et sont invitées aux réceptions de la chambre de commerce de ... Quimper et aux vœux du Préfet. Dommage que ce qui précède ne soit que si peu popularisé. La secrétaire de la section du PCF du pays de Quimper doit se trouver bien seule à voir le peu d’entrain avec lequel elle est suivie par les élus régionaux de sa formation. * notons de suite pour expliquer la situation des petits agriculteurs et du commerce de proximité que dès 1945 une campagne de fond menée par le MRP d’alors et la droite cléricale a été menée pour que ceux-ci ne cotisent que peu ou pas du tout aux régimes (Facultatifs pour eux et à un taux quasi-choisi et individualisé à la sécu et aux caisses de retraite. Cela explique des situations de catastrophe familiale aujourd’hui.) Répondre à cet article Imprimer cet article Commentaires de l'article Quimper : faux nez rouges et rouges benêts 6 novembre 2013 - 09h37 - Posté par pilhaouer - 93.**.138.** Les "bonnets rouges" ont été reçus à la préfecture de Rennes . Sur la photo "PAS UN SEUL TRAVAILLEUR" et la revendication mise en avant est la suppression immédiate de l’écotaxe . Un régionaliste, un opportuniste poussé par le patronat et Merret " le chimique". http://www.ouest-france.fr/ecotaxe-lultimatum-des-bonnets-rouges-1690757 On ne peut donc pas parler de "tentative de récupération" mais de récupération réussie . Le collectif qui avait été à l’origine de la manifestation de samedi à Quimper était représenté par Thierry Merret (FDSEA du Finistère), Franck Nicolas (collectif pour l’emploi, CGPME), Christian Troadec (maire de Carhaix), des transporteurs Claude Rault (Pontivy) et François Hélias (Concarneau), et du patron de TPE Jean-Pierre Le Mat. Lu dans le Télégramme : Bonnets rouges. "L’écotaxe supprimée à midi sinon..." Répondre à ce message *************************http://www.bastamag.net/article3490.html Bonnets rouges : « Devant l’effondrement du modèle breton, quelle légitimité ont-ils à parler d’économie et d’emplois » par Yves-Marie Le Lay 6 novembre 2013 Le 2 novembre, les manifestants de Quimper, affublés de leur bonnet rouge, ont accaparé l’attention du pays. Le même jour, des syndicats de salariés bretons, qui dénoncent les récupérations politiques et patronales de leur lutte, ont organisé leur propre rassemblement à Carhaix, pour défendre l’emploi en Bretagne. Parmi eux, Yves-Marie Le Lay, militant associatif, refuse « de faire confiance à ceux qui portent depuis 40 ans ce modèle économique et humain qui a tant failli en Bretagne ». L’écotaxe, en devenant le chiffon rouge agité par la FNSEA et le Medef, détourne l’attention du problème de fond : l’échec du modèle agricole productiviste breton. Je suis breton et fier de l’être. Samedi, j’étais à Carhaix, pas à Quimper. Pourtant, parait-il, l’avenir de la Bretagne, se jouait dans la capitale de la Cornouaille. Ce grand bal pour l’emploi était organisé par les pollueurs de nos rivières et de notre littoral, et par les exploiteurs de la force de travail bretonne. Avec un tel passif, qu’est-ce qui les autorisait à défendre notre région qu’ils ont tant abimée ? On pouvait encore penser hier que c’était le prix à payer pour une économie florissante. Forts alors de ce seul actif, ces acteurs de premier plan donnaient l’illusion d’une certaine compétence, les autorisant à un grand rassemblement pour l’emploi. Mais devant l’effondrement de l’économie bretonne dont ils sont les seuls responsables, quelle légitimité ont-ils encore à parler d’économie et d’emplois ? Il leur aura suffi de casser quelques portiques d’éco-taxe pour redorer leur blason et trouver le coupable idéal. Comme les garnements dans la cour de récréation, pris la main dans le sac, ils disent alors : c’est pas nous, c’est les autres. Et les autres, ce sont toujours ceux qui sont loin : Paris, la République, l’Europe, la mondialisation, tout ce qui mettrait des freins à l’économie. Se dessine alors le cadre idéal : les autres sont les méchants responsables de tous nos malheurs. Faisons bloc entre nous Bretons contre eux. Et il faudrait croire à cette fable battue et rebattue qui a conduit à tant de tragédies ? Les fossoyeurs de la Bretagne Je suis breton et fier de l’être, et me voilà invité par ceux qui ont apporté à la Bretagne la pollution de l’eau, les troubles musculo-squelettiques et maintenant la fermeture d’usines agroalimentaires, malgré des aides publiques massives. Me voilà invité à Quimper par tous ceux qui ont perdu la Bretagne depuis 40 ans et qui n’ont comme avenir à lui proposer que de continuer à la gérer comme avant pour la perdre demain encore et toujours ! Me voilà invité à Quimper par des décideurs publics et privés incompétents et cyniques qui cachent mal sous leur bonnet rouge les oreilles de leur bonnet d’âne ! Quant aux salariés de l’agroalimentaire, on est triste pour eux, tant leur désarroi les égare. Les voilà mariés, bras dessous bras dessous, avec ceux qui ont cassé leur corps pour trois francs six sous et qui leur promettent pour avenir de continuer à le faire pour encore moins cher ! Inutile de se voiler la face. Samedi à Quimper, ce n’était pas un bal de mariage, seulement et tristement le bal des cocus... C’est parce que je suis breton et fier de l’être que je n’en peux plus de cette Bretagne qui souffre et surtout de tous ceux qui la font souffrir ! Je n’en plus de tous ces bateleurs d’une « bretonitude » rabâchée et racoleuse qui s’en servent pour mieux asservir les corps et les esprits ! Être breton, c’est autre chose que d’être supporter d’un club de foot et d’applaudir les vedettes payées à prix d’or ! Être breton, c’est respecter la dignité des femmes et des hommes. Être breton, c’est respecter l’environnement dans lequel ils vivent et qui les fait vivre ! Être Breton, c’est avoir l’humanité comme maison, et la Bretagne comme berceau. Penser un autre avenir pour la région C’est parce que je suis breton et fier de l’être que je veux que tous les enfants de cette terre aient un avenir différent de celui qu’ont connu beaucoup de leurs parents. Et pour cela, qu’on ne me demande pas de faire confiance à ceux qui portent depuis 40 ans ce modèle économique et humain qui a tant failli en Bretagne. Il faut en changer et ce changement se fera sans eux. C’est pour cela que j’étais à Carhaix. Samedi, c’est là que je me suis senti breton, avec toutes les organisations syndicales et politiques qui pensent un autre avenir pour notre région. Dans la capitale du Poher [1], loin de tous les démagogues nationalistes qui agitent le « gwen ha du » (drapeau de la Bretagne, ndlr) et le bonnet rouge pour mieux masquer qu’ils sont les auteurs de la crise sociale, environnementale, économique et politique, loin des fossoyeurs de la Bretagne, il faisait bon être breton. Yves-Marie Le Lay, Président de l’association « Défense du Trégor » Source : blog de Mediapart P.-S. A lire : Les dessous de l’écotaxe : quand Benetton et Goldman Sachs collectent l’impôt français Notes [1] Le Poher est un pays traditionnel du centre Bretagne situé entre les monts d’Arrée et les Montagnes Noires, aussi appelé « Haute-Cornouaille ». Accueil > Débattre > Bonnets rouges : « Devant l’effondrement du modèle breton, quelle légitimité (...) Débattre Modèle agricole Bonnets rouges : « Devant l’effondrement du modèle breton, quelle légitimité ont-ils à parler d’économie et d’emplois » par Yves-Marie Le Lay 6 novembre 2013 Poster Votre adresse email Destinataire Texte de votre message A+ A- Imprimer Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur Delicious Partager sur Google+ Le 2 novembre, les manifestants de Quimper, affublés de leur bonnet rouge, ont accaparé l’attention du pays. Le même jour, des syndicats de salariés bretons, qui dénoncent les récupérations politiques et patronales de leur lutte, ont organisé leur propre rassemblement à Carhaix, pour défendre l’emploi en Bretagne. Parmi eux, Yves-Marie Le Lay, militant associatif, refuse « de faire confiance à ceux qui portent depuis 40 ans ce modèle économique et humain qui a tant failli en Bretagne ». L’écotaxe, en devenant le chiffon rouge agité par la FNSEA et le Medef, détourne l’attention du problème de fond : l’échec du modèle agricole productiviste breton. Je suis breton et fier de l’être. Samedi, j’étais à Carhaix, pas à Quimper. Pourtant, parait-il, l’avenir de la Bretagne, se jouait dans la capitale de la Cornouaille. Ce grand bal pour l’emploi était organisé par les pollueurs de nos rivières et de notre littoral, et par les exploiteurs de la force de travail bretonne. Avec un tel passif, qu’est-ce qui les autorisait à défendre notre région qu’ils ont tant abimée ? On pouvait encore penser hier que c’était le prix à payer pour une économie florissante. Forts alors de ce seul actif, ces acteurs de premier plan donnaient l’illusion d’une certaine compétence, les autorisant à un grand rassemblement pour l’emploi. Mais devant l’effondrement de l’économie bretonne dont ils sont les seuls responsables, quelle légitimité ont-ils encore à parler d’économie et d’emplois ? Il leur aura suffi de casser quelques portiques d’éco-taxe pour redorer leur blason et trouver le coupable idéal. Comme les garnements dans la cour de récréation, pris la main dans le sac, ils disent alors : c’est pas nous, c’est les autres. Et les autres, ce sont toujours ceux qui sont loin : Paris, la République, l’Europe, la mondialisation, tout ce qui mettrait des freins à l’économie. Se dessine alors le cadre idéal : les autres sont les méchants responsables de tous nos malheurs. Faisons bloc entre nous Bretons contre eux. Et il faudrait croire à cette fable battue et rebattue qui a conduit à tant de tragédies ? Les fossoyeurs de la Bretagne Je suis breton et fier de l’être, et me voilà invité par ceux qui ont apporté à la Bretagne la pollution de l’eau, les troubles musculo-squelettiques et maintenant la fermeture d’usines agroalimentaires, malgré des aides publiques massives. Me voilà invité à Quimper par tous ceux qui ont perdu la Bretagne depuis 40 ans et qui n’ont comme avenir à lui proposer que de continuer à la gérer comme avant pour la perdre demain encore et toujours ! Me voilà invité à Quimper par des décideurs publics et privés incompétents et cyniques qui cachent mal sous leur bonnet rouge les oreilles de leur bonnet d’âne ! Quant aux salariés de l’agroalimentaire, on est triste pour eux, tant leur désarroi les égare. Les voilà mariés, bras dessous bras dessous, avec ceux qui ont cassé leur corps pour trois francs six sous et qui leur promettent pour avenir de continuer à le faire pour encore moins cher ! Inutile de se voiler la face. Samedi à Quimper, ce n’était pas un bal de mariage, seulement et tristement le bal des cocus... C’est parce que je suis breton et fier de l’être que je n’en peux plus de cette Bretagne qui souffre et surtout de tous ceux qui la font souffrir ! Je n’en plus de tous ces bateleurs d’une « bretonitude » rabâchée et racoleuse qui s’en servent pour mieux asservir les corps et les esprits ! Être breton, c’est autre chose que d’être supporter d’un club de foot et d’applaudir les vedettes payées à prix d’or ! Être breton, c’est respecter la dignité des femmes et des hommes. Être breton, c’est respecter l’environnement dans lequel ils vivent et qui les fait vivre ! Être Breton, c’est avoir l’humanité comme maison, et la Bretagne comme berceau. Penser un autre avenir pour la région C’est parce que je suis breton et fier de l’être que je veux que tous les enfants de cette terre aient un avenir différent de celui qu’ont connu beaucoup de leurs parents. Et pour cela, qu’on ne me demande pas de faire confiance à ceux qui portent depuis 40 ans ce modèle économique et humain qui a tant failli en Bretagne. Il faut en changer et ce changement se fera sans eux. C’est pour cela que j’étais à Carhaix. Samedi, c’est là que je me suis senti breton, avec toutes les organisations syndicales et politiques qui pensent un autre avenir pour notre région. Dans la capitale du Poher [1], loin de tous les démagogues nationalistes qui agitent le « gwen ha du » (drapeau de la Bretagne, ndlr) et le bonnet rouge pour mieux masquer qu’ils sont les auteurs de la crise sociale, environnementale, économique et politique, loin des fossoyeurs de la Bretagne, il faisait bon être breton. Yves-Marie Le Lay, Président de l’association « Défense du Trégor » Source : blog de Mediapart P.-S. A lire : Les dessous de l’écotaxe : quand Benetton et Goldman Sachs collectent l’impôt français Notes [1] Le Poher est un pays traditionnel du centre Bretagne situé entre les monts d’Arrée et les Montagnes Noires, aussi appelé « Haute-Cornouaille ». Réagir à cet article Voir les commentaires (4) Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur Delicious Partager sur Google+ Imprimer Cet article vous a intéressé ? Basta ! a besoin de ses lecteurs pour poursuivre son travail, faites un don. TagsAgriculture Emploi Pollutions Nos dossiers Alimentation Quelle agriculture pour demain ? Transition agricole Afterres 2050 : le scénario qui imagine l’autre modèle agricole de demain Agrobusiness Industrie chimique, sociétés de biotechnologies et géants du trading contrôlent la chaîne alimentaire mondiale Vos commentaires 1. Le 7 novembre à 15:55, par jo la houle Bravo, bravo pour cet article !... je me trouve partagé entre le sentiment de solidarité avec toute ces souffrances familiales et l’impression de tromperie sous l’idée que la Bretagne deviendrait unique et indivisible derrière un bonnet rouge... il y a urgence pour des tas de familles mais cela fait tant d’années que des courageux combattent (parfois avec danger), les lobbys agro-alimentaires qui nous bousillent dans leur toute puissance !!! Bon courage à ceux qui luttent pour la survie, mais s’il vous plaît messieurs les politiques, donnez-nous autre chose qu’une aumône "anti-dépresseur", aidez-nous, en Bretagne, à expérimenter autre chose qu’une énorme usine à produire l’alimentation industrielle... Répondre à ce message 2. Le 8 novembre à 15:07, par madeleine "Être Breton, c’est avoir l’humanité comme maison, et la Bretagne comme berceau." Merci pour cet article ! Comme Jo la Houle, je suis partagée entre la solidarité avec ces personnes sacrifiées sur l’autel de la rentabilité et la colère soulevée par tant de récupération... le bonnet rouge, symbole de lutte contre le pouvoir, vendu lui aussi par ceux qui ont eu et ont encore ce pouvoir, c’est une honte ! heureusement, aujourd’hui plus que hier encore, le fier breton n’est pas dupe ! Répondre à ce message 3. Le 9 novembre à 23:43, par alhambra Superbe article. La Bretagne crève d’un modèle agro-alimentaire imposé (et non choisi) depuis la fin des années 60. Une révolte intelligente devient urgente. En tant que touristes, en septembre dernier, nous nous sommes retrouvés à la pointe du groin de Cancale et avons émis l’idée de nous installer dès que nous pourrions dans cet endroit magnifique. Nous aimons les bretons et la Bretagne. Battez vous pour garder ou créer des emplois meilleurs que ceux que veut vous imposer l’industrie agro-alimentaire d aujourd’hui. Les Bretons y arriveront car ils aiment leur terre, ils sont inventifs et originaux et valent beaucoup mieux que ce qu’on a voulu leur imposer. Courage ! Répondre à ce message 4. Le 15 novembre à 21:32, par KEZEKYELL Bravo pour ce bel article Yves Marie.Certains des bonnets rouges n’ont pas que des bonnets d’âne.Ils ont réussi à instrumentaliser le malheur,la détresse des ex salariés de chez Gad pour faire valoir leurs seuls intérêts.Halte à la casse sociale disent-ils au fin fond de leur argumentaire.Mais...ils sont responsables de cette casse sociale puisqu’ils expédient leurs porcs en Allemagne ou ailleurs pour profiter du dumping social pratiqué ,par ces pays.Ce sont quand même environ 1 million de porcs qui voyagent ainsi au long cours(écotaxe ????).Ceci représente quand même à peu près une demie année de travail à l’abattoir de Lampaul Guimilau. Allergie à la fiscalité ,mais.... ils sont les premiers à tendre leur GRAND BONNET rougi par le malheur de salariés dont ils n’ont que faire. Certains d’entr’eux sont maires de leur commune ou aspirent à le devenir... ********************http://www.librinfo74.fr/2015/08/des-organisations-se-mobilisent-contre-la-politique-antidemocratique-de-lunion-europeenne-programme/ Des organisations (*) se mobilisent contre la politique antidémocratique de l’Union Européenne. Programme. jeudi 13 août 2015 Par jefdelhaye « Oxi ! Basta ! Enough ! Construisons une autre Europe » Non à l'austérité, à la pauvreté, au TAFTA, au racisme et à la corruption Oui à la solidarité sans frontières En Grèce, la population a dit Oxi ! Non ! Un Non ! aux exigences cruelles et irraisonnables pour plus d'austérité et d'appauvrissement. Dans toute l'Europe, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour soutenir le peuple grec – en ayant conscience que soutenir leur lutte, c'est défendre nos droits partout en Europe. Les élites européennes, au nom du profit et de la compétitivité, s'attaquent à la justice sociale, à la démocratie, au climat et font de l'Europe un terrain de jeu pour leur propres intérêts. Ils usent du chantage et humilient toutes celles et ceux qui résistent, ils utilisent la peur, le nationalisme et la division raciste pour gouverner, et prétendent qu'il n'y a pas d'alternatives. Pourtant, nous construisons des alternatives au travers de nos luttes nombreuses et variées. Développons la solidarité sans frontières, notre force réside dans un OXI ! Basta ! Enough ! européen. Construisons une autre Europe maintenant ! Parce que l'austérité et la dette nous appauvrissent et détruisent nos droits sociaux, économiques et démocratiques Parce que nous refusons la pauvreté et la précarité Parce que les accords TAFTA, CÉTA, TISA et APE renforcent le pouvoir des multinationales et détruisent la planète et la démocratie. Parce que nous nous engageons contre le racisme et contre le sexisme ! Parce que nous dénonçons la corruption et les paradis fiscaux ! Notre OXI ! NON ! est un OUI ! à l'égalité, aux droits économiques et sociaux et à une réelle démocratie Un OUI ! pour une réduction des dettes Un OUI ! pour la justice climatique et l'agriculture paysanne En octobre, nous marcherons des quatre coins de l'Europe vers Bruxelles, nous encerclerons les puissants et leurs négociations secrètes durant le Sommet du Conseil européen, nous débattrons et manifesterons – Rejoignez-nous ! #OX15 www.ox15.eu sur facebook : OX15.eu Programme provisoire Bruxelles, du 15 au 17 octobre 2015 Arrivée des Marches européennes et Journées d'actions Du 7 au 13 octobre 2015 Traversée de la France, de Andorre au Luxembourg, par les marches européennes Marches européennes vers Bruxelles venues des 4 coins de l'Europe marches, actions et débats locaux Jeudi 15 octobre Arrivée à Bruxelles des Marches européennes Encerclement du Sommet européen contre le TAFTA et l'austérité : actions diversifiées et non-violentes Vendredi 16 octobre Journée mondiale de l'alimentation Journée de conférences citoyennes européennes à Bruxelles - Conférence citoyenne sur la dette - Les effets du dumping social sur nos sociétés - Justice fiscale et paradis fiscaux en Europe (à confirmer) - TTIP & CÉTA (à confirmer) - Austérité et migrations (à confirmer) - La justice climatique exige un changement de système (à confirmer) - Conférence Journée Mondiale de l'alimentation (à confirmer) Toute la journée à Namur Manifestation, débats et actions culturelles pour briser l'enfermement dans l'appauvrissement En soirée, à Bruxelles Grand débat européen « Un OXI européen pour construire nos alternatives » (avec des représentants politiques et des mouvements sociaux) Samedi 17 octobre Journée mondiale de lutte contre la pauvreté Manifestation européenne à Bruxelles « Austérité = Pauvreté » Construisons une autre Europe ! (*)Premiers signataires (France) : AC !, APEIS, Attac, CADTM, Des ponts pas des murs, Fondation Copernic, IPAM, Marches européennes, MNCP, CNT-Solidarité ouvrière, FSU, Union syndicale Solidaires *****8.4.2016***************[mpep] Soutien à toutes les nuits debout ! SOUTIEN À TOUTES LES NUITS DEBOUT ! Par le Parti de l’émancipation du peuple (ex-M’PEP). Le 8 avril 2016. Le Parti de l’émancipation du peuple exprime son soutien aux citoyens qui, depuis le 31 mars, dans plusieurs villes de France mais aussi en Belgique et en Espagne, se sont installés pour passer la nuit sur les places publiques. Ces rassemblements pacifiques, ouverts et populaires visent selon leurs initiateurs « à réinvestir l’espace public pour échanger, débattre et construire ensemble ». Nous appelons à soutenir cette initiative, à y participer et à signer la pétition lancée par le mouvement Nuit Debout. Les militants du Parti de l’émancipation du peuple (ex-M’PEP) iront remettre ces pétitions, dans chaque ville, aux citoyens rassemblés sur ces places. Texte de la pétition de Nuit Debout : « Depuis le 31 mars nous, citoyens-nes, sommes installés-ées en toute légalité sur différentes places dans nos villes. Ces rassemblements pacifiques, ouverts et populaires visent à réinvestir l’espace public pour échanger, débattre et construire ensemble. Malgré les dispersions arbitraires de la police, malgré la pluie et les difficultés matérielles, malgré des tentatives d’infiltration et de récupération par des réseaux d’extrême droite, notre mouvement a réuni chaque jour et chaque nuit des milliers de citoyens-nes différents-es mais DEBOUT partout en France et des soutiens partout dans le monde. Une foule toujours plus nombreuse de citoyens-nes concernés-ées, engagés-ées ou tout simplement curieux-ses, des femmes et des hommes de tous âges, de tous milieux sociaux, passent sur les lieux de ces différentes nuits debout, participent aux débats et manifestent leur soutien. Si besoin était, cela confirme l’échec manifeste du travail permanent d’exclusion des citoyens-nes mené par les dirigeants politiques et les faiseurs médiatiques d’opinion. Pourquoi cette pétition ? Cette pétition ne porte pas d'autre revendication que de permettre à tous ceux et celles qui veulent participer à une #NuitDebout de pouvoir s'organiser et le faire. A ceux et celles qui veulent tout simplement apporter leur soutien de pouvoir le faire en deux clics. Cette pétition est donc un moyen de nous compter localement et globalement. Nous vous demandons de signer et partager massivement. » Pour signer la pétition, cliquez ci-dessous : http://petition.nuitdebout.fr/fr Le Parti de l’émancipation du peuple met en débat sa proposition de droit opposable à l’emploi. Pour en prendre connaissance, cliquez ci-dessous : http://www.m-pep.org/Droit-opposable-a-l-emploi-et-employeur-en-dernier-ressort *****************************http://bellaciao.org/fr/spip.php?article149920 NUIT DEBOUT : Elle se propage dans tout le pays ! de : JO mercredi 13 avril 2016 - 15h20 - Signaler aux modérateurs 7 commentaires Elle ne s’essouffle pas Messieurs les décideurs en rupture avec le Peuple ! Depuis hier autre ouverture : à FOIX (Ariège) Alors arrêter de prendre vos désirs pour des réalités tous médias de grandes écoutes confondus pour propagande de l’ordre établi ! Mensonges , silences à gogo ! Enorme mobilisation policière tentant d’intimider la participation Populaire , montrant que c’est vous , les décideurs qui êtes effrayés ! C’est vous qui êtes gagnés par la peur et non les manifestants ! Allez-vous enfin reconnaître que votre loi-travail anti sociale, la majorité que nous maintenons : On n’en veut plus ! La Solidarité inter-génération s’exprime, la division populaire corporative épine dorsale de votre régime est en perte de vitesse, l’Unité est en marche, elle vaincra ! Commentaires de l'article NUIT DEBOUT : Elle se propage dans tout le pays ! 13 avril 2016 - 16h05 - Posté par 86.***.184.*** merci de nous dire la liste des villes ou se tient des rassemblements Répondre à ce message NUIT DEBOUT : Elle se propage dans tout le pays ! 13 avril 2016 - 18h10 - Posté par JO - 90.*.42.*** Normalement chaque département a sa NUIT DEBOUT , en principe où se trouve la Préfecture de chaque département. Sur Internet vous pouvez trouver : nuit debout avec le nom du département ou sa ville principale ! ! Répondre à ce message NUIT DEBOUT : Elle se propage dans tout le pays ! 13 avril 2016 - 18h57 - Posté par LBL - 90.*.200.** Les "Nuits debout", la liste (incomplète mais déjà pas mal) : http://www.nuitdebout.fr/#assembly À Foix (Ariège) / Fois (Arièja) (désolé c’est la Dépêche de Baylet) 1ère Nuit debout à Foix Hier, la première Nuit debout s’est tenue sous la halle de Villote. Elle a attiré de nombreuses personnes, intéressées par ce mouvement atypique né à Paris et inspiré des indignés espagnols et du Printemps arabe. Hier soir, les organisateurs avaient le sourire. La première Nuit debout ariégeoise a attiré un grand nombre de personnes. Des visages connus sur le département mais aussi beaucoup de personnes venues se joindre à ce mouvement, parti de la place de la République à Paris, qui gagne tout l’Hexagone. Reste maintenant à savoir ce qui va advenir de cette première expérience. Dans la soirée, une assemblée générale a débattu des suites à donner au mouvement. Occupation permanente de la halle, juste les nuits… Si certains sont engagés depuis longtemps, ici ou ailleurs, pour d‘autres c’est une première. Pour ces derniers, le déclencheur a été le projet de loi El Khomri. Trop c’est trop. « Nos banques sont plus belles que nos écoles », pouvait-on lire sur une dalle de la halle. D’ailleurs avant le rassemblement, les lycéens avaient une nouvelle fois manifesté contre ce projet (voir ci-contre). Une loi qu’a détaillée Richard Abauzit, un inspecteur du travail, qui a coécrit un livre avec Gérard Filoche. Pour lui certains de ses aspects vont nous « ramener au XIXe siècle ». Pour l’écouter, ils sont venus nombreux. Avec leur chaise pliante, en famille. Pendant ce temps, autour on s‘affaire, on monte les banderoles où on peut lire : « Partage les richesses », « Orage de grève »… Il y a aussi des banderoles blanches où chacun peut s’exprimer. Dans la foule, on distribue les gestes nécessaires pour s’exprimer lors des assemblées générales. Ici, on se respecte, on ne se coupe pas la parole. Alors, il y a un geste pour applaudir, un pour dire que le sujet a déjà été évoqué, etc. D’autres s’affairent à éplucher les légumes pour préparer la soupe ou à lancer le barbecue pour les grillades. C’est un petit village qui prend forme sous nos yeux. Un village sans chef où chacun peut exprimer son opinion sans être couper par les autres. Tout au long de la soirée, de nouveaux venus arrivent avec leur panier de pique-nique. Cela sent bon la soupe. Les participants font alors une petite pause déjeuner en chansons, tout en continuant à échanger. Avant de repartir en assemblée générale pour décider de se retrouver ce soir, à 18 heures. http://www.ladepeche.fr/article/201... Répondre à ce message NUIT DEBOUT : Elle se propage dans tout le pays ! 13 avril 2016 - 16h58 - Posté par lilitte - 90.**.155.** Bravo et on continue !!! Vous avez raison, ILS ont peur , enfin la peur a changé de camp. Répondre à ce message NUIT DEBOUT : Elle se propage dans tout le pays ! 13 avril 2016 - 19h03 - Posté par Hervé le postier nazairien - 2.*.20.** A Saint Nazaire on se retrouve pour la 1ère Nuit Debout Vendredi 15 Avril à 19h00, esplanade des droits de l’homme-Mandela. Déja programmé des débats, un repas partagé, de la musique, un coin mômes etc.... un évenement FB "nuit debout à saint nazaire. Répondre à ce message NUIT DEBOUT : Elle se propage dans tout le pays ! 13 avril 2016 - 21h22 - Posté par 77.***.238.*** ça commence à Bouger à Paris... Ouf il était temps ! Hier soir à 22H30, 500 personnes de la Nuit Debout Place de la République sont parties en manifestation spontanée à travers les rues de Paris jusqu’au commissariat de Sentier pour faire sortir un jeune camarade prisonnier qui avait manifesté le matin avec les cheminots à Saint Lazare. Une belle solidarité de la Nuit Debout pour Bastien, et qui a réussi à parcourir plusieurs kilomètres dans Paris malgré les obstacles et à faire un chahut festif devant le commissariat une grande partie de la nuit. Une belle initiative. Répondre à ce message NUIT DEBOUT : Elle se propage dans tout le pays ! 13 avril 2016 - 22h14 - Posté par Serge - 90.*.109.*** oui allo, ici c’est JOUR DEBOUT : DROIT DE REGARD SUR LES LICENCIEMENTS, POUVOIR D’ACHAT, RETRAITES. ********************http://www.bastamag.net/Nuit-Debout Accueil > Résister > « Nuit Debout » : quand la démocratie reprend vie dans la rue Mouvement social « Nuit Debout » : quand la démocratie reprend vie dans la rue par Eros Sana, Ludo Simbille, Sophie Chapelle 11 avril 2016 Poster Veuillez laisser ce champ vide : Votre adresse email Destinataire Texte de votre message (4000 signes maximum) Ajouter A+ A- Imprimer Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur Delicious Partager sur Google+ Un mouvement qui n’appartient à personne mais qui concentre l’espoir d’un monde meilleur. Nuit Debout, lancé à Paris au soir du 31 mars dans la foulée de la contestation du projet de loi réformant le droit du travail, essaime dans plusieurs villes de France et ailleurs en Europe. Qui y participe ? Qu’attendre de ce mouvement dans lequel chacun est invité à venir débattre ? Comment sortir de la contestation et incarner une alternative ? Et offrir un espace de parole à celles et ceux qui, la plupart du temps, en sont privés, tels les ouvriers ou les habitants des banlieues populaires ? Basta ! est allé à la rencontre de celles à ceux qui, de Paris à Berlin, en passant par Toulouse, Châteauroux, et Lyon se réapproprient l’espace public et amorcent un « réveil des consciences ». C’est dans une ambiance festive, presque de kermesse, entre concerts, projections de films et techno-party, effluves de sandwichs merguez et de repas végétariens offerts contre un prix libre, que se réunissent des milliers de personnes Place de la République à Paris. Cela fait désormais onze jours que le mouvement Nuit Debout s’installe de manière éphémère sur la place, chaque fin d’après-midi. Là où, ces derniers mois, seuls les rassemblements en mémoire des victimes des attentats de janvier et novembre 2015 étaient tolérés. On y débat d’éducation, d’actions, de sciences ou de Constitution au sein de commissions. Des assemblées générales se tiennent chaque soir à partir de dix-huit heures. Au micro, défilent les membres groupes de discussion pour expliquer leur fonctionnement. Ici on a besoin de bâches et de planches. Là on manque de couvertures et de tentes pour passer la nuit. Les actions du jour sont annoncées : aller repeindre une agence de Société générale voisine, soutenir des migrants en détresse près de la station métro Stalingrad ou partir par dizaines dans les rues pour tenter de « prendre un apéro chez Manuel Valls ». La parole est censée y être libre, les prises de décisions horizontales et la démocratie directe et participative. Objectif : « Lancer un nouveau mouvement démocratique, en dehors de tout parti et de toute organisation ». « Pas de place pour les comportements racistes ou sexistes » Sous le regard figé de la statue incarnant la République, c’est une véritable fourmilière. Des stands sont montés dans l’urgence. Une « biblio debout », une « radio debout », une « télé debout », un « jardin des savoirs » – un potager improvisé – ont éclot en un rien de temps... Tenir cette place repose sur une myriade de petites mains invisibles qui ne rechignent pas à la tâche. « Allô, coordo pour place ». Devant l’infirmerie, Benjamin, pigiste précaire de 33 ans, ne quitte pas son talkie-walkie. Ce samedi soir, c’est lui qui coordonne les trente bénévoles de l’équipe « Accueil et Sérénité ». Ce « service d’ordre » d’un autre genre accueille les personnes blessées par les forces de l’ordre, gère ceux qui ont un peu abusé de l’apéro ou tient à distance les vendeurs de merguez. Leur mandat est décidé en assemblée générale : « Pas de place pour les comportements racistes, sexistes ni pour les fascistes ». Au bureau logistique on croise Augustin, un grand brun de 20 ans. Depuis une semaine, ce photographe parisien édifie les stands, récupère des palettes, répartit le matériel gracieusement donné par des commerçants ou des particuliers. A la restauration, il participe également à la récupération des invendus de marché pour approvisionner la cantine. « J’ai le temps de venir ici parce que je ne fais pas d’étude, je gagne assez d’argent pour ne pas travailler tous les jours et je vis chez mes parents ». A force, les « hommes à tout faire » de la place commencent à fatiguer. « C’est comme ça que t’épuise un mouvement, si ce sont toujours les mêmes personnes, cela ne prendra pas d’ampleur », poursuit Augustin qui déplore parfois un manque d’initiatives personnelles. Nuit Debout « n’appartient à personne » Ce mouvement n’a rien de spontané. Tout est parti du collectif « convergence des luttes » créé en amont de l’occupation, explique Marion, membre de la commission communication, devant la « bulle » en plastique abritant une salle de projection qui s’improvise aussi boîte de nuit. Plusieurs activistes, dont des indignés espagnols, ont créé un Media Center à la faveur de la contestation de la Loi travail. Objectif ? Agréger les différentes forces militantes sur internet. Page facebook, compte twitter et Periscope – une application pour partager de petites vidéos – sont utilisés en appui. « On sentait qu’il y avait un terreau fertile à une mobilisation ». Toutes ces énergies issues de réseaux différents se sont retrouvées le 23 février lors de la soirée « Leur faire peur » à la bourse du Travail à l’appel du journal Fakir, producteur du film « Merci Patron ! ». Un objectif : réunir salariés, chômeurs, précaires, intermittents, occupants des « zones à défendre » contre le gaspillage de l’argent public ou pour la préservation de l’environnement. Leur cible commune : l’oligarchie financière et politique. L’occupation de la place débute donc le 31 mars, avec ses premiers débats et concerts. « Chaque jour, nous sommes étonnés de voir autant de monde. C’est comme la construction d’une maison, des personnes posent les fondations puis chacun vient poser sa pierre ». Lydia, déjà présente à la Bourse du travail, s’en réjouit : « Tant mieux si cela nous échappe, le 31 mars n’appartient à personne ». « L’envie de construire un monde meilleur » Y participent des gens de tous les horizons. Ainsi, Jacques dit « Jacko-collectif », cheminot et militant à la CGT, vient là pour que « convergent luttes syndicales et luttes citoyennes ». Avec « l’envie de construire un monde meilleur, une société qui respecte l’être humain, qui prend en compte la nature », où « toutes les démarches démocratiques que l’on peut construire au niveau local, dans les entreprises et dans nos quartiers » avancent dans un même but. Sylvie est aussi syndiquée. Technicienne de laboratoire, elle est à République « en solidarité avec ceux qui luttent ». Parce qu’en « travaillant à l’hôpital qui subit une vraie casse sociale », elle vient ici « pour montrer davantage que son mécontentement ». Il y a aussi des personnes qui n’appartiennent à aucune organisation syndicale ou collectif militant. Parfois éloignées du profil des contestataires. Ainsi, Victoria, 28 ans, travaille dans une start-up. Elle est « très intéressée par les mouvements démocratiques, surtout depuis Charlie Hebdo ». « J’aspire surtout à des mouvements où les débats sont ouverts à tout le monde, à toutes les opinions. Je ne suis pas forcément une déçue de la politique, car je sais qu’il faut encore des partis pour mener un programme. Ce qui compte c’est que ce type de mouvement permette la naissance d’un processus où les gens soient davantage là pour construire plutôt que critiquer. Et tant mieux si cela mène à un Podemos à la française ». Donner la parole à celles et ceux qui n’en ont pas l’habitude Nuit Debout se veut donc horizontal, sans parti, sans leader, sans étiquette. Les membres d’organisations participent à titre personnel. Des organisations comme Droit au Logement, l’association Attac ou la confédération syndicale Solidaires, apportent un simple « soutien logistique », comme le prêt de sono ou la déclaration en préfecture. Ici les coordinateurs changent et la parole circule. « C’est 100% citoyen. Tout le monde est bienvenu sur cette place à partir du moment où son discours n’est pas discriminatoire ou raciste », insiste Marion. Cette mobilisation d’un nouveau type invite les catégories qui n’ont pas « l’habitude de descendre dans la rue » à venir exprimer leur sentiment, leur point de vue, leur ras-le-bol. Ahmed n’est membre d’aucun parti. A 21 ans, il est réfugié ivoirien et veut contribuer à « changer les choses ». Une fois son statut de réfugié obtenu, il a constaté avec amertume la réalité à laquelle les jeunes en France étaient confrontés : « Servir de cartouches à stages à répétition pour des patrons qui ne veulent pas embaucher, mais simplement faire toujours plus de bénéfices ». Olivier est réalisateur. Il le dit d’emblée, il est « utopiste ». Même s’il voit les limites de ce mouvement, il est plein d’espoir « car les choses ne se restreignent pas à la place de la République, elles bougent aussi ailleurs. Comme en Islande où ils ont réussi à virer leur premier ministre (suite aux révélations sur sa société offshore au Panama, ndlr). Ou comme en Martinique où viennent de commencer les premières Nuit Debout. Les choses peuvent changer ». « Avant tout, Il faut commencer par faire connaissance » Le changement ? Il ne va pas assez vite pour certains qui critiquent le fait que les personnes qui se rassemblent place de la république sont avant tout « des blancs et des bobos ». Qu’il y manque des ouvriers et des personnes issues des banlieues. C’est dans ce sens qu’intervient Almamy Kanouté, porte-parole du mouvement Émergence et infatigable militant des quartiers. « On nous parle de convergence des luttes et on nous demande : "Où est la banlieue ?" Cette convergence, j’espère qu’elle va se concrétiser, car on va aussi aller en banlieue. Si on arrive à faire la fusion entre banlieusards et parisiens, là ils auront peur. Les choses sont en mouvement un peu partout en France. Il faut commencer par faire connaissance, avant tout. Je souhaite mener des actions, pour que nous obtenions la même justice pour tout le monde, l’égalité pour tous. » Mohamed Mechmache est porte-parole d’AC Le Feu, créé après les émeutes de 2005 en banlieue, et conseiller régional EE-LV. Il tient à rappeler que « les quartiers vivent depuis trente ans dans un état d’exception. Quand en 2005, l’état d’urgence ne concernait qu’eux, les autres membres de la population se contentaient de regarder ça depuis leur fenêtre. Aujourd’hui tout le monde est concerné par cet état d’urgence. Notre but est donc de mettre en œuvre des convergences des luttes et de classes. » Il conclut : « Les quartiers sont debout depuis trente ans, on espère qu’ils (les participants à Nuit Debout place de la République, ndlr) arriveront à traverser le périph’ et on espère qu’on va aider à réveiller les consciences ». « Assurer la diversité sociale et ethnique des participants » Au-delà du couvre-chef qu’il arbore ce jour-là, Fik’s Niavo porte plusieurs casquettes. C’est d’abord un rappeur qui a produit plusieurs albums, mais qui refuse le « rap business » et le « bling-bling », avec ses chaînes en or, des voitures de luxe ou ses piscines hollywoodiennes. En plus de tenter de conscientiser les gens à travers ses lyrics, c’est un militant associatif hyper-actif. Il mène dans sa ville des Ulis (Essonne) des actions sociales et éducatives ainsi que des listes citoyennes autonomes aux élections locales. Il se qualifie lui-même de « jeune vétéran en politique ». Pour Fik’s, la « Nuit Debout est une belle expression de la démocratie et de la réappropriation de l’espace public. Ce genre d’événements est essentiel ». Reste, selon lui, à éviter deux écueils majeurs, à savoir « la récupération politique » et assurer la « diversité sociale et ethnique des intervenants et des participants ». Pour lui, la banlieue n’aura toute sa place dans ce mouvement qu’à « condition de la laisser exprimer en son nom propre ». Almamy Kanouté a annoncé qu’était lancé un hashtag #BanlieusardsDebout. Dans plusieurs banlieues d’Ile-de-France, des actions se préparent. En parallèle, des tracts sont distribués aux travailleurs dans le métro le matin, dans les usines, dans les facs et les lycées pour ouvrir au plus grand nombre. « Nuit Debout sera ce que l’on en fera » Les noctambules parisiens font des émules dans une soixantaine de villes françaises. A Toulouse, une Nuit Debout a vu le jour fin mars. De l’avis de Lise, étudiante militante de 24 ans, la version toulousaine est « moins festive qu’à Paris mais très sérieuse ». Des familles, des étudiants, des profs, des intermittents planchent dans les divers ateliers et débats. L’idée a émergé après l’occupation du Théâtre Garonne le 31 mars par des intermittents, des étudiants, des membres de Droit au Logement et des bénévoles du journal Fakir. Marc, étudiant en école d’ingénieurs, était de la partie. Pas spécialement politisé, c’est après avoir vu le film « Merci Patron ! » qu’il s’est investi. Il s’est rendu à la Bourse du Travail à Paris. Les liens entre les différentes « Nuits » sont encore informels mais se structurent peu à peu, comme l’explique Lisa à Lyon. « On apprend des erreurs de Paris. On veille par exemple à ce qu’il n’y ait pas un unique visage pour parler aux médias. » Ce 9 avril, pour la première « vraie » Nuit Debout lyonnaise, deux personnes répondent à France 3 et sept autres à une interview d’un journal local. Aucun drapeau n’est visible sur la place Guichard, située à deux pas de la Bourse du travail. « On ne demande pas de renier ses affiliations, mais nous n’en avons pas besoin pour se retrouver. Chacun a ses revendications propres, mais ne les impose pas, sinon cela exclurait des gens. Nuit Debout sera ce que l’on en fera. » De Châteauroux à Berlin Le mouvement gagne doucement de plus petites villes, comme Châteauroux, 45 000 habitants, en région Centre - Val-de-Loire. Après un échange sur facebook, une trentaine de personnes se retrouvent devant l’entrée de la mairie. Parmi eux, Claire explique n’être ni syndiquée, ni membre d’un parti politique. « Mais ce mouvement est au-delà de tout ça. C’est une autre façon de se retrouver et de faire converger nos luttes. » « Quand on est jeune, on a envie de rejoindre un tel mouvement et de le lancer localement », poursuit Aymeric. « A Châteauroux, nous sommes à une petite échelle, mais nous pouvons contribuer à notre petit niveau, peut-être faire remonter nos idées au groupe national », espère Alison. Nuit Debout traverse aussi les frontières. À Berlin, une centaine de personnes se sont réunies samedi soir sur une place de Kreutzberg pour lancer un mouvement similaire dans la capitale allemande. Des Français surtout, mais aussi quelques Allemands et Espagnols venus les soutenir. « Nous sommes très heureux que les Français nous rejoignent enfin ! », lance Noemie devant l’assemblée. Elle est Espagnole et membre du mouvement des indignés 15 M, né en Espagne face aux mesures d’austérité et aux affaires de corruption impliquant des membres du parti au pouvoir. Pendant l’assemblée générale en petit comité, dans le froid, les jeunes et moins jeunes ont parlé, en anglais, français et allemand, de la loi Travail, de l’État d’urgence, de la violence en marge des manifestations, de celle de la police, avant de se lancer dans des commissions pour donner, là aussi, suite au mouvement. Ce mouvement essaime des graines qui ne demanderont qu’à refleurir Quelle en sera l’issue ? Comment « leur faire peur » ? Ces questions brûlent toutes les lèvres à République. Tous ici se méfient de la récupération politicienne ou électorale. « Comment un mouvement sans instance dirigeante se donne-t-il une voie ? Un mouvement qui ne se donne pas d’objectif politique s’éteindra rapidement », prévient au micro l’économiste Frédéric Lordon, un des initiateurs. Le retrait de la Loi El Khomry serait une première étape. Mais c’est la logique de domination de cette loi que visent les participants. Celle qui « plonge les salariés dans la peur », celle « de l’arbitraire patronal ». « On ne tient pas éternellement une société avec BFM, de la flicaille et du lexomil », conclut Frédéric Lordon. Plusieurs noctambules planchent sérieusement sur l’élaboration d’une nouvelle Constitution. « Nos revendications émergeront si on instaure un rapport de force », espère Benjamin. Jean-Pierre Mercier, délégué syndical CGT de PSA-Peugeot Citroën, est plus sceptique. Pour lui, ce n’est pas la place de la République qu’il faut occuper, mais les usines [1]. L’heure est donc à amplifier davantage le mouvement en vue d’actions concrètes, comme l’occupation de banques. Au delà des revendications, Augustin vit le moment présent : « Je ne sais pas du tout sur quoi cela peut aboutir mais nous montrons que s’entendre et s’organiser dans une société si clivée est possible ». Pour Marion, « même s’il échoue, ce genre de mouvement essaime des graines qui ne demanderont qu’à refleurir ». Demain est un autre jour. Pour l’instant la nuit leur appartient. Texte : Ludo Simbille et Eros Sana (à Paris), avec Morgane Thimel (à Châteauroux), Rachel Knaebel (à Berlin), Sophie Chapelle (à Lyon) Photos de Nuit Debout et de ses participants à Paris : © Eros Sana - Collectif OEIL Notes [1] Voir l’émission d’Arrêts sur images sur Nuit Debout : « Ce n’est pas Periscope qui va foutre la trouille à Valls ! ». ******************* Nuit debout 29 avril 2016 - 15h43 - Posté par 81.**.75.** Nuit Debout a vu pour la première fois hier jeudi avril 2016 la création d’une ZAD en plein Paris sur la Place de la République, après toute une journée de provocations et débordements policiers ; la Commission Construction de la Nuit Debout a contruit sur la Place vers 19H00 un grand chateaude bois et de toile constituant la ZAD avec une solidarité humaine exemplaire aprsè toutes les attaques subies dans la journée ; Le pouvoir réprime la jeunesse qui répond présente après chaque provoacation ; le mouvement s’élargit petit à petit signe d’une conscience aigue des injustices en cours ; La révolte gronde disons le. une véritable armée des forces de l’ordre a aussitô déferlé aux alentours de la Place , très près des manifestants pour essyaer de faire pression ; sans résultat ;tout le monde était enchanté de cette ZAD en plein milieu de cette place de la République si morne d’habitude et un air de fête régnait partout comme indifférent à la répression ; évidemment l’étau s’est resserre dans la nuit pour chasser les gens par la force et détruire le chateau de bois ; mais l’esprit reste, les consciences restent, les volontés , les désirs de révolte restent. La jeunesse ne négocie pas sa soif de droits et de libertés. **********************http://bellaciao.org/fr/spip.php?article150161 Je suis un « casseur » (et je suis hyper-sympa) de : Article 11 dimanche 1er mai 2016 - 07h35 - Signaler aux modérateurs C’est un texte qui est arrivé sur la boîte mail de la rédaction, de façon anonyme. Son auteur revient sur la manifestation agitée du 22 février à Nantes en soutien à Notre-Dame-des-Landes. Lui était parmi celles et ceux que les médias et le pouvoir nomment « casseurs ». Cette étiquette, il la retourne, la revendique. À lui la place. En rentrant de Nantes, je pensais ne rien écrire. Je me disais que ce n’était pas nécessaire. Que l’essentiel avait été de vivre cette journée-là. Et que le torrent médiatique sortirait de toute façon de son lit pour venir noyer cette manif. Je savais qu’il recouvrirait entièrement nos gestes et nos histoires. Et qu’il ne laisserait derrière lui que boue, effroi et désolation. Comme d’habitude. Face à cette capacité de confiscation de la réalité qu’on appelle information, nos mots, mes mots, je les imaginais dérisoires. Pourquoi s’embêter, alors ? Sauf que cette fameuse journée, elle s’est mise à faire les cent pas dans ma cage à pensées. Elle ne voulait pas en partir. Je ne savais ni pourquoi, ni comment, mais cette manifestation m’avait bougé. J’y pensais et je trépignais devant l’ordinateur. Je ressassais. J’enrageais, aussi. Je bouillais littéralement en lisant les comptes-rendus de procès des quelques personnes chopées à la fin de la journée. Ou en me plongeant dans le récit du manifestant qui a perdu un œil. Un de plus1. JPEG - 56.4 ko Je lisais aussi ce qui pouvait bien se dire dans le salon et la cuisine de monsieur et madame tout le monde : la France avait peur. Grave. À en mouiller le tricot de peau. Le ton employé par les médias au sujet de la dite « émeute » du 22 me rappelait un souvenir d’enfance : la voix de ce commercial qui tentait de vendre une alarme à mes parents après qu’ils se soient fait cambrioler. Les mêmes mots. Le même ton. C’est toujours pareil. Quand créer du danger de toute pièce te permet de payer tes vacances ou d’acheter une motocyclette à ton ado de fils, tu sais te montrer convaincant. Tu racontes la peur, ta peur, tu ne lésines pas, t’y vas franco et, au passage, tu déroules le tapis rouge à l’ordre en vigueur, parce que l’ordre tu en profites goulûment. Bref, j’en étais là : elle me prenait la tête, cette journée du 22. Elle était là, un peu partout. Dans leurs bouches, derrière leurs mots, au centre de leurs images. Et forcément, j’y étais aussi. J’écris « forcément » parce que j’ai fait partie de ce qu’eux nomment « casseurs ». Moi et quelques copains. On agissait ensemble, petit groupe solidaire. Rien de fou, hein, nul fait d’arme. Simplement, on était là. On a fait quelques trucs, on s’est agités. Point. Je suis donc « un casseur ». Mais « un casseur » hyper-sympa. La précision est importante. Parce que dans les deux semaines qui suivent ce genre de journée, tu as quand même largement l’impression que beaucoup de gens viennent mettre leur main dans le derrière de la manif afin de lui faire dire tout et n’importe quoi. Beaucoup de ventriloques et de tours de passe-passe, dans les articles, sous les articles, dans les images, sous les images. Une hypertrophie des enjeux, servie sur son flux continu d’informations, à la sauce virtuelle. Avec un soupçon de connerie. Reprenons. Je suis « un casseur » sympa. Et je ne suis pas complètement con non plus. Alors quand je lis un peu partout que ce jour-là j’ai été manipulé et que je n’ai rien compris à ce qui s’est passé, j’ai envie de dire : comme d’habitude. Ni plus, ni moins – certainement moins, en fait. Oui, je suis manipulé. Comme au supermarché, au boulot, devant des guichets, des médecins, des profs, des représentants de la loi en tous genres. Comme tout le monde. Oui, je suis manipulé, pour peu d’entendre par là : « Soumis à des forces qui me dépassent ». Mais je me soigne. Je l’ai accepté, ce statut de petite souris dans une cage. Je l’ai accepté parce que je me suis dit : si je ne suis que ça, une petite souris dans une cage, alors je serai une petite souris qui dévisse, qui fait n’importe quoi. Cette manif du 22 février, je savais très bien qu’elle ne changerait pas le monde (sic), et qu’elle s’inscrivait dans un jeu de pouvoir, de territoires et de symboles qui me dépassent. Mais j’étais excité comme une souris qui a pété un plomb dans sa cage. Et qui tente d’invalider l’expérience qu’on mène sur elle. Auscultons la manipulation vendue ici et là : « Les flics nous ont laissé la ville » ; « Il y avait des flics/provocateurs dans le cortège » ; « Les flics ont laissé faire ». Ou bien : « En bloquant l’accès à une partie de la ville, les flics ont crée la tension de toute pièce pour discréditer le mouvement ». Cette idée que les flics sont acteurs de la journée est à la fois assez vraie et très mensongère. Je ne rentrerai pas ici dans l’analyse de la répression ce jour-là ; je ne suis nullement un « spécialiste » de la question. Mais je me suis par contre rendu compte que le point commun de ces évocations de « l’émeute » comme favorisées par police tient à l’impossibilité pour les gens qui les évoquent de concevoir qu’on puisse être assez nombreux-ses à être en colère, suffisamment déterminé(e)s et organisé(e)s pour débarquer dans une ville afin de la retourner. Ça leur semble tellement fou et irrationnel que ça doit forcément être un complot. Ben non. La réalité est beaucoup plus simple : ce jour-là, les flics n’ont pas créé la violence, ils l’ont gérée. Violemment, patiemment et méthodiquement. Et ils avaient certainement conduit un efficace travail de renseignement en amont puisqu’ils avaient compris combien on était motivé(e)s. Ils avaient saisi que s’ils nous laissaient accès à toute la ville, on risquait d’avoir méchamment envie de faire du lèche-vitrine sans pour autant passer par les portes automatiques. J’imagine que de longues réunions se sont alors tenues dans de beaux bureaux soyeux pour décider comment administrer cette colère qui allait parcourir le cortège. Qu’en faire ? Comment la récupérer ? JPEG - 127.1 ko Loin d’une quelconque théorie du complot, il y a tout de même une réalité qui semble dépasser quelques commentateurs en mal de bons et de méchants. Celle-ci : alors que les festivités allaient bon train et que l’air devenait difficilement respirable, la foule est restée en grande partie présente, à quelques mètres. À nous observer caillasser les flics, tenter de les faire reculer. À nous regarder agir avec sympathie. Et j’avais l’impression que cette foule disait : « Je le sens moyen, ton plan... ça a l’air foireux... Mais vas-y, ne t’inquiète pas : je reste là, je te couvre. » C’était fou, vachement beau à voir. Et encore plus à vivre. C’est aussi ce qui rendait l’intervention des flics si difficile, tant ils risquaient de commettre plus de « bavures » que de nécessaires, de possibles ou d’autorisées. Comme un aval tacite d’une partie de la foule. Lequel a sans doute permis à toutes ces personnes qui n’étaient pas équipées pour la castagne (pas de masque, des vêtements clairement identifiables, etc.) de ne pas finir dans le camion à salade ou en disque de ball-trap pour baqueux en mal de cible. J’ai aussi lu, ça et là, que les flics auraient fait usage d’une force démesurée et qu’ils se seraient trompés de cible, en « frappant » les gentils manifestants plutôt que les vilains « casseurs ». C’est quoi, un usage de la force mesuré ? Quand les flics font comme à la pétanque, c’est-à-dire tracer un rond au sol à bonne distance, prendre le temps de viser, et commenter gentiment le tir en y allant d’une petite blague impromptue ? Et c’est quoi, trompé de cible ? Ça signifie qu’un tir tendu sur un manifestant pas du tout gentil, qui ne vote pas, qui a pillé le rayon vêtements noirs du Décathlon, et qui a lancé un caillou, ce n’est plus vraiment un tir tendu ? Mon cul ! Moi, je ne vois là que la violence d’État, dans son hideuse banalité, dans sa toute-puissance, peu importe qui s’en retrouve victime. Quant aux quelques pavés qui ont atteint leur cible, reconnaissez que c’est bien la moindre des choses. Il faudrait quand même voir à ne pas oublier, dans un retournement symbolique quasi cocasse, d’où émane la plus grande des violences, la légitime, la rémunérée. Le côté « sportif » de cette manif n’a pas débordé le cortège. Et il n’a pas décrédibilisé la journée. Au contraire, il l’a transcendée en un joyeux bordel informe et foutraque où l’on ne savait plus trop bien qui est qui. Davantage que la minorité qui déborde, cette journée a été placée sous le signe de la majorité qui bout – et c’est pour cette raison que c’est essentiellement cette dernière qui a été marquée dans son corps par les hommes en arme. Inutile de chercher à tout prix une ligne de démarcation entre pacifiste et « casseurs » : cela relève du rite de conjuration. Ou de la prière, ressassée par celles et ceux qui abhorrent l’idée que la violence que j’exerce – quand je suis en forme – avec d’autres, contre tout symbole du pouvoir, puisse potentiellement être avalisée avec le sourire par monsieur ou madame tout le monde. Le cauchemar du pouvoir, à en réveiller le préfet la nuit. Définitivement, cette journée du 22 fut sacrément animée. Une sorte de rencontre inter-régionale autour des loisirs créatifs. Un salon international du bien-être. Très sympa. Comme moi, je vous rappelle. Et ce, malgré l’austérité de ma tenue. Oui, j’étais tout en noir. Oui, je portais un masque. Figurez-vous que j’avais bien pensé venir en short et en tee-shirt. Mais ça n’aurait pas été raisonnable : il fallait se protéger de la bande armée qui nous attendait de pied ferme. Croyez bien que je la regrette, cette tenue noire si peu rigolote et fort menaçante. Et que je n’aime pas porter ces masques anonymes. Ils cachent les sourires, nos sourires. Et ils facilitent la construction médiatique et policière de ce personnage du « casseur », cette ombre haineuse et abrutie. C’est pratique, l’ombre : elle ne parle pas, ne pense pas, et permet même de dissimuler. Sous ce masque, cagoule ou capuche, j’ai un cerveau. Et il turbine. Sec. Trop vite, souvent. Mon cerveau, « l’aéroport et son monde », il y a beaucoup réfléchi. Depuis longtemps, presque depuis toujours. Parce que « son monde », je m’y suis bien cogné le front. Assez pour me sentir résolument déterminé à agir sur ce qui se passe autour de moi. À ne pas accepter, à ne plus accepter. Alors, c’est vrai, cette journée du 22, c’était un peu la fête, le grand rendez-vous. Mais son assise à la fête, c’était ma colère. Précise. Dense. Quotidienne. Physique. Lucide. Rien à voir avec cette idée colportée par les médias et les politiciens d’une masse abrutie de combattants tout de noir vêtus qui se déplacerait au gré des affrontements en France et en Europe sans comprendre où elle est ni pourquoi elle y est. Oui, les fantasmatiques et imaginaires black-blocs. Sauf que moi, je sais très bien sur quel front je me situe, et pourquoi. Je sais très bien que je ne revendique rien, je veux tout. En clair, le 22, je faisais de la politique. A voté. Point. JPEG - 195.5 ko Et je ne pète pas plus haut que mon cul. J’ai bien compris que l’intensité de cette « guerre » est basse. Je sais qu’il y a d’autres fronts, ailleurs, pas loin, autrement plus violents. J’ai bien conscience que le capitalisme souvent tue ou anéantit, alors que le 22 il se « contente » de blesser. Je ne m’enracine pas dans un imaginaire viril ou guerrier – le moins possible, en tout cas. Et je fais attention à ce que moi et mes copains et copines, on ne finisse pas par ériger un quelconque folklore de la petite guérilla urbaine, même si partager un imaginaire est inévitable. Je sais tout ça. Il n’empêche : cette violence, je la ressens au quotidien. Je la vois, je l’entends, partout, tout le temps. Dans l’histoire, dans l’économie, dans les rapports de genre, de classe, dans le racisme, la répression de toute forme de contestation hors cadre... Cette conflictualité, elle m’habite, elle m’obsède, elle m’a rendu fou parfois. Elle me bouffe tout autant qu’elle m’a fait. Et quand on bouge le 22, je pense à cette violence, aux dernières fois où elle s’est manifestée à moi. Et je me rêve mèche. Du coup, c’est vrai : on laisse un peu de bordel en repartant. Si peu. Maire et préfet chialent parce qu’on a fait caca dans leurs boîtes aux lettres, comme s’ils oubliaient que ranger le bazar génère aussi de la croissance. Les dégâts causés par « l’émeute » sont bons pour l’économie, non ? Le déploiement du maintien de l’ordre l’est pour nos exportations de matériel policier, n’est-ce pas ? Alors, basta avec cette fable du contribuable qui raque en bout de chaîne. Leurs mots, leur histoire. De toute façon, il ne s’agit pas de mettre à mal le capitalisme en brûlant trois arrêts de bus. Non, l’enjeu réside dans la manière dont ce genre de journée irrigue le quotidien de celles et ceux qui les vivent, quelle que soit leur place dans les festivités. Comme le retour du corps, du corps comme interface avec le conflit. C’est le corps qui est en jeu – réalité précieuse à l’heure où l’exercice de la citoyenneté et du conflit, et donc de la politique, repose sur la confiscation de la parole, sur la délégation du pouvoir et sur une dilution permanente de la responsabilité. C’est le corps qui est en danger, aussi. Tripes, jambes, cerveau. Nos corps sont nus, ceux d’en face sont protégés par une véritable carapace. C’est frappant. Et toutes celles, tous ceux qui étaient là n’auront pas manqué de noter cette distorsion de moyens, l’État apparaissant pour ce qu’il est : une arme à la ceinture d’un homme. Un vrai dévoilement, qui affecte des vies et des quotidiens. Ce versant physique de l’exercice d’une force collective met en jeu la puissance et la peur. La puissance d’agir, d’être. Un sentiment de présence au monde rare. Une danse sur la plus étrange des musiques, celle de la révolte. Avec des gens sur le côté de la salle des fêtes, semblant attendre qu’on les invite. Manquent uniquement les nappes en crépon... Et la peur ? C’est celle de ce qu’il y a en face, de la blessure, de la répression. Celle de là où nous mène la colère, aussi, de ces points de non-retours franchis. Celle de constater qu’on vit déjà au-delà de soi-même, qu’on ne se reconnaît plus très bien parfois. Comme une espèce de tempête en interne, vécue par toutes celles et tous ceux qui mettent pareillement la main à la pâte. Il ne te reste alors qu’à écouter, qu’à sentir et ressentir. Et ce jour-là, justement, j’ai entendu des gens vociférer, et les altercations ont été aussi nombreuses que les rires. Fallait-il brûler cette voiture ? Faire fuir de façon vigoureuse cette camionnette de BFM-TV ? Défoncer cette vitrine ? Ce sont de bonnes questions, que tout le monde devrait se poser. Et justement : quand ça brûle, ça casse, ça pète, tout le monde se les pose. Parce que ce jour-là, ces questions sont ressenties, vécues – elles ne sont plus simplement théoriques. Rien que pour ça, ça vaut le coup. Impression que je participe à ouvrir alors la plus belle agora du monde. Ensuite, à chacun de fixer son curseur. En ce qui me concerne, j’ai choisi. Et quand tout le monde se défoule gentiment sur le camion égaré d’une grosse chaîne de télé, au grand dam des journalistes qui sont au volant, j’y vois la preuve que personne n’a envie de se faire voler le compte-rendu des débats. Surtout pas moi. C’est d’ailleurs pour ça, je crois, que cette journée du 22 m’a tant trotté dans la tête quand d’autres manifestations similaires ne m’avaient pas tant marqué. C’était le désir de raconter mon histoire tandis qu’on me la volait qui tapait au portillon. L’envie de rappeler que je ne dors pas entre deux « émeutes ». Que j’ai une vie bien remplie. Que si « émeute » il y a, elle n’est qu’un temps politique parmi d’autres dans ma vie – pas forcément le plus important, d’ailleurs. Que j’ai méchamment envie de tout péter, car j’ai furieusement envie de construire autre chose qu’un monde mort. Que je suis – je crois – assez lucide sur la pertinence et la limite de nos gestes, et qu’il s’agit aussi d’un besoin, d’une pulsion. Et que les feux allumés ce jour-là, réchauffent toutes les démarches que je mène une fois retourné à mon quotidien. Le son de « l’émeute », je l’entends tout le temps dans ma tête, obsession qui habille le réel de la plus belle des manières. Vous n’êtes pas obligés de croire à cet hydre du « casseur » agité par certain(e)s. Vous n’êtes pas obligés de reprendre à votre compte l’histoire que propose le pouvoir. Faîtes plutôt la vôtre. Et la prochaine fois qu’on se croise alors que les animations battent leur plein, n’hésitez pas à vous rapprocher et à venir me parler. Rappelez-vous : avant d’être un « casseur », je suis hyper-sympa. JPEG - 57.5 ko * Articles en rapport sur A11 Un aéroport en vert et contre tout : 40 ans de lutte à Notre-Dame-des-Landes Notre-Dame-des-Landes : sous le bocage, la rage De Notre-Dame-des-Landes à Rueil-Malmaison, vive l’aéroport total ! « On a bien compris que l’aéroport signifiait notre mort » Retour à Nantes (Réflexions autour de la manifestation du 22 février et ses suites) Contre l’aéroport et son monde (de merde) – clichés « Faire avec « ce » et « ceux » qui sont là » - Polyphonie nantaise du collectif d’architectes mit 1 Lire également le témoignage de Damien T., ici. ******************************http://www.legrandsoir.info/je-ne-crois-pas-que-le-changement-de-societe-se-fera-sans-violence.html 1er mai 2016 « Je ne crois pas que le changement de société se fera sans violence » Xavier Mathieu (avec Reporterre) Xavier Mathieu, ouvrier engagé dans une dure lutte naguère à l’usine Continental, est très présent à Nuit debout. Il analyse le mouvement, la situation globale, et la question de la violence. Reporterre — On t’a croisé plusieurs fois à Nuit debout. Quel regard portes-tu sur ce mouvement ? Xavier Mathieu — Je viens regarder, écouter, voir comment cela se passe. Par moment, je trouve cela sympa, par moment, il y a beaucoup de bla-bla. Mais c’est la construction d’un mouvement, il faut du temps pour s’organiser. L’ensemble est surprenant, même les discussions des gamins. On a toujours tendance à penser que les jeunes se moquent de ce qui se passe, mais j’ai été surpris par certaines discussions. C’est bien d’être surpris dans ce sens là ! J’aime aussi le côté divers des gens qui y sont, même si ce n’est pas ouvert à tout le monde. Par exemple, quand Finkielkraut s’est fait virer, c’était normal. Il n’avait rien à y foutre ! C’est comme si Strauss-Kahn allait à un congrès de Ni putes ni soumises, il ne serait pas le bienvenu. Finkielkraut est un islamophobe notoire. Il n’a rien à foutre à Nuit debout . Pour s’organiser, il faut de l’intellect et un peu de violence de temps en temps ! Les gens se joignent aux intermittents qui peuvent éventuellement se joindre aux taxis. On a vu, il y a trois jours, des taxis venir place de la République. Cette coordination des luttes est importante, parce que le but du pouvoir, le but du capitalisme, est justement de diviser les gens, de leur faire croire que leur ennemi est l’étranger, que le profiteur c’est le mec qui est au RSA. Aujourd’hui, la tendance est de chercher un bouc émissaire : un coup, c’est les migrants, un coup les roms, un coup les musulmans, les salauds de RSA, les intermittents, etc. Ce qui est bien dans ce mouvement, c’est qu’il met dans la tête des gens que notre ennemi commun, c’est le capitalisme, la finance. Nuit debout cherche-t-elle nettement à lutter contre le capitalisme et le système financier ? Le mot d’ordre que j’entends beaucoup depuis que j’y viens, c’est « non à la loi El Khomri et au monde qu’il y a autour ». Pour tout le monde ? Il y a beaucoup de curieux. Les gens ne sont-ils pas attirés par l’idée qu’« on discute, on parle, on fait démocratie », en oubliant la radicalité de cette critique ? Il faut les deux. Il y a des gens qui viennent pour discuter, d’autres qui viennent pour des actions. Justement, Nuit debout ne chasse pas ceux qui acceptent un peu plus la radicalité. C’est vachement important. Par exemple, nous, dans le conflit Continental, cela a été très fort. Les médias n’ont pas pu diviser les gens dans notre conflit quand il y a eu le saccage de la sous-préfecture, ils sont allés parmi les mille personnes qui étaient là afin d’essayer d’en trouver une ou deux pour critiquer cette action. Ils n’ont pas réussi à en trouver une seule. Nuit debout, ce n’est pas seulement des gens qui discutent au milieu d’une AG, c’est aussi des actions. À Nuit debout, on entend souvent des positions « antipartis », « anti-institutions » : qu’en penses-tu ? Ce n’est pas grave cela. Tout ce qui est drapeau ou sigle, tout ce qui divise les gens, je m’en fiche. La convergence se fait difficilement entre les syndicats et Nuit debout. Pourquoi ? En 1936 et en 1968, ce ne sont pas les syndicats qui ont lancé les mouvements. En 36, ils ont fini par suivre parce qu’ils voyaient que cela prenait de l’ampleur. Mais la CGT n’a pas de programme de société. Si demain il y a deux millions de personnes dans la rue, ils vont faire quoi ? Après, il y a la bureaucratie syndicale. Les directions syndicales renâclent. Ils n’étaient pas venus non plus défendre les Goodyear, les Conti. Ce sont des structures qui aiment qu’on leur donne le pouvoir ! En gros, elles disent : « On vient, mais c’est nous qui commandons. » Mais j’ai entendu dire qu’au congrès de la CGT, qui vient de se tenir à Marseille, il y a eu une forte pression des militants pour que la CGT appelle à la grève reconductible. Il y a très longtemps qu’on n’a pas vu cela. Si la loi El Khomri était retirée ou substantiellement remise en cause, ne serait-ce pas la fin de la mobilisation et de Nuit debout ? Je ne suis pas sûr. Mais pour que Nuit debout passe un cap, il faudrait changer d’endroit ! Il faudrait faire Nuit debout devant les dépôts d’essence, devant des endroits stratégiques, et bloquer l’économie ! Cela serait autre chose qu’une place publique. Pour l’instant, tu as beaucoup de gens qui viennent critiquer la société, ses dérives. Mais y a-t-il un projet de société ? Tant que les gens en face n’auront pas peur de tout perdre, ils ne lâcheront rien du tout. Votre lutte à Continental a été une des plus marquantes, ces dernières années. Pourquoi n’y a-t-il pas plus de luttes ? Tu regardes les AG à Nuit debout, il y a 95 % de blancs. Almamy Kanouté a fait une super déclaration, il a tout dit : tant que les Nuits debout ne feront pas le lien avec les banlieues, il n’y a aucune chance que ceux du pouvoir et de la finance aient peur. Pourquoi les banlieues ne viennent-elles pas ? Nos jeunes n’ont pas eu d’instruction politique. Quand j’étais gamin, c’était la gauche, la vraie gauche, on parlait de cela tout le temps, mon père parlait de cela tout le temps. Il y avait une culture politique dans les foyers. Aujourd’hui, les jeunes n’ont pas été habitués à des discours politiques. Ils n’ont pas été éduqués là-dedans. L’éducation politique est hyper importante. Elle n’est pas là du tout dans les banlieues, et c’est pareil pour les ouvriers. Pas de culture politique, il faut bosser, la télé... Rien ne peut plus bouger, alors ? Je n’en sais rien. Un jour, un mec m’a raconté une histoire. Ils étaient trois ou quatre cents dans une boîte. Le patron leur avait demandé de baisser leur salaire, leurs primes, de travailler plus, de réduire les pauses. Les mecs avaient tout accepté sans rien dire. Accepté, accepté, accepté... Un jour, en fin d’année, le patron a annoncé qu’il n’y avait pas eu d’accident de travail pendant un an et, pour les remercier, il leur a offert un porte-clés ! Il y eu sept semaines de grève ! Les mecs se sont mis en colère. Une étincelle, des fois, tu ne comprends pas. Les mecs, ils en ont pris plein la gueule pendant des années, ils ne vont pas bouger. Et là, ils bougent pour une connerie ! Les Panama Papers auraient dû être un élément déclencheur. Les gens auraient dû sortir dans la rue, se révolter et dire : « Cela fait des années que vous nous dites que le problème, c’est que les gens touchent trop de RSA, trop de salaires ! » La vérité, elle est là : tu as vingt milliards de trous cumulés dans toutes les caisses sociales, et dans les paradis fiscaux, il y 80 milliards ! Nuit debout n’est donc pas le Grand Soir ? Ah non ! C’est une éjaculation, le Grand Soir, un orgasme. On n’en est plus là. Si ça n’a pas explosé il y a trente ans, à l’époque où il y avait 30 % de communistes... Nous, on était bercé là-dedans, mais aujourd’hui, les jeunes n’y sont plus du tout. On a perdu des batailles, il faut l’accepter et sortir du truc. C’est ce qui me fait chier dans les mouvements d’extrême-gauche : ils sont encore là-dedans. Il faut arriver à se mettre autour d’une table et lâcher certaines choses. La question de la violence traverse le mouvement Nuit debout, quel regard portes-tu sur cette question ? Le 9 avril, j’étais avec les jeunes à la manifestation où il y a eu plein d’arrestations. Il y avait bien des provocateurs, mais ils étaient en bleu, avec des matraques, des lacrymogènes... Je me suis pris des coups de matraques et des charges dans le dos, alors qu’on ne faisait strictement rien. À Continental, quand on faisait une manif, on était mille dans le cortège et on n’a jamais croisé un CRS. Là, pour les manifs étudiantes, il y a des cordons entiers de CRS pour les encadrer. Comment veux-tu que les jeunes n’aient pas envie de leur balancer des cailloux à la gueule ? C’est de la provocation pure. Comme à Odéon, il y a deux jours : en arrivant de la manif des intermittents, du côté du ministère du Travail, on était 600 ou 700, à pied, avec une banderole. Les CRS avaient des bombes et des lacrymo. Ils nous ont matraqués à bout portant, on n’avait rien d’autre qu’une banderole dans les mains. On s’est fait gazer alors qu’il n’y a eu aucune bousculade. Rien. Sincèrement, la violence, depuis le début, elle est du côté des CRS. Nous, ce n’est qu’une réplique. Et pour moi, l’État fait une connerie. Parce que, petit à petit, les mecs viennent en effet avec des masques, avec des lunettes de protection, avec des cailloux dans les poches, avec des matraques... Normal, ils ne vont pas continuer à aller dans les manifs et se faire matraquer la gueule sans arrêt, sans réagir. Et puis, aussi, j’ai vu des mecs broyer des vitrines et passer derrière, dans des ruelles, et remettre le brassard de police pour rentrer ensuite dans le cortège. Je l’ai vu. À Paris ? Oui. Récemment ? Non. Dans d’autres manifestations, avant. Mais ça existe encore aujourd’hui. Comment expliquer que, lorsque l’État organise une énorme manifestation après Charlie, avec plus d’un million de personnes, il n’y a pas une seule vitrine de cassée — pas une ?! Et comme par hasard, quand ce sont des manifs contestataires, il y a des casseurs qui brisent des vitrines... Il y a une instrumentalisation, selon toi ? À Odéon, c’est ce que je me suis dit : en face, c’est ce qu’ils veulent. Parce que, de toute façon, ils ont les médias avec eux. Et puis, on ne peut pas dire que les gens soient les plus courageux du monde quand ils entendent que ça pète. Tu vois, le gamin qui s’est fait matraquer la gueule par le CRS [1], je le dis haut et fort, c’est une tentative de meurtre. On voit bien qu’il le relève, ce gamin de 15 ans, avant de lui mettre un crochet, avec une manchette de protection, dans la mâchoire, du bas jusqu’en haut... Tu peux lui péter les cervicales. C’est une tentative de meurtre. Et pourtant, les médias n’en ont pas fait autant qu’avec le cadre d’Air France et sa chemise arrachée, avec des images qui ont fait le tour du monde pendant plus d’une semaine ! Certains revendiquent toutefois l’usage de la violence comme un mode d’actions parmi d’autres au sein de Nuit debout. La violence, il y en a toujours eu et il y en aura toujours. Mais elle n’est pas de notre côté. Ce qui est rendu n’est rien à côté de ce qu’on prend. Cette loi El Khomri, si elle passe demain, ce sera une catastrophe. Cette loi dit que ton patron peut venir te demander d’accepter une baisse de salaire, sinon, il te licencie. Il a le droit de te licencier pour une raison économique, et derrière, les indemnités sont plafonnées... Vous savez ce que cela cache ? Uniquement la baisse des salaires. Ils ont même été jusqu’à virer les visites médicales annuelles, dans la loi El Khomri. Avant, il y avait au moins un médecin qui pouvait surveiller les gens. Il y a quand même plein d’exemples de cancers ou de maladies qui ont été découverts dans les entreprises. Les visites médicales servaient à ça, à l’usine. Alors, pour ce qui est de la violence, il n’y en a pas encore assez. Je ne crois pas que le changement de société se fera sans violence. Parce que les autres en face, ils ont ce qu’il faut. Cette loi El Khomri vient d’un mec qui s’est fait élire en disant que son ennemi était la finance. Et la première personne qu’il a placé au ministère de la Finance, c’est Cahuzac, qui avait un compte caché en Suisse... Et celui qui arrive derrière vient de la banque Rothschild ! Si ça ne veut pas dire qu’il se fout royalement de notre gueule... Y a-t-il un sentiment de révolte, aujourd’hui, en France ? On en est loin. Beaucoup de Français s’imaginent encore qu’ils ne sont pas concernés. Je serais tenté de dire qu’on est dans la servitude volontaire. Il y a un gros boulot à faire d’initiation : les gens regardent BFM TV, La Nouvelle Star, Cyril Hanouna... Je suis à la fois pessimiste et optimiste, parce que je crois en l’homme. L’être humain est capable de solidarité. Je reste optimiste parce que je crois qu’un jour, il y aura une étincelle. Ça va bouger, mais pas forcément quand on s’y attendra. Xavier Mathieu - Propos recueillis par Barnabé Binctin et Hervé Kempf pour Reporterre Xavier Mathieu était le délégué syndical de la CGT de l’usine Continental AG de Clairoix (Oise), où un dur conflit social s’est poursuivi en 2009 et 2010. Il est aujourd’hui comédien. Le dossier de Reporterre sur Nuit debout Nuit debout s’interroge sur la violence « L’attitude des forces de l’ordre est irresponsable » [1] Revoir la vidéo de cette violence policière. »»http://reporterre.net/Je-ne-crois-pas-que-le-changement-de-societe-se-fera-sans-violence ***********************http://bellaciao.org/fr/spip.php?article150627 Nuit debout : « Un esprit est en train de naître : horizontal et connecté » de : Entretien par Adrien Gueydan, Pierre Jean mercredi 1er juin 2016 - 11h07 - Signaler aux modérateurs 1 commentaire Gaël Brustier sur Nuit debout : « Un esprit est en train de naître : horizontal et connecté » Auteur d’un livre pour « expliquer Nuit debout bien au-delà de la place de la République », le politologue Gaël Brustier explique en quoi le mouvement doit être pensé avec des catégories nouvelles. Et quels mouvements sociaux il préfigure. Regards. Pourquoi ce livre, pourquoi maintenant ? Pour qui a-t-il été écrit ? Gaël Brustier. Fréquentant la place de la République lors des tous premiers jours, j’ai constaté des réactions hâtives dans les médias visant à déprécier le mouvement, à le cantonner à une bande de "gauchistes". Il me semble au contraire qu’il est significatif d’un certain nombre d’évolutions de la société. On y trouve le fruit de l’évolution de différentes familles politiques, de différentes luttes qu’il s’agit de mettre en perspective. Il y a une urgence : remettre Nuit debout dans un cadre qui ne soit pas caricatural. Pour forcer à la réflexion sur le rapport qu’a la gauche radicale avec elle-même, l’éclatement de la gauche. Mais aussi parce que le conflit social s’importe dans Paris, capitale considérée comme l’exemple de la société consensuelle sans conflit. Ce livre a été conçu pour expliquer le mouvement Nuit debout bien au-delà de la place de la République. Regardez qui ils sont, ne les jugez pas hâtivement, peut-être que vous avez plus de points communs avec eux que vous n’imaginez. Je veux remettre en perspective le mouvement à travers des grilles de lecture fixées dans le livre. Qui avez-vous rencontré à Nuit debout ? Dans les semaines qui ont précédé, j’avais des amis qui attendaient le 31 mars avec impatience. Mais je n’avais pas mesuré l’ampleur du mouvement qui allait prendre forme. J’ai très vite rencontré des militants d’Attac. J’ai également rencontré des jeunes. Un soir, sous la pluie battante, quelques-uns discutaient de tout. J’avais également des amis plus militants. En croisant les informations, au cours des soixante-douze premières heures, j’ai essayé de comprendre ce qui se passait. Or ce qui s’est passé place de la République, beaucoup en ont rêvé : depuis les Indignés. Depuis plus longtemps, il y avait l’idée d’importer le conflit social dans cette ville, consciente, qu’on connaît comme celle des "intellos précaires". Cela faisait longtemps que je m’étais préparé à expliquer, à une France plus large, ce que faisait et représentait cette catégorie "d’intellos précaires". Est-ce une partie de la jeunesse précaire qui participe à Nuit debout ? Le noyau pour moi ce sont ces "intellos précaires" : le mouvement agglomère d’autres CSP, mais qui – du fait de la composition socio-professionnelle parisienne – sont en moins grand nombre qu’elles ne le seraient à Montargis, par exemple. Nous sommes face à une représentation proche de celle du cœur d’agglomération francilienne. C’est perceptible dès les premières heures : les préoccupations des gens, leur manière de poser et de traiter les problèmes permettent de comprendre à quelles catégories socio-professionnelles on a affaire. Et il y a des gens – comme cette dame dans la fonction publique hospitalière qui vient car cela lui fait du bien d’entendre les débats – qui n’osent pas immédiatement s’exprimer, mais qui viennent, parfois de banlieue, pour soutenir le mouvement. Pour qu’une caisse de résonance à leur colère, leurs aspirations, leurs espoirs existe aussi. Nuit debout ressemble au métro de l’Est parisien aux heures de pointe. Est-ce une nouvelle façon de faire de la politique ? Il y a un esprit : la "démocratie liquide", l’horizontalité, tout ce qui se rapporte au fait que l’individu veuille plus participer au débat politique, l’esprit "Parti pirate". Il y a des gens du Parti pirate qui sont investis dans la mouvement, mais leur investissement est davantage significatif en termes d’esprit. Un esprit est en train de naître dans notre société : horizontal et connecté. Les forces politiques doivent le comprendre. « La jonction est possible entre le public de Nuit debout et le reste de la France, il y a la possibilité d’activer des antagonismes qui ne seraient plus ceux du Front national. » Pourquoi Nuit debout a fonctionné ? En quoi cela a-t-il fonctionné ? Il y a eu le détonateur de la loi travail : la convergence d’individus et de luttes. Des syndicalistes qui avaient menés des combats au cœur de Paris, des combats antérieurs : Jeudi noir, Génération précaire, contre le travail du dimanche... Le savoir-faire des intermittents : le carré rouge [1] a été présent très rapidement place de la République. De plus, la gauche radicale a subi des défaites en décembre dernier : les listes de la gauche alternative n’ont pas bénéficié du désamour envers le Parti socialiste. Au contraire, l’Ile-de-France est devenue une sorte de panic room de l’électorat de gauche, avec une démobilisation de l’électorat de la gauche radicale. L’effet Tsipras a joué un rôle dans ce phénomène : les espoirs de janvier 2015 [2] se sont fracassés sur les réalités de juillet 2015. Il y a une forme de point d’interrogation, chez ceux qui veulent porter une politique alternative, en regard de cet échec-là. La désillusion est forte, elle devrait inciter à repenser sur le fond le rapport avec l’Union européenne. Enfin, coup sur coup, la déchéance de nationalité et la loi travail, inaceptable pour une partie de gens engagés à gauche, ont avivé la colère vis-à-vis du gouvernement. "Révolution dans la révolution silencieuse" : Nuit debout est-elle le signe d’une crise plus profonde dans la société française ? Paris est une des métropoles connectées à la mondialisation : la crise de 2008 a fini par faire éclater des conflits sociaux au sein de ces métropoles. La paupérisation, la précarisation des habitants de ces métropoles sont des éléments fondamentaux. C’est pour cela que ce n’était pas habile d’accuser les participants de Nuit debout de « privatiser » la place de la République. Ces gens sont des riverains et ils ont des préoccupations qualitatives sur le plan démocratique et social, mais ils ont aussi des préoccupations qui sont liées à leur situation économique dégradée. Le conflit social s’est invité dans des métropoles dont on disait jusqu’ici qu’elles étaient relativement épargnées par ces conflits. Cela esquisse une nouvelle géographie des mouvements sociaux ? Les conflits sociaux se produisaient jusqu’ici aux marges, dans les zones industrielles, ils portaient sur des fermetures d’usines, contre la désindustrialisation. Le fait que le conflit s’importe au centre des métropoles pose la question de l’unification de tous ces conflits. Nuit debout s’étend dans d’autres grandes villes, mais aussi dans de toutes petites villes, dans les Cévennes, dans le Sud-Ouest. Dans ces communes s’exprime un sentiment de dépossession démocratique qui va plus loin que le problème économique. Le champ de bataille tend à s’élargir, potentiellement. La jonction est possible entre le public de Nuit debout et le reste de la France. C’est le signe qu’il y a la possibilité d’activer des clivages, des antagonismes, qui ne seraient plus ceux activés par le Front national, en face. Peut-on craindre que Nuit debout soit plus l’effet d’une libération de la parole que d’une volonté d’articuler les luttes entre elles ? On sent tout de suite dans Nuit debout le refus de la verticalité. Le foisonnement de l’action n’est pas en cause : il y a des réseaux de solidarité, de vrais acquis à Nuit debout. En revanche, la question de l’articulation avec le combat plus politique, dans les institutions, n’est pas tranchée. En tout cas, si elle est tranchée, ce n’est pas dans le sens d’une pénétration dans les institutions. C’est ce qui renvoie le mouvement au zapatisme de la première période [3]. Dans l’opinion publique, observe-t-on une sympathie vis-à-vis du mouvement ou un forme de stigmatisation l’emporte-t-elle ? La question de la violence politique n’est pas propre à Nuit debout. La sympathie est réelle dans le pays, spontanément dans les premiers temps. Mais le mouvement ne parvient pas à enclencher un mouvement de masse. Dès les premiers jours, du côté du gouvernement on se dit : « Il n’y a pas de mouvement de masse : c’est bon ! » Ce à quoi on peut répondre : le Mai rampant italien [4] n’a connu qu’une seule manifestation de masse. Mais il a duré jusqu’en 78. Le 2.0., les nouvelles technologies, sont utilisés de manière intelligente par ce mouvement. Les aspects "Parti pirate" et "démocratie liquide" doivent être étudiés de près parce qu’on ne peut pas parler d’articulation entre l’horizontalité et la verticalité sans cette réalité-là. L’impact sur l’opinion publique reste cependant limité, malgré l’utilisation de ces nouvelles technologies. On est encore dans une société télévisée où les images d’une Porsche qui brûle sur BFM ne suscitent pas la sympathie. Quelle place pour les références historiques de la gauche française dans le mouvement Nuit debout ? Il y a des acquis : on ne s’interdit rien dans le mouvement. Néanmoins, le fait de reprendre les choses à zéro peut être un danger car on ne s’inspire pas des expériences passées. Mais c’est le premier grand mouvement qu’on voit s’implanter dans Paris depuis longtemps, alors ce n’est peut-être pas étonnant. http://www.regards.fr/web/article/g... Commentaires de l'article Nuit debout : « Un esprit est en train de naître : horizontal et connecté » 1er juin 2016 - 15h53 - Posté par 194.***.110.* "Horizontal et connecté"... ? Au-delà des plaisanteries grivoises que cette demi-vérité pourrait inspirer, quelle finalité à un esprit qui n’est pas organisé (ou qui affirme ne pas l’être, en tout cas...) ? ***************************http://bellaciao.org/fr/spip.php?article150967 14 juin - Naissance de notre force de : Mouvement Anarchiste Révolutionnaire samedi 18 juin 2016 - 11h27 - Signaler aux modérateurs 8 commentaires https://mouvanarev.wordpress.com/20... En ce quatrième mois de mouvement social cristallisé autour du retrait de la loi travail, de par la présence d’un million de personnes dans la rue à la manifestation nationale centralisée à Paris et de 300 000 personnes en province, le 14 juin 2016 marque la journée de la plus forte mobilisation : dans la rue, dans la grève, dans la solidarité internationale. Ce jour a été celui de l’affrontement. Un affrontement général. Avec la police, avec l’Etat, avec la justice de classe, avec la répression médiatique et judiciaire, avec la vindicte patronale, avec le mépris de classe, avec la fatalité et la résignation, avec notre condition prolétaire, avec notre atomisation sociale, avec nos difficultés à maintenir la bataille dans nos boîtes. Notre force et notre courage collectifs se sont vus déployés. Nous nous sommes démontrés notre capacité à défier la logique de l’histoire et de la temporalité capitaliste que la bourgeoisie veut nous imposer. Car le 14 juin n’est pas un « baroud d’honneur », il n’est pas « l’ultime pic » de mobilisation sociale, il est simultanément une menace pour la bourgeoisie et une promesse pour l’émancipation sociale de tou.te.s : une dernière sommation, notre dernière sommation. Et simultanément un début, notre propre début. Le 14 juin est l’aboutissement de quatre mois de mouvement social qui a connu différentes phases spécifiques : le mouvement de jeunesse étudiant.e et lycéen.ne, la tentative « Nuit Debout », les grèves intermittentes jusqu’à la grève reconductible et la paralysie de secteurs entiers, hautement stratégiques, les actions de blocage tactique de l’économie, les manifestations mensuelles nationales-interpros et les manifestations hebdomadaires des précaires de tout horizon souvent suivies par de nombreuses fédérations syndicales locales, et à présent la manifestation nationale dans la capitale. Il n’y a pas de raison de s’arrêter, il n’y a que des raisons d’intensifier encore notre force en marche. C’est ce que le gouvernement a compris, et c’est pour cela qu’il ose appeler la CGT à ne plus organiser de manifestations dans Paris et de menacer d’interdire toute manifestation sur l’ensemble du territoire. Après les interdictions individuelles de manifester pour le 14 juin, ayant ciblé au moins 130 personnes en France, l’Etat se voit désormais contraint de menacer d’une interdiction générale et stricte. Voilà sa sommation. Car les fanions et paillettes de l’Euro 2016 de football, avec son énorme dispositif spectaculaire-marchand, n’auront pas suffi à enrayer la combativité des grèves et des luttes. C’est en cela que le 14 juin sonne et résonne comme notre dernière sommation et notre propre naissance. Si le cortège offensif n’est pas parvenu à déborder l’énorme dispositif répressif qui encadrait hermétiquement le parcours établi, l’Etat est conscient qu’il s’en est fallu de peu pour que le « cortège à mille têtes » se répande dans tout Paris et fasse sonner la cloche de la révolte générale. L’Etat et le patronat ont peur. Ils ne savent pas comment enrayer la naissance de cette force colossale qui ne cesse de se développer. D’où la férocité de la répression, qui se veut leur dernière sommation. Mais quatre mois de crescendo répressif avec son cortège de blessé.e.s, de mutilé.e.s, d’incarcéré.e.s, de condamné.e.s, de calomnié.e.s, de gazé.e.s et matraqué.e.s, n’auront pas empêché la marée humaine de déferler sur Paris. Le ras le bol est devenu raz de marée et, comme la Seine, la solidarité offensive est sortie de son lit et a débordé dans la rue parisienne. Tout le monde essaie de contenir le débordement. Trop tard, le 14 juin est le début de quelque chose de nouveau. A une restructuration du capital, le mouvement social répond par de nouveaux moyens de luttes, de nouvelles convergences. Outre les autonomes et révolutionnaires de tout horizon, le « cortège de tête » s’est vu considérablement renforcé par des milliers de syndicalistes de tout âge et de tous les secteurs de travail. Celleux-ci se sont solidarisé.e.s avec le cortège des insurgé.e.s et non celui des « casseurs ». Ce sont bien 10 000 personnes qui ont gonflé la force de frappe de celleux qui refusent de défiler au pas et qui s’est déployée dans ce qui est devenu le « cortège à mille têtes ». Tous les stigmates et attributs de classe volent en éclat. Voilà notre force, une brèche ouverte sur un inconnu, une brèche dans laquelle nous choisissons de nous engager. Et cette force est aussi le piège dans lequel toutes les sentinelles de leur monde s’enlisent, Phillipe Martinez y compris, lui qui, sur France2 le soir même, a avoué ne rien comprendre à ce qui est en train de se passer, être acculé au bout de son rôle et de sa fonction de dernier gardien. Face à l’évidence collective. Car il n’y a pas de casseurs, il n’y a que des insurgé.e.s qui se battent collectivement pour leur dignité. Nous en sommes et les témoins et les artisans. Si la masse se suit elle-même, la rue est toujours en avance sur les idées, et personne ne peut cerner, délimiter ni saisir ce qui se passe. La loi travail n’est pas que la loi travail. Elle marque la nouvelle étape d’un processus permanent d’agressivité capitaliste. Cette étape désigne l’attaque la plus violente menée contre nos droits sociaux depuis l’après-guerre. La résistance à la loi travail devient et doit être la nouvelle étape du processus constant de résistance sociale à ce rouleau compresseur qu’est le capital. Et cette étape devient et doit être la contre-attaque la plus offensive et efficace pour l’émancipation sociale jamais menée contre le capital. Dans leur société capitaliste, nous sommes réduits à produire, transporter, entretenir, vendre, servir ou enseigner des marchandises ; au service des riches qui en tirent profit. Car les marchandises ne sont rien d’autre que la condition même du profit. Et le profit n’est rien d’autre que la confiscation de notre intelligence collective à travailler par nous-mêmes nos richesses sociales. Résister à et vaincre la loi travail, c’est résister à et vaincre tout ce qui la rend possible. Or, à travers la combativité générale du 14 juin, c’est tout le mouvement social du printemps 2016 qui sonne la dernière sommation. Et ce mouvement social doit être le mouvement de la dernière sommation. En cela, à travers le 14 juin, c’est tout le mouvement social du printemps 2016 qui est la démonstration d’un nouvel élan de force(s) émancipatrice(s). Si l’Etat applique sa menace de l’interdiction stricte et généralisée des manifestations sur l’ensemble du pays, s’il interdit les grèves par les réquisitions, et s’il impose sa loi travail d’une main de fer, nous appliquerons notre promesse : celle d’assumer notre radicalité. Nous ferons de l’auto-organisation dans la lutte non pas l’exception au quotidien mais notre vie même qui dépassera et surpassera ce quotidien. Nous nous installerons dans la grève. Nous nous installerons dans le débordement de leur monde et de sa logique. Car cette radicalité est celle de notre dignité. Par notre dignité collective en action, nous ne serons non pas en grève du travail mais la grève illimitée de leur monde pour le déploiement du nôtre. Et ce mouvement social ne cesse de démontrer sa capacité à développer ses propres structures sociales autonomes : réseau de Défense Collective, Legal Team, caisses de grève à échelles nationale et régionale, Medical Team, Maisons du Peuple, radios de lutte, auto-médias, Assemblées Générales inter-luttes, convergence des grèves et des pratiques de lutte, occupations des places et des lieux de travail, actions interpros de blocage, etc. Autrement dit, la capacité à l’autodéfense contre leurs appareils de domination et d’exploitation, d’où émane déjà notre contre-offensive. Après des décennies d’écrasement et de mépris, nous retrouvons confiance en notre propre force. En cela, nous avons déjà gagné. Et s’il le faut, et il le faudra, nous prendrons la rue tous ensemble d’autant plus, nous occuperons leurs palais préfectoraux, nous les assaillerons. Nous sommes notre propre commencement, nous sommes notre propre monde. 1789 était leur révolution , la nôtre sera celle de tou.te.s. – Mouvement Anarchiste Révolutionnaire. https://mouvanarev.wordpress.com/20... PAGE FACEBOOK : https://www.facebook.com/mouvementa... CONTACT : M.A.R PiB riseup.net Répondre à cet article Imprimer cet article Commentaires de l'article 14 juin - Naissance de notre force 18 juin 2016 - 17h42 - Posté par le concombre masqué - 80.**.58.*** Le ridicule est moins dangereux que la police ... Heureusement Répondre à ce message 14 juin - Naissance de notre force 18 juin 2016 - 18h04 - Posté par 109.**.17.** Je partage cette volonté de construire une force révolutionnaire sans exclusion envers personne..Ceci a le don de démasquer les cons qui n’ont comme seul argument en réponse à cet article que le mépris. Courage, la route de notre émancipation est encore longue. Un retraité électricien anar, Patrick. Répondre à ce message 14 juin - Naissance de notre force 18 juin 2016 - 18h58 - Posté par quelqu’un quelque part - 90.**.251.** ça va les chevilles ? Répondre à ce message 14 juin - Naissance de notre force 18 juin 2016 - 21h47 - Posté par 81.**.116.** je suis entièrement daccord avec cet article pour un vieux miltant comme moi plus de 60 ans je suis venu à la manif de paris parce que je pensais quelle serait insurrectionnelle je suis venu au devant gouter aux joies des gaz et du canon à eau ce que j’ai vu c’est une force en marche entre les soit disant casseurs et les manifestants paisibles quelque chose est en marche ce que j’attends depuis si longtemps est en train de se concrétiser , je pense que si le gouvernement interdit les manifs il va avoir une drôle de surprise et déclencher ce que l’on attend depuis si longtemps quelque chose d’insurrectionnel grâce à une jeunesse courageuse er remplie d’idéaux alors qu’ils interdisent les manifs qu’ils le fassent et ils verront ce que c’est le peuple des sans culottes et de la commune Répondre à ce message 14 juin - Naissance de notre force 19 juin 2016 - 08h28 - Posté par le concombre masqué - 80.**.58.*** Battez tambours, sonnez trompettes ... L’âge n’est pas toujours signe de raison. Répondre à ce message 14 juin - Naissance de notre force 19 juin 2016 - 09h12 - Posté par jean 1 - 92.***.74.*** Exactement et pour eux l’essentiel est de continuer à nous faire participer à leur farce électorale pour asseoir leur leur légitimité "démocratique" . Seule la révolution sociale et libertaire nous libérera et nous permettra d’inventer un monde nouveau initié en Espagne par les anarchistes de la FAI et les anarcho-syndicalistes de la CNT ou bien en Ukraine avec la makhnovtchina . Vite l’anarchie "le plus haut degré de l’ordre" selon Elisée Reclus . Répondre à ce message 14 juin - Naissance de notre force 19 juin 2016 - 10h20 - Posté par Nin - 92.***.128.*** et le POUM aussi...http://wikirouge.net/Parti_ouvrier_d'unification_marxiste &&&&&&&&&&&&&&&&& https://reporterre.net/Les-riches-detruisent-la-planete-A-bas-les-riches https://reporterre.net/Gilets-jaunes-le-dossier-pour-comprendre-la-revolte https://reporterre.net/Les-Gilets-jaunes-sur-les-Champs-Elysees-Pourquoi-on-ne-taxe-pas-les-riches Les Gilets jaunes sur les Champs-Élysées : « Pourquoi on ne taxe pas les riches ? » 26 novembre 2018 / Andrea Fuori et Nno Man (Reporterre) Samedi 24 novembre, des milliers de « Gilets jaunes » ont manifesté sur les Champs-Elysées. Leurs revendications ne sont pas tant contre les mesures écologiques que contre l’injustice fiscale. Reportage. Paris, reportage Samedi 24 novembre, la « plus belle avenue du monde » a un visage méconnaissable. À la place des touristes, une marée jaune fluo en colère. Au lieu des voitures, d’imposantes barricades. Les terrasses des cafés huppés sont désertes, leurs chaises en osier crépitent dans des brasiers de fumée noire. La fermeture des stations de métro, les 3.000 gendarmes mobilisés, le bouclage de tout le quartier n’auront pas suffi : dès la matinée, la foule déborde le dispositif et déferle sur une partie de cette avenue symbolique, à quelques centaines de mètres du palais présidentiel. Le Champ de Mars, proposé par le gouvernement, restera presque désert. Vers 9h30, la journée paraît mal engagée. Les réseaux sociaux mentionnent des groupes de manifestants nassés aux abords du dispositif. Au bout de la rue de Rivoli, les gendarmes mobiles bloquent l’accès à Concorde. Une petite foule hétéroclite scande « Macron, démission ! », « La police avec nous ! ». Le cordon de gendarmes tient, mais en une demi-heure, les petites grappes deviennent plusieurs centaines qui s’engouffrent dans les rues du 8e arrondissement et contournent la ceinture policière. « Où sont les autres ? Ou va-t-on ? Comment peut-on passer ? ». L’ambiance est confuse et les informations circulent avec peine. Mais le cortège improvisé grossit de minute en minute. Et la détermination est partagée. « On ne va pas se laisser dicter nos vies et où manifester ! », explique une manifestante prenant la rue pour la première fois de sa vie. Peu habitués aux mouvements sociaux, les gilets jaunes ne jouent pas selon les codes habituels des manifestations. Lorsque ce cortège improvisé arrive aux Champs vers 11 h, le tableau est sidérant. En bas de l’avenue, plusieurs milliers de gilets se massent près des forces de l’ordre. Il y a des banderoles, mais les drapeaux qui flottent sont principalement bleu-blanc-rouge. Dans le cortège, une grappe de cheminots chante « Tous ensemble, grève générale ! » ou « L’Internationale ». Mais on entend surtout les « Macron Démission ! » et la Marseillaise. Des quads et des scooters font rugir leur moteur sous les clameurs électriques de la foule. De quoi brouiller tous les repères. Lydia et Emmanuel : « On vivait mieux dans les années 80, maintenant, on doit tout compter. » « C’est la première fois qu’on vient manifester, on en a marre d’être taxés ! » expliquent Emmanuel et Lydia, conducteur d’engins de travaux publics et aide-soignante, venus tôt ce matin d’un petit village des Yvelines. « Avant on ne manifestait pas, mais cette fois on a touché le fond de la cuvette. On vivait mieux dans les années 80 que maintenant, où on doit tout compter. » Ils déplorent une politique qui a privilégié « les métropoles au détriment de la province. Chez nous, tous les commerces et services ont fermé. Le premier magasin est à 10 km. Un bus passe le matin, l’autre le soir. Comment faire sans la voiture ? » Rémi, cheminot retraité, est venu du Cher à l’aube : « J’ai fait partie de la CGT, mais les manifs du mouvement social s’épuisent. Là il y a de tout : droite, gauche, des cheminots, des postiers, des paysans, des artisans, toutes les classes confondues. Cette manifestation vient de la base, du peuple. » Difficile de classer la diversité des participants. Les gilets indiquent souvent l’origine des manifestants : « 77 nord », « 44 BZH », « 22 Côtes-d’Armor ». Mais aussi de Bordeaux, de Périgueux, Bretagne, Nîmes, de région parisienne, de Colmar, des Vosges, de Franche-Comté... Le « ras-le-bol » sur toutes les lèvres dépasse largement la question du carburant. Karim, 43 ans, n’a d’ailleurs pas de voiture : « Je suis là pour tout ceux qui n’arrivent pas à finir leur mois et manger à leur faim. Ce mouvement c’est une question d’humanité ! C’est le peuple qui est ici ! » Il regardait la journée sur sa télé puis est venu lui-même grossir les rangs en solidarité. « Nous sommes au SMIC quand d’autres se gavent. Moi je n’ai plus rien d’un homme : aujourd’hui je ne peux même plus offrir un café à un ami… » Partout, et malgré les gazages massifs des forces de l’ordre toute la journée, des petits groupes épars discutent, partagent leur situation. Jean, 72 ans, est « cultivateur retraité de pommes de terre » dans les Côtes d’Armor. Il n’avait plus manifesté depuis ses 25 ans. « Là on fait une overdose. J’ai mille euros de retraite par mois, comme la plupart des agriculteurs. Comme disait mon père, qui a fait 5 ans de captivité pendant la guerre : c’est pas assez pour vivre, trop pour crever de faim ! Vivre ce n’est pas juste se nourrir : on a aussi le droit de partir une semaine en voyage une fois par an découvrir quelque chose ! Là on ne peut plus. » Chez toutes les personnes interrogées on rencontre ce même malaise profond, celui d’une classe moyenne aux contours de plus en plus flous qui voit depuis une trentaine d’années le coût de la vie augmenter, les taxes progresser, les aides diminuer, ses salaires stagner. Et qui n’en peut plus de se sentir méprisée. La hausse des prix du carburant est un détonateur : « Pourquoi on taxe les plus pauvres sur le gasoil ? Pourquoi on ne taxe pas les riches ? Pourquoi on leur fait autant de cadeaux fiscaux ? » demande Stéphane, balayeur-nettoyeur de l’Essonne, qui bat aussi le pavé pour la première fois. Jean-Louis a la soixantaine, il est aide-soignant en EHPAD pour personnes Alzheimer à Colmar. Pour lui, c’est plus qu’un malaise : « Des maladies psychiatriques mettent parfois 30 ans à éclater. Ce mal-être des gens qu’on ne considère plus c’est cela qui explose aujourd’hui. Et je pense en France, les gilets jaunes, verts, rouges, peu importe la couleur, vont enflammer l’Europe ! » « Il y en a marre de faire semblant de faire de l’écologie ! » Les revendications sont bel et bien celles des mouvements sociaux, même si ce n’est pas le public habituel. Au risque d’une « l’infiltration par l’extrême-droite », comme le gouvernement le prétend ? Samedi dernier, une minorité de petits groupes organisés paraissaient être affiliés à l’extrême-droite, que ce soit le GUD, Civitas, ou d’autres, qui se regroupaient autour de drapeaux français à pointe... Mais pour Aurélie, peintre-décoratrice à Disneyland depuis 17 ans, c’est loin de résumer le mouvement. « C’est à nous gilets jaunes d’être présents et de faire respecter les mots d’ordres : pas de racisme, de sexisme, d’homophobie, de partis politiques ! L’extrême-droite, il faut l’endiguer par la parole. » Les agressions sur des automobilistes, la délation de migrants cachés dans des camions-citernes à Calais, les insultes homophobes et racistes ? « Ce sont des faits réels, mais minoritaires par rapport au nombre ! » À Montpellier, ce samedi, les gilets jaunes ont d’ailleurs fait une haie d’honneur à la manifestation « Nous Toutes » contre les viols et les violences sexuelles, qui se tenait en parallèle dans 50 villes en France. Et l’écologie alors ? Pour Vanina, qui arrive de Gray en Franche-Comté, c’est l’une des premières revendications. Cette maraîchère de formation « regrette le manque d’accompagnement pour la conversion en agriculture biologique, le fait qu’il soit impossible d’échanger les semences anciennes, que les cahiers des charges soient très contraignants... » Elle manifeste aussi pour la première fois dans ce mouvement de « ras-le-bol où tout le monde porte ses idées ». Valérie : « Il faudrait taxer les transports aériens, les paquebots des croisières, et les importations ! » Le financement de la transition écologique par la taxation du carburant ? « C’est un gros mensonge pour s’en mettre plein les poches ! Ce n’est pas en taxant le carburant qu’il faut financer la transition : il faut plutôt cibler les grosses entreprises ! » Valérie, infirmière syndiquée à FO, habituée des mouvements sociaux, dit la même chose : « Il faudrait taxer les transports aériens, les paquebots des croisières, et les importations ! » Bien souvent le sujet ne vient pas naturellement dans la discussion. Mais tous s’accordent à dire qu’il est important, voire prioritaire, sans pour autant exprimer une vision systémique. « Moi, je fais des petits gestes, j’ai mon jardin, un compost, par économie et par principes » explique Vanina. Stéphane raconte : « J’ai pris une hybride pour moins consommer de gasoil, réduit ma consommation d’eau et d’électricité. Nous on fait des efforts : que le gouvernement en fasse aussi ! ». Christine proclame : « On a promu le diesel pendant des années, parce que ça consommait moins, et maintenant il faudrait revenir en arrière : qu’ils s’en prennent directement aux constructeurs de voiture ! ». « Ils gazent le peuple ! La prochaine fois, on viendra équipés. » Si les manifestants scandaient le matin « la police avec nous ! », on entendait plutôt, l’après-midi, dans l’épaisse nappe lacrymale recouvrant les Champs et la place de l’Étoile, « Ils gazent le peuple ! », « Elle est où la démocratie ? Elle est morte ! », « Nous sommes en dictature ! ». Les témoignages de toutes les personnes que Reporterre a interrogé sont unanimes : ce sont bien les forces de l’ordre qui, dès le matin, ont ouvert les gaz. Radicalisant la plupart des manifestants pacifistes. Au beau milieu des gaz, Hervé (prénom changé), peintre en bâtiment, tousse et suffoque. « Je pensais que les policiers étaient gentils, mais c’est des ordures ! Ils gazent le peuple. Si je savais que c’était comme ça, je serais venu avec mes armes. Je suis chasseur. Plus on me fait du mal, plus on me durcit : avant j’étais tranquille mais la prochaine fois je vais investir dans des gants, un casque, des lunettes, pour revenir plus équipé ! ». Le ton de la journée était donné. Dés 12 h on pouvait donc voir, au beau milieu de l’avenue la plus célèbre de France, une centaine de personnes construire avec joie une grande barricade puis en enflammer certaine partie, avançant puis reculant au gré des charges policières. « C’était légitime ! » dit Valérie, « à cause de cette répression il y a eu beaucoup de pacifistes retournés. » Dispersés par les charges suffocantes, les manifestants ont joué tout l’après-midi puis en soirée au chat et à la souris dans tout le quartier. Qui eut cru que des barricades fleuriraient rue François 1er et avenue Georges V, au milieu de touristes interloqués et du train-train huppé des hôtels chics ? Mais si le dispositif policier a clairement été débordé, la plupart des vitrines des magasins de luxe sont restées intactes, à part quelques terrasses de bar et une boutique Dior et Givenchy. Pour la suite, les gilets jaunes interrogés ne comptent pas s’arrêter là. « Aujourd’hui, on a pris les Champs. C’était l’acte 2. Pour l’acte 3, on prendra l’Élysée ! » confie, à la nuit tombée, un manifestant réjoui sur l’avenue illuminée par les guirlandes de Noël, les gyrophares et les feux des barricades. Le prochain rendez-vous est appelé samedi prochain. Toujours sur les Champs. Les affrontements ont été violents, et un manifestant a eu une main arrachée par une grenade explosive, comme en a été témoin notre reporter photographe. &&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&& http://bellaciao.org/fr/spip.php?article160630 Gilets Jaunes : Un cahier de Revendications adressé à l’Assemblée Nationale lundi 3 décembre 2018 « Députés de France, nous vous faisons part des Directives du peuple pour que vous les transposiez en LOI... » Une liste de 42 revendications qui circule de plus en plus sur le net... Effectivement adressée à l’Assemblée Nationale, elle a le mérite d’exister et de mettre la classe politique au défi de répondre à des besoins simples et évidents qui sont concrètement les préoccupations de la plupart des gens des catégories populaires qui soutiennent le mouvement. D’une origine encore incertaine, elle reçoit l’approbation d’un grand nombre de blogueurs qui y voient la preuve éclatante que le mouvement des Gilets Jaunes n’est pas contrôlé par les fascistes ! Après de nouvelles recherches, voilà ce que l’on peut trouver : https://www.francebleu.fr/infos/societe/document-la-liste-des-revendications-des-gilets-jaunes-1543486527 C’est le seul lien qui évoque, de façon limitée et succincte, un éventuel historique de la genèse de cette liste revendicative. Elle est annexée en doc « scribd » jointe à l’article : https://fr.scribd.com/embeds/394450377/content?start_page=1&view_mode=scroll Je pense donc que c’est la référence qu’il faut utiliser, pour ne pas induire de manipulations politiques, d’où qu’elles viennent. Lepotier ********************** La liste des 42 revendications des Gilets Jaunes adressée à l’Assemblée Nationale : ************************** 1. Zéro SDF : URGENT. 2. Impôt sur le revenu davantage progressif (plus de tranches). 3. SMIC à 1300 euros net. 4. Favoriser les petits commences des villages et centres-villes. (Cesser la construction des grosses zones commerciales autour des grandes villes qui tuent le petit commerce) + de parkings gratuits dans les centres-villes. 5. Grand Plan d’Isolation des logements. (faire de l’écologie en faisant faire des économie aux ménages). 6. Que les GROS (Macdo, google, Amazon, Carrefour…) payent GROS et que les petits (artisans, TPE PME) payent petit. 7. Même système de sécurité social pour tous (y compris artisans et autoentrepreneurs). Fin du RSI. 8. Le système de retraite doit demeurer solidaire et donc socialisé. (Pas de retraite à point). 9. Fin de la hausse des taxes sur le carburant. 10. Pas de retraite en dessous de 1 200 euros. 11. Tout représentant élu aura le droit au salaire médian. Ses frais de transports seront surveillés et remboursés s’ils sont justifiés. Droit au ticket restaurant et au chèquevacances. 12. Les salaires de tous les Français ainsi que les retraites et les allocations doivent être indexés à l’inflation. 13. Protéger l’industrie française : interdire les délocalisations. Protéger notre industrie c’est protéger notre savoir-faire et nos emplois. 14. Fin du travail détaché. Il est anormal qu’une personne qui travaille sur le territoire français ne bénéficie pas du même salaire et des même droits. Toute personne étant autorisée à travailler sur le territoire français doit être à égalité avec un citoyen français et son employeur doit cotiser à la même hauteur qu’un employeur français. 15. Pour la sécurité de l’emploi : limiter davantage le nombre de CDD pour les grosses entreprises. Nous voulons plus de CDI. 16. Fin du CICE. Utilisation de cet argent pour le lancement d’une Industrie Française de la voiture à hydrogène (qui est véritablement écologique, contrairement à la voiture électrique.) 17. Fin de la politique d’austérité. On cesse de rembourser les intérêts de la dette qui sont déclarés illégitimes et on commence à rembourser la dette sans prendre l’argent des pauvres et des moins pauvres mais en allant chercher les 80 milliards de fraude fiscale. 18. Que les causes des migrations forcées soient traitées. 19. Que les demandeurs d’asiles soient bien traités. Nous leur devons le logement, la sécurité, l’alimentation ainsi que l’éducation pour les mineurs. Travaillez avec l’ONU pour que des camps d’accueil soient ouverts dans de nombreux pays du monde, dans l’attente du résultat de la demande d’asile. 20. Que les déboutés du droit d’asile soient reconduits dans leur pays d’origine. 21. Qu’une réelle politique d’intégration soit mise en œuvre. Vivre en France implique de devenir français (cours de langue française, cours d’Histoire de la France et cours d’éducation civique avec une certification à la fin du parcours). 22. Salaire maximum fixé à 15 000 euros [mensuel, ndlr]. 23. Que des emplois soient crées pour les chômeurs. 24. Augmentation des allocations handicapés. 25. Limitation des loyers. + de logement à loyers modérés (notamment pour les étudiants et les travailleurs précaires). 26. Interdiction de vendre les biens appartenant à la France (barrage aéroport…) 27. Moyens conséquents accordées à la justice, à la police, à la gendarmerie et à l’armée. Que les heures supplémentaires des forces de l’ordre soient payées ou récupérées. 28. L’intégralité de l’argent gagné par les péages des autoroutes devra servir à l’entretien des autoroutes et routes de France ainsi qu’à la sécurité routière. 29. Le prix du gaz et l’électricité ayant augmenté depuis qu’il y a eu privatisation, nous voulons qu’ils redeviennent publiques et que les prix baissent de manière conséquente. 30. Fin immédiate de la fermeture des petites lignes, des bureaux de poste, des écoles et des maternités. 31. Apportons du bien-être à nos personnes âgées. Interdiction de faire de l’argent sur les personnes âgées. L’or gris, c’est fini. L’ère du bien-être gris commence. 32. Maximum 25 élèves par classe de la maternelle à la Terminale. 33. Des moyens conséquents apportés à la psychiatrie. 34. Le Référendum populaire doit entrer dans la Constitution. Création d’un site lisible et efficace, encadré par un organisme indépendant de contrôle où les gens pourront faire une proposition de loi. Si cette proposition de loi obtient 700 000 signatures alors cette proposition de loi devra être discutée, complétée, amendée par l’Assemblée Nationale qui aura l’obligation, (un an jour pour jour après l’obtention des 700 000 signatures) de la soumettre au vote de l’intégralité des Français. 35. Retour à un mandat de 7 ans pour le Président de la République. (L’élection des députés deux ans après l’élection du Président de la République permettait d’envoyer un signal positif ou négatif au président de la République concernant sa politique. Cela participait donc à faire entendre la voix du peuple.) 36. Retraite à 60 ans et pour toutes les personnes ayant travaillées dans un métier usant le corps (maçon ou désosseur par exemple) droit à la retraite à 55 ans. 37. Un enfant de 6 ans ne se gardant pas seul, continuation du système des aides PAJEMPLOI jusqu’à ce que l’enfant ait 10 ans. 38. Favoriser le transport de marchandises par la voie ferrée. 39. Pas de prélèvement à la source. 40. Fin des indemnités présidentielles à vie. 41. Interdiction de faire payer aux commerçants une taxe lorsque leurs clients utilisent la carte bleue. 42. Taxe sur le fuel maritime et le kérosène. ************************** Le doc PDF original enregistré sur « Scribd » : Les-revendications-des-gilets-jaunes https://nousnesommesriensoyonstout.files.wordpress.com/2018/12/les-revendications-des-gilets-jaunes.pdf ******************* Également reprise sur NNSRST !, une autre approche, sur le thème "Vivre de son travail sans assistanat", à la fois plus générale et plus fondamentale, mais pas incompatible avec cette liste de revendications, donc : L’augmentation des taxes sur les carburants, c’est la goutte de trop qui a fait déborder le vase de la colère populaire. A travers tous les reculs sociaux subis ces dernières années dans tous les domaines, à commencer par celui des retraites, à travers toutes les hausses de prix imposées sur tous les éléments vitaux, alimentation, gaz, électricité, en plus du carburant, c’est bien la valeur du travail qui se trouve dépréciée pour toutes les catégories populaires, alors que les bénéfices financiers qu’elle génère ont explosé de manière exponentielle, malgré la crise, et creusé des inégalités énormes et carrément scandaleuses. Non contents de leurs privilèges exorbitants, les « têtes » du système se bourrent les poches au dépend du fisc tout en donnant des leçons de « civisme » aux simples citoyens, ce qu’illustre l’affaire Carlos Ghosn. Toutes les revendications exprimées par le mouvement des Gilets Jaunes se trouvent donc socialement justifiées et sont soutenues par l’immense majorité de la population. Totalement déconsidéré et délégitimé par son attitude arrogante et méprisante, le gouvernement Macron-Philippe devra tôt ou tard céder du terrain sur toutes ces questions. Pourtant, l’histoire des grandes luttes sociales du passé nous lègue une précieuse leçon : les victoires strictement quantitatives dans ces domaines sont des victoires sans durabilité si elles n’ouvrent pas la perspective d’une alternative au système. Il faut donc justement se rappeler que nous serons à nouveau dépouillés de nos maigres acquis tout neufs si nous n’allons pas dans une autre logique que celle, précisément, du système actuel. Au delà des revendications immédiates justifiées, c’est bien le rejet total du système actuel qu’exprime le mouvement des Gilets Jaunes. Ce rejet ne saurait se satisfaire d’un simple tour de passe-passe gouvernemental ou d’une dissolution de l’Assemblé Nationale ramenant au pouvoir les résidus des anciens partis politiques déjà rejetés en 2017 ! Ce que nous voulons conquérir réellement c’est la valeur sociale intégrale de notre travail. Les ouvriers de chez Renault, tout comme leurs camarades japonais et toutes les autres catégories de travailleurs ne s’échinent pas pour produire « l’argent de poche » des Carlos Ghosn et consorts, mais des voitures qui devraient d’abord et avant tout correspondre également aux besoins des travailleurs, comme le démontre la présente crise fiscale et écologique. Hors ce n’est pas le cas et les travailleurs ont besoin de véhicules économiques, écologiques, pratiques et solides, et non de voitures transformées en objets de consommation régulièrement jetables pour assurer les profits des actionnaires et des PDG prévaricateurs. Ils ont aussi besoin de transports en commun sûrs, économiques et écologiques pour pouvoir se passer de leur voiture partout où c’est possible Ce qui compte, dans le projet d’une alternative au système actuel, c’est donc bien d’abord la définition des besoins sociaux réels. Et cela, dans tous les domaines, tant en production de biens qu’en termes de services. C’est en fonction de ces besoins sociaux essentiels, définis démocratiquement, que doivent s’organiser les services, la production et le partage du travail, et non en fonction du bénéfice financier. Le travail partagé entre tous permettra à la fois de répondre aux besoins de tous et d’éliminer du même coup le fléau du chômage et du capitalisme. Ce n’est que sur cette base que peut s’établir la véritable valeur sociale du travail, dont les travailleurs sont actuellement dépouillés par le système en place. Cette valeur sociale du travail enfin établie sera la nouvelle valeur d’échange entre travailleurs permettant de refonder un nouveau système économique à la fois véritablement social et écologique. Collectif « Pour la valeur sociale du travail ! » valeursocialetravail DwQ protonmail.com ********************** Sur NNSRST ! : https://nousnesommesriensoyonstout.wordpress.com/2018/12/02/gilets-jaunes-un-cahier-de-revendications-adresse-a-lassemblee-nationale/ Gilets Jaunes : Un cahier de Revendications adressé à l’Assemblée Nationale 3 décembre 2018 - 12h02 - Posté par Raymond H C’est le début des Cahiers de Doléances (comme en 1789), pour autant, les bourgeois et, plus largement, l’appareil politico-médiatique, vont-ils entendre ce cri de révolte ? Répondre à ce message Gilets Jaunes : Un cahier de Revendications adressé à l’Assemblée Nationale 3 décembre 2018 - 12h48 - Posté par Raymond H En ce lundi 03/12, le gouvernement consulte les partis institutionnalisés (avec ou sans élus). Il veut s’assurer (pour se rassurer), de leur pleine et entière adhésion aux institutions (bourgeoise) pour isoler les Gilets Jaunes, quitte à lâcher à ces partis des bribes, des miettes. Comme par exemple, la diminution de la pression fiscale réclamée par LR alors même qu’il faudrait l’augmenter mais seulement sur les riches pour assurer le développement et la pérennité des services publics. Le mouvement est à un tournant et pourquoi pas, comme nouvelle forme de combat, initier des "marches de la pauvreté" vers Paris (à l’instar de la marche des beurs en 1983), qui partiraient des frontières du pays, ramassant sur son passage, tout ce qu’il y a de pauvres, de misérables et de mécontents contre le capitalisme ? Répondre à ce message Gilets Jaunes : Un cahier de Revendications adressé à l’Assemblée Nationale 3 décembre 2018 - 12h51 - Posté par phil Il manque tout de même une revendication importante : BAISSE MASSIVE DU TEMPS DE TRAVAIL. La seule mesure pouvant faire baisser le chômage. Répondre à ce message Gilets Jaunes : Un cahier de Revendications adressé à l’Assemblée Nationale 3 décembre 2018 - 16h19 - Posté par Marc ARAKIOUZO Ce document est DOUTEUX, 80 % d’idées mélenchonistes et 10 % de dupont-gnangnanisme marinelepeniste plus 10 % de n’importe quoi ! Rien contre le nouveau contrôle technique putassier ...etc. Méfiance de rigueur ! Le mouvement ne doit pas essayer de proposer des solutions à tous les problèmes mais se concentrer sur ses objectifs fondamentaux archi légitimes = pouvoir d’achat, justice fiscale, partage des richesses, éradication de la pauvreté + défense des droits et libertés contre l’état policier et la justice expéditive... En parlant *immigration" et "expulsions", ce texte piège les gilets jaunes et confirme les propagandes gouvernementales ... Il sert à mettre en scène une clique de RN + Debout la France dégueulasse dont les gilets jaunes ne veulent pas ! &&&&&&&&&&&&&&&& http://www.les7duquebec.com/7-au-front/reformer-ou-deformer-la-france/ Quand la réalité révolutionnaire dépasse la fiction macronienne 3 décembre 2018 Mesloub Khider Macron le réactionnaire et contre-révolutionnaire . Ironie de l’histoire, Macron aura été le suppôt de la Révolution. Cette Révolution sociale qu’il a vantée dans son ouvrage éponyme écoulé massivement dans les librairies. Sa Révolution tant magnifiée se résumait dans la destruction du modèle social français bâti au prix de batailles ouvrières séculaires. Sa Révolution est la première du genre à être initiée par l’État. Cet État au service de la classe dominante, propriété du capital mondialisé. Mais la Révolution de Macron a le goût amer de la réaction. Réaction bourgeoise contre le peuple, les classes populaires, contre le prolétariat, la classe révolutionnaire. Paradoxalement, elle se drape dans une phraséologie longtemps employée par le mouvement ouvrier bourgeois adepte du réformisme. Ce concept politique ennemi de la révolution et visant à contrer la révolution. Cette arme idéologique dépourvue de balles révolutionnaires réelles. Pour qui il n’est nullement question d’attenter à la vie du capitalisme, mais seulement de le braquer avec des armes factices (la démocratie parlementaire, l’électoralisme crétiniste) pour lui subtiliser quelques miettes sociales éphémères. Pour lui quémander quelques améliorations sociétales. Cette politique de collaboration de classes a été désignée sous le nom de réformisme. Car elle prônait l’amélioration des conditions de vie par les réformes mais en demeurant sous la dictature capitaliste. Réformer était donc synonyme d’évolution favorable de la situation sociale et économique du peuple. Néanmoins, la réalité actuelle nous le prouve, ces réformes concédées par l’État dans le cadre du capitalisme n’ont jamais eu un caractère pérenne. Ce qu’il accorde la veille, il le récupère le lendemain. Au sein du mode de production capitaliste tout est éphémère, transitoire, comme l’existence historique de ce mode de production appelé à disparaître. . Aujourd’hui, Macron, ce faussaire de la politique, a réussi le tour de force de falsifier ces deux concepts fondamentaux : Révolution économique-politique et Réforme sociale. Dans les deux acceptions, ces deux termes revêtaient des conceptions foncièrement progressistes, des connotations politiques positives. Sous la plume et la gouvernance de Macron, ces deux idéaux « socialistes » se métamorphosent en leur contraire : réaction politique et destruction sociale. En effet, la Macronie est parvenu à (nous) vendre la réaction politique sous l’emballage de la Révolution. Et à (nous) faire croire que ses mesures de destruction massive sociale et économique constituent des réformes. . Voici ce que le pouvoir de Macron désigne sous le nom de réformes : l’augmentation des impôts indirects concomitamment à la suppression de l’ISF, le transfert de l’argent public vers le secteur privé par la politique d’aide aux trusts et aux banques, accentuation des mesures antisociales, baisse des salaires et des revenus, suppression des aides sociales, ponction sur les retraites, démantèlement des hôpitaux publics, démolition des transports publics, destruction de l’école publique. Toutes ces « Réformes » sont décrétées, selon la propagande de Macron, pour sauver, sans rire, la planète (sic). Serait-ce sauver la planète ou sauver le capital français ? . Le gouvernement de Macron prétend œuvrer pour la sauvegarde du climat. Aujourd’hui, la véritable hantise du pouvoir de Jupiter, ce n’est pas la climatologie dont il se fiche souverainement, mais le climat politique et social subversif. Car l’explosion de colère est en train de fédérer toutes les révoltes, d’unir les luttes, de coordonner les énergies subversives, d’organiser le combat collectif du mouvement des Gilets jaunes. . Macron, qui a fait, par mépris intellectuel, de la Révolution son ouvrage de fiction politique, a redonné à la Révolution sa réalité. La Révolution est sortie de son livre pour se livrer réellement au peuple en lutte. La réalité révolutionnaire dépasse toute la fiction macronienne. Macron, face à la révolte du mouvement des Gilets jaunes, a le dos au mur. Il s’est lui-même embourbé dans sa politique sablonneuse : s’il recule, il démontre à la classe ouvrière qu’en se mobilisant par l’action directe dans la rue, en dehors des encadrements habituels professionnels stipendiés politiques et syndicaux, elle peut arracher des victoires glorieuses. S’il ne recule pas, le mouvement va s’approfondir, se radicaliser, s’enhardir. Et le peuple va devoir ainsi s’organiser en vue d’un affrontement assurément dangereux pour les classes possédantes. . Soyons clair cependant, Macron et son gouvernement ne sont pas maître de leur destiné. Le mandarin prestidigitateur est redevable à ses sponsors qui lui ont accordé ce poste honorifique accompagné d’un cahier des charges très strict auquel le spadassin ne peut échapper. Macron ne gouverne pas pour Macron mais pour une oligarchie de milliardaires prête à le sacrifier sans hésité comme elle le fit de Hollande et de Sarkozy avant lui. . Ainsi, ce tour de prestidigitation politique réformiste destructive a débouché sur l’agitation sociale subversive. Au reste, paradoxalement Macron a été imposé par le capital pour démolir tous les acquis sociaux. Par un retour de boomerang, sous l’instigation du mouvement populaire des Gilets jaunes porteur d’une plate-forme subversive, il est acculé à devoir appliquer des revendications sociale, économique et politique « socialistes-réformistes » jamais instaurées depuis la Commune de Paris. En d’autres termes, un programme apparemment révolutionnaire que les gauchistes et les syndicalistes n’auraient pu ni imaginer, ni imposer. Les 42 revendications envoyées par les Gilets jaunes aux députés et aux médias. Tout d’un programme politique progressiste, mais utopique puisque l’État capitaliste ne peut obtempérer et en cela ce programme devient « révolutionnaire » Macron prétendait incarner le mouvement de l’histoire. Le mouvement des Gilets jaunes lui a rappelé que c’est le peuple qui fait l’Histoire. &&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&& https://reporterre.net/Les-Gilets-jaunes-a-Paris-C-est-malheureux-mais-sans-violence-rien-ne-change Les Gilets jaunes à Paris : « C’est malheureux, mais sans violence, rien ne change » 3 décembre 2018 / Andrea Fuori et Nno Man (Reporterre) Samedi, la vindicte populaire portée par les gilets jaunes a multiplié les feux partout en France et notamment à Paris, où plusieurs cortèges ont défilé : Justice pour Adama et étudiants, CGT, cheminots… Paris, reportage « Pour moins que cela, on a coupé des têtes. » Un tag sur l’Arc de triomphe résume l’ambiance révolutionnaire et irréelle qui flottait sur Paris samedi 1er décembre lors de « l’acte III » des gilets jaunes. Voitures calcinées, boutiques de luxe pillées, véhicules de police attaqués, tractopelle réapproprié, lampadaires à terre, avenues chics barricadées, affrontements place de l’Étoile… : ce n’est pas le drapeau rouge mais le jaune fluo de la sécurité routière qui est devenu l’étendard d’une colère quasi-insurrectionnelle. Le gouvernement, en bunkérisant les Champs-Élysées par 4.000 gendarmes mobiles contrôlant sacs et identités, croyait priver le mouvement du foyer principal de sa révolte : il a multiplié les feux partout à Paris et en France. En immobilisant les gendarmes autour d’un seul symbole de la République, il a offert le reste de la ville à la vindicte populaire. « Cette fois on est venus en famille avec des masques à gaz ! On a tiré les leçons de la semaine dernière ! » explique Claude, retraité, venu de Provins avec ses enfants –- tout aussi équipés. Vers 10 h, comme la semaine dernière, la place de l’Étoile est plongée sous un épais brouillard de gaz lacrymogènes. Mais cette fois, quelques centaines de personnes seulement sont allées sur les Champs en se pliant aux contrôles policiers. Le reste des manifestants se massent par milliers près de chaque barrage –- avenue de Friedland, de Wagram, etc. « J’ai plus de 60 ans, j’ai fait des manifs, mais je n’ai jamais vu ça : nous gazer alors qu’on est pacifiques ! On arrive dans un pays où on nous impose une dictature ! » Les forces de l’ordre, installées depuis l’aube, emploient gaz, grenades assourdissantes et même flash-ball. Tout le quartier des Champs-Élysées est mité de barrages et de grilles anti-émeutes. « La prochaine fois ce sera quoi, ils vont bloquer tout Paris ? » maugrée une manifestante. Les charges des gendarmes succèdent aux contre-charges d’une partie de la foule, de plus en plus énervée, galvanisée par des « Ahou ! », « Macron démission », ou quelques Marseillaises. « Quand Macron dit “je ne céderai jamais”, il appelle à ce qu’on s’insurge ! » s’énerve Jacqueline, retraitée arrivée de Sarthe. Jacqueline et Renan « En 68 j’avais 12 ans, je ne pouvais pas manifester : eh bien maintenant on y est ! assène-t-elle. Il faut y aller, il ne faut pas laisser faire. On n’est pas là pour nous mais pour défendre nos enfants et nos petits-enfants, leur droit à vivre ! On ne cédera pas : s’il faut passer Noël sur les ronds-points, on le fera ! » Chez tous les gilets jaunes interrogés ce matin, plus personne ne parle directement des taxes et des carburants. La révolte semble s’être élargie. Amin, Jamel et leurs collègues sont venus de Seine-Saint-Denis et des Hauts-de-Seine. « On vient grossir les rangs du mouvement. Cela concerne tout le monde, pas seulement des gens de province. Nous, on a des salaires convenables mais on est solidaires : le système est à bout de souffle ! On taxe les plus pauvres, à côté on retire l’ISF... Ça n’a aucun sens », explique Amin. Jamel regarde les affrontements d’un air grave : « Cela rappelle 1789, de la fumée partout, et des portables à la place des fourches ! » Jean, un de leurs amis, était « anti-gilets jaunes » il y a trois semaines. « Je suis écologiste convaincu ! Mais j’ai compris que c’était de l’hypocrisie totale : ils augmentent le prix des carburants mais Total ne paie aucune taxe et peut faire des forages comme il veut en Guyane ! Ici les gens ne bougent pas juste pour leurs porte-feuilles, c’est une accumulation de déceptions. Il faut que ce mouvement se soulève partout en France et en Europe. » La question écologique revient spontanément chez beaucoup des manifestants interrogés ce samedi. Vincent et Claudia, qui prennent la rue également pour la première fois, ont fabriqué leur gilet « jaune et vert » et portent en boutonnière le coquelicot du mouvement contre les pesticides. « L’écologie est le fondement de tout, mais le nerf de la guerre, c’est l’argent et le profit : tant qu’il y aura du profit, il n’y aura pas de respect de la planète et de l’humain. Toutes ces problématiques sont liées. On a créé un groupe Facebook pour réunir ceux qui partagent ce point de vue. » Vincent et Claudia Vers 12 h 30, l’Arc de triomphe est envahi après un recul du dispositif. Toute la journée des affrontements s’y dérouleront et déborderont sur les avenues huppées, dont l’avenue Foch, réputée pour abriter les plus grandes fortunes. Mais la couverture spectaculaire des violences a occulté l’autre enjeu de la journée : les alliances et les convergences avec les autres secteurs. « Maintenant, les quartiers populaires vont se sentir légitimes à rejoindre le mouvement » Le comité Justice pour Adama Traoré appelait à une grande manifestation à 13 h pour mettre « les quartiers en gilets jaunes », et pousser les autres forces des mouvements sociaux à franchir le pas. Le rendez-vous était fixé à la gare Saint-Lazare. À 13 h 30, sur le parvis de la gare, on compte quelques centaines de personnes qui ont répondu à l’appel du collectif. Ça et là des autocollants « gilet jaune antiraciste » ou « gilet jaune antisexiste » sont collés sur les gilets clairsemés. Le cortège s’élance, rythmé par la Fanfare invisible, et, après un moment de flottement, agrège très vite des milliers de gilets jaunes fuyant les gaz de l’Étoile, emmenés par un cortège d’une cinquantaine de cheminots, criant « Macron nous fait la guerre, et sa police aussi ! Mais on reste “déter’” pour bloquer le pays ! ». Youcef Brakni, porte-parole du comité Justice pour Adama, est satisfait. « C’est une démonstration de force : on a pu mobiliser des milliers de personnes en quelques jours pour faire entendre les revendications des quartiers populaires contre les violences policières, le racisme systémique, et pour l’égalité ! » Pour lui, les problématiques des quartiers populaires sont similaires à celles des territoires ruraux délaissés, et pire encore. « Dans nos quartiers on a 40 % de chômage, on fait face à un racisme systémique, et vit les mesures ultra-libérales en dix fois plus fort depuis quarante ans ! Avec les Gilets jaunes, l’enjeu est l’alliance autour d’objectifs communs : la démission de Macron, l’égalité pour tous ». Alors que le mouvement des gilets jaunes est souvent dépeint comme raciste et homophobe, l’initiative du comité Adama est un symbole. « Il ne faut pas être spectateur mais prendre la rue pour donner une couleur antiraciste au mouvement des gilets jaunes, ne pas laisser le terrain à l’extrême-droite et aux revendications anti-migrants ! Maintenant qu’on a appelé, le reste des quartiers vont se sentir légitimes à rejoindre le mouvement. Cela va aussi pousser le reste du mouvement social à suivre. ». Assa Traoré marche en tête du bloc Justice pour Adama : t-shirt jaune du comité et gilet jaune par-dessus. Assa Traoré. Arpad, en licence d’histoire à Strasbourg, est venu dans le bloc étudiant. « Il ne faut pas rester sur des revendications étudiantes sectorielles : la colère est générale. La vie chère touche tout le monde, y compris les étudiants. » Alors qu’une nouvelle mobilisation contre la hausse des frais d’inscription des étudiants étrangers hors UE se tenait le même jour, « il ne faut pas s’enterrer dans nos facs, mais mettre tous les secteurs dans la rue. » Arpad Les porosités commencent à s’intensifier : « À Strasbourg, Lille, Nantes, Paris, des étudiants mobilisés réfléchissent à rejoindre les gilets jaunes. » Le 30 novembre une trentaine de lycées en France étaient bloqués, pour protester contre le système Parcours Sup et la réforme du bac. Parfois en solidarité avec les gilets jaunes. Pour l’étudiant : « ce gilet, il faut le mettre, et apporter nos revendications au mouvement. » Le cortège est un mélange étrange d’un public habitué aux manifestations et d’une moitié de manifestants arrivés de l’Étoile. À sa tête flottent le drapeau noir, le drapeau français, le drapeau arc-en-ciel pacifiste, le drapeau de la Normandie, ou encore une banderole du Comité de libération et d’autonomie queer - « feignasses x fièr-es de l’être ! » Cette foule hétérogène finit par rejoindre Rivoli, où un cordon de gendarmes mobiles les bloque, les asperge de canon à eau et de gaz lacrymos –- qui finissent même sur les balcons des immeubles cossus. Torya, porte un gilet orange « SNCF ». Comme samedi dernier, cette cheminote de Paris-Est et de Sud Rail est venue avec une cinquantaine de collègues du « collectif inter-gare ». « J’essaie de faire des ponts entre les groupes de gilets jaunes et les cheminots, car nous avons des revendications communes, notamment sur la défense des services publics », explique-t-elle. « Nos pratiques aussi se rapprochent : à Nice par exemple, les Gilets jaunes se structurent peu à peu en assemblées générales égalitaires. » Torya « On apporte un point de vue ouvrier sur certaines de leurs revendications parfois anti-sociales, comme la ’baisse des charges’ ou le ’refus de l’assistanat’. Eux nous bousculent sur nos modes d’action. » poursuit-elle. Avec les autres, elle a fait grève pendant 3 mois au printemps 2018 : « Une défaite ! Les directions syndicales qui négocient avec le gouvernement ou le patronat nous tuent ! Le mouvement des gilets jaunes est spontané, il refuse ces représentants qui parlent à la place des gens sur le terrain. Leurs manifestations sont non autorisées alors que nous on est toujours bien gentils et disciplinés. C’est un exemple, une leçon à regarder avec humilité. » La question qui revient chez tous les syndicalistes interrogés est la même : la grève. « La chose qui nous différencie avec les gilets jaunes ? Eux bloquent des ronds-points mais n’arrêtent pas le travail comme en 68. Moi, pour descendre dans la rue je fais grève. Il faut qu’on arrive à amplifier ce mouvement par une grève générale. C’est un scandale que les directions syndicales n’appellent pas encore. » La direction de la CGT, qui se tenait à distance des gilets jaunes au début du mouvement, a tenté un rapprochement timide en appelant samedi 1er « l’ensemble du monde du travail à se mobiliser, quelle que soit la couleur du gilet » pour sa manifestation contre le chômage et la précarité, prévue de longue date. Samedi, pourtant, son défilé Répu-Bastille n’a pas cherché à rejoindre les champs et le rouge y restait la teinte écrasante. À 17 h, alors que, rue de Rivoli la foule se clairsème ou rejoint l’Étoile, tandis que les pompiers — applaudis — finissent d’éteindre le feu sur une voiture de police banalisée, un manifestant reçoit un texto : « Ça crame rue de la Paix ! » La troisième partie de la journée commence. Sur place, une longue traînée de fumée noire ensevelit les dorures de la place Vendôme jusqu’à celles de l’Opéra. Elle s’envole de nombreuses petites barricades crépitantes de sapins de Noël. Des dizaines de manifestants les alimentent avec ce qu’ils ont sous la main : poubelles, trottinettes en libre accès, tuyaux de chantier. Un passant interpelle une gilet jaune : « Vous devriez manifester pacifiquement, sinon vous aurez l’opinion contre vous ! ». Elle répond : « C’est malheureux mais si il n’y a pas de violence il n’y a aucun changement ! Vous croyez que ça s’est passé comment en 1789 ? La première des violences c’est la politique antisociale de Macron ! » Un autre renchérit : « les feux expriment la colère, ce ne sont pas des casseurs mais des gilets jaunes qui s’énervent à force d’être gazés et méprisés ! » À 18 h, l’air est à nouveau respirable sur la place de l’Opéra. Des pompiers qui ne savent plus où donner de la tête éteignent les feux un par un – mais il semble toujours s’en allumer d’autres ailleurs dans le quartier. Soudain un gilet jaune crie « À la Bourse ! Tous à la Bourse ! » Un cortège de deux-cent personnes, avec et sans gilets, s’engouffre dans la rue du Quatre Septembre. En quelques minutes il double de taille et avance aux cris de « Ah, anti, anticapitaliste ! » et « Paris debout soulève-toi ! ». Arrivés devant le palais Brongniart, ancien siège de la Bourse de Paris, les manifestants marquent un temps d’arrêt, comme sidérés par leur propre audace. Aucune force de l’ordre n’est présente. Seule une grille est à franchir pour atteindre ce vieux symbole de la finance. Poussée, tirée, elle tombe. Une quarantaine s’engouffrent, attaquent les portes vitrées de l’imposant édifice, rentrent dans les bureaux. D’autres prennent des sapins posés sur la place pour s’en servir de combustible. « Arrêtez, c’est pour une association ! » crie quelqu’un. Ils sont reposés fissa et le cortège repart en vitesse. Après un arrêt confus devant l’Hôtel de Ville illuminé et tout aussi désert de forces de police, il finit par se disperser à la Bastille vers 19 h 30. Toute l’après-midi et la soirée ces scènes d’émeute se répéteront dans la moitié nord de la ville-Lumière. Comme si ces foules incontrôlées avaient voulu déterrer l’héritage de la tradition révolutionnaire. 20 h 30. En lisière de l’Étoile, un calme étrange est revenu sur le carrefour de Saint-Augustin dans le 8e. L’odeur du plastique brûlé et des lacrymos flotte partout. Les voitures slaloment pour éviter les restes de barricades fumantes. Des fourgons de police traquent quelques bandes de jeunes qui semblent s’attarder. Une soixantaine de gendarmes bloquent le boulevard Haussmann et protègent les vitrines rutilantes du Printemps. À côté, celles de la BNP, de Monoprix, d’HSBC, et tant d’autres sont ravagées. « C’est pas moi qui vais les plaindre ! » marmonne un passant. Un conducteur de scooter contemple le tableau : « On dirait que les Français se réveillent... Et peut-être même plus que prévu ». Il sourit. Le prochaine épisode de la révolte des gilets jaunes s’annonce samedi 8 décembre sur Facebook. « Nous irons tous chercher [le président Macron] comme il l’avait demandé. Il faut qu’il assume. » C’est aussi samedi qu’est prévue une grande marche pour le climat. EN PROVINCE AUSSI De nombreuses manifestations de Gilets jaunes se sont déroulées samedi, souvent émaillées d’affrontements avec la police. A Bordeaux, Marseille, Poitiers, Saint-Étienne.... et à Toulouse, comme nous le racontons ici. &&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&& https://www.bastamag.net/Gilets-jaunes-L-ecologie-c-est-un-combat-de-riches-alors-que-cela-devrait-etre Gilets jaunes : « L’écologie, c’est un combat de riches alors que cela devrait être un combat populaire ! » par Emmanuel Riondé, Simon Gouin 5 décembre 2018 Basta ! est allé à la rencontre de gilets jaunes qui tiennent et animent des points de blocage en Normandie, près de Caen, et dans l’agglomération toulousaine. Ils sont retraités, anciens cadres, intérimaires, plombiers ou travaillent à l’hôpital. Certains ont déjà participé à des mouvements sociaux, d’autres non. Tous et toutes incarnent ce mouvement social inédit, et y voient une manière de reprendre la main sur leur vie, sur la politique, de retrouver un pouvoir d’agir : « Avec les gilets jaunes, les gens ont à nouveau une vision d’avenir. » Reportage. Photo : Place de l’Étoile, Paris, le 24 novembre / © Cyrille Choupas [1]. « Attendez, je vais vous amener voir qui il faut... » Dans la zone de Lespinasse, où se trouve le dépôt pétrolier de Toulouse, au nord de la ville, des barrages filtrants sont établis depuis plusieurs semaines sur les rond-points. Le premier gilet jaune croisé fait le guide jusqu’au cabanon bricolé abritant thermos de cafés, croissants et autres victuailles apportées par des automobilistes solidaires. Un feu vif consume des palettes. La file de véhicules s’étire. Les klaxons des routiers, pouces levés, en soutien, retentissent. Raymond Stocco, 64 ans, cadre retraité de l’aéronautique, est l’un des initiateurs de ce point de blocage stratégique. Mobilisé depuis plus d’un an pour « donner de la visibilité aux retraités », à leurs revendications sur la « non-augmentation des pensions de retraites » et face à leurs « pertes financières », Raymond a pris langue avec les gilets jaunes toulousains au début du mois de novembre. Et a aussitôt fait passer son message : « Pour être efficace, il faut des blocages économiques, il n’y a que ça qui pourra faire pression sur le gouvernement. » « On se bat parce qu’il y a des gens qui crèvent de faim » Depuis, devenu « référent » du blocage de Lespinasse, Raymond Stocco tâche d’être là tous les matins dès 4h30 et jusqu’au soir. « Entre les retraités, les chômeurs et les temps partiels qui sont très nombreux dans le mouvement, on peut s’organiser en trois-huit », sourit-il. Lui qui appartient à la première catégorie, après « une carrière à l’international », ne semble pas être particulièrement dans le besoin. « On se bat parce qu’il y a des gens qui crèvent de faim, l’intérêt général doit primer », lance-t-il. Le bonnet rouge qui lui recouvre la tête lui a été offert par un cadre breton qu’il a « aidé » à monter un dossier prud’hommal lors de son « court passage syndicaliste » entre 2008 et 2010 à la CFDT. « Lors du conflit sur les retraites en 2010, au bout d’un moment, la hiérarchie a souhaité faire en sorte que le mouvement s’arrête. Je me suis rendu compte qu’en réalité, on nous demandait avant tout de générer des adhésions qui ne servaient qu’à une chose : la représentativité qui valait à chaque syndicat un chèque plus ou moins gros de l’État. Moi, je voulais que les CHSCT, les délégués du personnel, etc., aient des formations juridiques. On m’a répondu que je n’étais pas là pour ça. » Fin de l’expérience syndicale pour Raymond qui nourrit une défiance au moins aussi grande à l’égard des formations politiques, « lâches, menteuses, sournoises et manipulatrices ». Seul Jean Lasalle, dont il ne partage pas les convictions politiques, trouve grâce à ses yeux. « À part lui, il n’y a personne que j’ai envie de respecter. » Le 21 novembre, le député et ex-candidat à l’élection présidentielle, ancien de l’UDI et du Modem devenu indépendant, s’était présenté en gilet jaune à l’Assemblée, provoquant une suspension de séance. Impacter les gros pollueurs « Ok pour qu’on ait des porte-parole mais je demande à ce qu’ils soient apolitiques, non syndiqués et intègres. On est un groupe citoyen avant tout », insiste Raymond Stocco. En attendant que se structure un peu le mouvement, le retraité a pris l’initiative d’un petit « sondage » imposé aux automobilistes sur le rond-point. Avec deux questions : « Êtes-vous satisfait de la réponse de monsieur Macron ? » et « pouvez-vous clôturer vos fins de mois normalement ? » À la seconde, il assure que « 99% des gens répondent non ». À la première, il dit entendre de nombreuses « réponses très violentes. Les moins durs disent que Macron est un con et je reste poli... Il y a une haine, une amertume envers les élus qui est vraiment très forte. Et un besoin de parler : beaucoup coupent leurs moteurs pour discuter avec nous. Tout le monde n’est pas sur facebook ! » Rond-point de Lespinasse, près de Toulouse / © Emmanuel Riondé Quid de la transition écologique, argument mis en avant par le gouvernement pour justifier la taxe carburant qui a mis le feu aux poudres ? « Ça pourrait être une belle chose mais le gouvernement aurait dû commencer par impacter les gros pollueurs, les porte-conteneurs, les avions. Ici à Toulouse, on est concernés : ils lâchent du kérosène en plein air quand ils sont en surcharge avant d’atterrir, on le respire [2]. C’est pas logique que ce soit les petits contribuables qui soient pénalisés pour cette pollution bien réelle des grands groupes. » « Avec les gilets jaunes, les gens ont à nouveau une vision d’avenir » À Caen, le dépôt pétrolier du Calvados, qui approvisionne la Normandie en essence, est aussi un lieu stratégique de blocage. Au bout de la petite route qui y mène, une vingtaine de gilets jaunes sont rassemblés. Au pied du rond-point, une cabane a été dressée par l’un d’entre eux « qui a traversé la rue et est devenu architecte », plaisante un gilet jaune, faisant référence à la déclaration d’Emmanuel Macron. Devant le campement, un panneau invite les automobilistes à s’arrêter prendre un café. Quelques palettes, un feu de bois, des paquets de gâteaux, du jus d’orange et un sapin de Noël avec des branches de bois. Et un bouillonnement d’idées à propos de leur organisation et de leur stratégie politique. Ici, on cherche une salle pour accueillir une assemblée générale ; là, on parle de renforcement des points de blocage ; à côté, on évoque la possibilité de porter plainte pour destituer Emmanuel Macron. Dylan, un intérimaire de 24 ans, est présent parce que sa grand-mère ne s’en sort pas. « Elle ne sait pas comment elle pourra changer sa chaudière, dit-il. Un plein de courses, aujourd’hui, c’est 100 euros. » Avec le mouvement, le jeune homme s’est intéressé pour la première fois à l’histoire politique de son pays. « Alors que le pays est à feu et à sang », il y voit une grande solidarité et un espoir de changement. « Le mouvement, s’il réussit, a pour but de profiter à tout le monde. » « Avec les gilets jaunes, lance une autre personne, les gens ont à nouveau une vision d’avenir. Avant, il n’y avait qu’un "au jour le jour". » « Les riches et les pauvres vivent dans des bulles totalement séparées » À quelques mètres de là, Timoléon Cornu est devant une file de camions stoppés pour une dizaine de minutes. « L’or noir, c’est le nerf de la guerre », explique le jeune-homme, devenu l’une des figures du mouvement calvadosien. « Le problème de notre société, c’est que les riches et les pauvres vivent dans des bulles totalement séparées. L’égalité, je ne la vois nulle part. Nous voulons faire en sorte que ces bulles s’entrecroisent, se rencontrent. Il faudrait avoir des représentants des gilets jaunes à l’Assemblée, pour redonner un peu de pouvoir au peuple. » Graffiti à Paris, lors de la manifestation « Acte 2 » du 24 novembre / © Serge d’Ignazio Timoléon Cornu vit à la campagne, à une trentaine de minutes au sud de Caen. Il travaillait depuis cinq mois dans la plomberie et le chauffage collectif quand le mouvement des gilets jaunes a démarré. Après une blessure à la cheville sur un terrain de football, son contrat d’intérim n’a pas été renouvelé. Pas de dette, pas d’enfants, Timoléon a quand même été obligé de retourner vivre chez sa mère après la rupture de son contrat. « Mentalement, c’est éprouvant », dit-il. « Chez nous, c’était l’assiette avant les baskets », raconte-t-il à propos de son enfance. Au lycée, le jeune homme a manifesté contre le CPE (contrat première embauche, un sous-contrat de travail précaire réservé aux moins de 26 ans, abandonné après sa promulgation, en 2006), puis contre la loi Pécresse. Depuis, il ne s’est pas mobilisé et éprouve lui-aussi une certaine méfiance envers les syndicats, même s’il estime qu’ils pourraient être « des alliés de poids ». Ici, la politique se fait « à partir des besoins fondamentaux du peuple. » « Les partis politiques sont élus pour protéger les gens qui les ont mis là, estime une gilet jaune. Tel lobby, tel mec plus haut, tel copain du copain. Ils ne sont pas là pour nous, mais pour maintenir le peuple en bas. » « Quand vous crevez la dalle, vous pensez avant tout à votre estomac » « Je ne suis pas contre le fait de payer des taxes, poursuit Timoléon. Mais comment sont-elles redistribuées ? Où vont-elles ? » Le jeune-homme estime que les impôts devraient financer des transports alternatifs, des petites lignes ferroviaires départementales. « Chez moi, il y a seulement deux bus le matin, deux bus le soir, raconte Chloé Tessier, une autre figure des gilets jaunes normands. Comment fait-on au milieu ? Cela ne me fait pas plaisir d’avoir un vieux diesel qui pollue. Mais est-ce que c’est mieux d’avoir une voiture électrique dont un gamin a donné sa vie pour la fabriquer et qu’on ne sait même pas recycler ? » Malgré leurs réflexions personnelles sur le sujet, les deux porte-parole reconnaissent que l’écologie n’est pour l’instant pas prioritaire dans les discours d’une majorité de gilets jaunes. « Quand vous crevez la dalle, vous pensez avant tout à votre estomac. L’écologie, c’est pour l’instant un combat de riches alors que cela devrait être un combat populaire ! » Une personne âgée s’approche du petit groupe pour donner un billet de 20 euros. « C’est pour vous soutenir », explique-t-elle. Des sacs de course sont aussi régulièrement déposés. L’épineuse question de la structuration Au pied du point de blocage du dépôt de carburant, la situation se tend. Face aux CRS, un petit groupe qui bloquait en amont de la route se replie vers le rond-point. À Caen, les gilets jaunes présents sur le terrain sont au final assez peu nombreux par rapport au mécontentement exprimé sur les réseaux sociaux, où des groupes rassemblent des milliers de citoyens. « 7000 messages sont en attente de validation, explique une modératrice de l’une des pages. On supprime les insultes, les menaces et les propos racistes. » La question de la structuration du mouvement est désormais au cœur des préoccupations. « Il faut qu’on élise des ambassadeurs, suggère Timoléon Cornu. Certains veulent la destitution de Macron : qu’est-ce qu’on va faire ensuite ? On aura une autre calculatrice au pouvoir ? Nous devons parvenir à créer des commissions : sur la CSG, la revalorisation salariale, avec des juristes et une bonne méthodologie. Nous devons arriver avec des chiffres, des dossiers, des propositions… pour apporter tout cela dans l’hémicycle. » « La différence avec les syndicats, c’est que nous, on ne s’arrêtera pas » Au culot, les deux gilets jaunes ont obtenu un rendez-vous à la préfecture. « Je leur ai dit : "Je suis le dernier rempart contre les gens qui vont foutre le feu" », raconte Chloé Tessier qui a connu elle-aussi les mobilisations contre le CPE. Le lendemain, elle était reçue par deux sous-préfets. « Le peu de structuration est aussi notre force, indiquent les deux porte-parole improvisés. Puisque c’est un mouvement populaire, on ne peut pas déclarer en préfecture tous nos événements. » Samedi 1er décembre, après une marche dans le centre de Caen, des dizaines de gilets jaunes ont bloqué Mondeville 2, l’un des principaux centres commerciaux de l’agglomération. Mardi 4 décembre, les CRS ont évacué le point de blocage du dépôt de carburant. Retour dans le sud-ouest. À Narbonne, Nathalie, jointe au téléphone, a rallié le mouvement dès le début. Âgée de 45 ans, elle travaille en milieu hospitalier depuis deux mois après avoir été pendant des années dans la sécurité incendie. Nathalie attendait « depuis longtemps que le peuple français se réveille un peu face à des dirigeants méprisants et irrationnels ». Jamais engagée dans une formation politique ou syndicale, elle n’a pas hésité à rejoindre les gilets jaunes : « La différence avec les syndicats, c’est que, nous, on ne s’arrêtera pas. » « Cela ne s’arrêtera pas avec Noël et le nouvel an » « Personne ne nous dit quoi faire, poursuit-elle. C’est le peuple qui se représente lui-même. C’est un lieu où l’on rencontre toutes les classes sociales, des artisans, des RSA, et où tout le monde porte sa propre croix, en quelque sorte. » Ne pas s’arrêter, mais pour atteindre quel objectif ? La réponse fuse du tac au tac. « On veut la destitution du gouvernement. Après, ce sera une chose à réfléchir... Mais pourquoi pas retourner la Ve République qui nous tue tous les jours. Ce qui est sûr c’est qu’on fera tout ce qu’on peut pour destituer ce gouvernement. Et ça ne s’arrêtera pas avec Noël et le nouvel an. » Manifestants gilets jaunes à Paris, le 1er décembre / © Serge d’Ignazio Sans enfants, très déterminée, elle rejoint les gilets jaunes dès qu’elle quitte le travail et y passe le plus de temps possible. « On tourne, on se relaie, certains y passent des nuits », raconte-t-elle, louant « l’élan de solidarité » qu’elle observe dans le mouvement. « Ça se structure lentement, c’est bien, on apprend à se connaître. Nous sommes des gens équilibrés, avec des amis, des familles, des parents. On veut aussi un peu de vie, on ne peut pas être pris tout le temps. » « Nous on mange des miettes, mais si on ne fait rien, les générations futures, elles, n’auront même pas ces miettes » Pour Nathalie, les gilets jaunes « n’ont aucun syndicat, aucun parti » et ne sont « pas de gauche, pas de droite, pas d’extrême-droite ». Elle se méfie de la « propagande » qui, selon elle, relaie les dérapages racistes observés sur quelques points de blocage depuis le début du mouvement. « On essaie de garder les personnes intéressantes et d’écarter celles qui le sont moins. On n’est pas des SDF, ni des révolutionnaires... » Ces derniers n’auraient-ils pas leur place dans le mouvement ? « Si, si, au contraire, tout citoyen est pris en compte selon sa situation, y compris ceux qui n’ont rien, répond-elle. Mais je dis ça parce que c’est ainsi que certains essaient de nous présenter, mais on n’est pas n’importe qui. » Le 24 novembre, Nathalie était à Paris et ce qu’elle y a vu n’était « pas joli » : « Des enfants, des femmes, des femmes âgées qui se sont fait gazés gratuitement ! On n’a rien compris à ce qui nous arrivait. » Pour autant, assure-t-elle, elle n’en veut pas à la police, qu’elle « soutient ». Tout comme le comité Adama (du nom d’Adama Traoré, décédé lors d’une interpellation policière à Beaumont-sur-Oise, en 2016) qui a appelé à se joindre au mouvement le 1er décembre à Paris et dont elle apprend l’existence. « Nous les soutenons aussi, nous sommes contre les violences gratuites. » En l’occurrence, ce sont surtout celles du système actuel qui l’inquiètent : « Je n’ai pas d’enfants mais j’ai des neveux et nièces qui sont aussi dans la rue. Nous on mange des miettes, mais si on ne fait rien, les générations futures, elles, n’auront même pas ces miettes... » Simon Gouin (à Caen) et Emmanuel Riondé (à Toulouse) Notes [1] Voir également son portfolio publié par la revue Ballast. [2] Le délestage de carburant par des avions de ligne avant d’atterrir est légal et encadré par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), qui assure que ces délestages demeurent « exceptionnels ». &&&&&&&&&&&&&&&&&&&& 6 décembre 2018 http://bellaciao.org/fr/spip.php?article160661 https://www.revue-ballast.fr/gilets-jaunes-carnet-dun-soulevement/ Trois semaines de mobilisations, partout en France ; quatre morts et plus de 1 600 arrestations ; un seul mot d’ordre : « Macron démission ! » Nous nous sommes rendus dans le Loiret, les Yvelines, la Mayenne et la capitale ; nous avons observé, écouté, noté, pris part. Le pays tout entier navigue à vue — nous compris. Une « guerre civile » se fait jour, va jusqu’à titrer la presse ; rectifions : « Vous parlez ensuite de guerre civile… Comme si nous ne l’avions pas ! Comme si la guerre des riches contre les pauvres n’était point la plus cruelle des guerres civiles ! » Gracchus Babeuf, 17 brumaire, an IV de la République. Samedi 17 novembre 2018. Notre rédaction, éparpillée qu’elle est de part et d’autre de la France et de la Belgique, se rend sur quatre sites de blocages. Une petite commune du Loiret, en pleine région agricole : le supermarché est vide, le parking tout autant ; les rues, d’ordinaire désertes, voient les habitants se parler, échanger ; les gilets jaunes se justifient, s’excusant presque (ils ne sont pas « méchants », ils ne vivent simplement « pas dans le même monde que Macron ») ; certains bousculent des véhicules ; aucun mot d’ordre d’extrême droite. Une commune des Yvelines, voisine de Mantes-la-Jolie : les plaques d’immatriculation parisiennes sont moquées ; les banderoles visent explicitement le pouvoir macronien ; la pression est forte à l’endroit de qui n’enfile pas son gilet ; la fiscalité — ou l’euro — hante nombre d’échanges, libéraux ou sociaux ; nulle trace de racisme dans les discours et les écrits. Une commune de la Mayenne : les voitures stationnées dans le centre-ville affichent leur solidarité en nombre, gilets pliés en évidence sur le tableau de bord ; les bars n’en finissent pas de commenter l’affaire ; des hommes et des femmes de tous âges, travailleurs modestes ou sans emploi, filtrent la circulation sur l’un des ronds-points ; Macron est appelé à démissionner ; un conducteur arabe est violemment injurié, visages vrillés par la haine — « Rentre chez toi, bougnoule ! » ; nous fichons le camp en même temps que lui, écœurés. Paris, enfin : une majorité d’habitants des quartiers populaires ; « Macron nous encule » ; aucune déclaration nationaliste. « Pour qu’il les écoute enfin. Pour qu’il voie débouler le peuple, les chômeurs, les intérimaires et les agents de propreté. » Les études recouperont nos modestes observations : l’extrême diversité de la mobilisation est patente, son ancrage populaire indiscutable, ses spécificités géographiques flagrantes. De l’embarras, donc, mais également l’intuition que ce mouvement, combien spontané et informel, n’est pas réductible au seul portrait brossé, à l’unisson comme à grands cris, par le régime en place et l’extrême gauche aux gants blancs : pouilleux, tas de fachos, provinciaux incultes. 2 Samedi 24 novembre. Nous venons d’arriver à Paris ; huit gilets jaunes s’engouffrent dans la rame d’un métro bondé. Allure, accent : ils ne sont pas de la capitale — « On vient tous de Normandie », confirment-ils. Ils n’ont pas 30 ans et manifestent sur les ronds-points de leurs communes ; ils ont pris le train régional pour venir « chez Macron ». Pour qu’il les écoute enfin. Pour qu’il voie débouler le peuple, les chômeurs, les intérimaires et les agents de propreté. Les huit parlent fort et en même temps, vidant sac et cœur. « C’est que nous qui trinquons à cause des riches », fait l’un d’eux. Petits salaires, boulot, avenir des gamins, coût de la voiture, ils égrènent la liste commune de leurs tracas quotidiens. Un gilet jaune parisien se joint à la discussion — on décèle à son phrasé, précis, le militant FI ou PCF. L’échange dévie sur Carlos Ghosn et les grandes fortunes. Un passager, sans gilet, intervient à son tour et dénonce le CICE. Une jeune femme du groupe normand, queue de cheval blonde et col en fourrure synthétique, demande « où il faut descendre » : les huit ne connaissent pas Paris, ou si peu. Stéphane Burlot | Ballast Nous sortons ensemble et marchons en direction de l’avenue des Champs-Élysées : la fumée dans le ciel fait office de boussole. Il est un peu plus de 14 heures. Des affrontements ont déjà eu lieu — « C’est Mai 68 », a-t-on même lu ici et là. Un motard, passant à notre hauteur, traite les gilets jaunes de « clochards ». Mais la majorité des marcheurs ou des conducteurs qui les apostrophent se montrent enthousiastes : V de la victoire, klaxons, poings levés. Les gilets jaunes rient, répondent, à la fois fiers et surpris. C’est là « la peste brune », commentera le ministre des Comptes publics. À l’approche des Champs, des palissades de chantier en acier profilé tapissent le sol pavé. Des manifestants, rebroussant chemin, leur souhaitent « bon courage ». L’Arc de Triomphe dresse, impérial, ses 50 mètres ; un hélicoptère survole la zone. « Faudrait les éboueurs et les tracteurs avec nous contre les CRS », fait remarquer l’un des huit, natif de L’Aigle. « "Faudrait les éboueurs et les tracteurs avec nous contre les CRS" », fait remarquer l’un des huit, natif de L’Aigle. » Les premiers slogans résonnent : « Paris, debout, soulève-toi ! », « Tous ensemble, tous ensemble ! » Une épaisse fumée sombre s’élève de la voie, toute de jaune pailletée, que nous descendons à présent. Au dos de son gilet de sécurité, un retraité sarthois a inscrit : « Macron ont arrive » (l’accord est de lui). Les seuls drapeaux que l’on croise sont bretons et tricolores. Des jeunes, des moins jeunes, des anciens, mais majoritairement des hommes. Une première barricade entrave « la plus belle avenue du monde », longue de presque deux mille mètres. Les Normands disparaissent dans la foule et la fumée. « Pour l’avenir des enfants / liberté et égalité », lit-on en lettres majuscules sur le dos d’un homme que nous dépassons ; « Pour les riches des couilles en or / pour les pauvres des nouilles encore », sur un autre. On entend les détonations des tirs de grenades lacrymogènes. On assiste au singulier spectacle des langues qui se délient et, inconnues mais unies sous ce drôle d’étendard criard, brisent, le temps d’une journée, la désaffection ordinaire. Une autre barricade, plus bas : des chaises, prises à la terrasse de la boulangerie Paul, flambent parmi des meubles calcinés. Un gilet jaune, cheveux gris ras sur les tempes, tient haut une pancarte marxiste hostile au patronat. Nous marchons sur des pavés arrachés. Une carcasse de véhicule crame. « On va faire un barbecue », lance un homme en souriant ; un autre, vêtu de l’orange des gilets de l’entreprise de transport TNT (« 56 000 collaborateurs, 1 million de livraisons par jour »), prend une photo, hilare. Un feu de signalisation arraché est traîné par trois hommes capuchonnés ; un gilet jaune déplace une trottinette pour la jeter sur la prochaine barricade ; des petits groupes vont et viennent afin de renforcer cette dernière au moyen de palissades de chantier. « Macron arrête de baiser ton peuple / SMIC à 1500 € net », lit-on encore ; « Mr Macron / va chercher le pognon là où il est / che[z]… les très très riches », lit-on sans cesse. Des grilles d’arbres en fonte et des bacs à fleurs, dérobés aux commerces, s’entassent. « Abolition du système », clame une banderole. Un homme agite une affichette — ceux qui ne sont « rien » contre « le sommet » — et arbore un slogan du rappeur Médine, doublé d’une citation de Sankara. Un départ de flammes rougit l’une des barricades, qu’un manifestant gravit pour mieux brandir un fumigène de la couleur du gilet qu’il arbore. L’image — saisissante — est sitôt immortalisée par une flopée de photographes. Stéphane Burlot | Ballast Une remorque flambe non loin du Monoprix. La foule se fait plus compacte à mesure que l’on s’approche du cordon de CRS ou de gardes mobiles qui coupe l’avenue en deux. Détonations, cris, ruées : les lacrymogènes arrosent les manifestants. Nous ne voyons plus rien. Des gens crachent et toussent. Un passant tend du sérum à l’un de nous et repart aussi vite qu’il était venu à sa rencontre — nous avons déjà oublié son visage. La foule se reforme le gaz une fois dissipé et n’a plus qu’un objectif : faire reculer les forces de l’ordre. « Macron démission ! » est désormais l’unique mot d’ordre, le nom maudit, haï, vomi, l’agent catalyseur de toutes les amertumes et les colères. Macron n’est rien d’autre, en ces jours, que la personnification de l’oligarchie, la chair et l’os d’une société bâtie sur les privilèges. Un nom, un seul, six lettres, réductrices pour sûr, mais à portée de main. « "Macron démission !" est désormais l’unique mot d’ordre, le nom maudit, haï, vomi, l’agent catalyseur de toutes les amertumes et les colères. » Les pavés et les projectiles filent en direction des agents de l’État ; les lacrymogènes s’écrasent au sol et provoquent d’incessants mouvements de foule. Le temps passe ainsi, mètre gagné, mètre perdu. S’effondre sous nos yeux le trop prévisible narratif médiatique des « casseurs en minorité » et des « manifestants pacifiques » : c’est un même corps qui s’ébroue, avance et fléchit, entreprend et se dérobe, un corps composite, foutraque, sans avant-gardes ni suiveurs, un corps tenu par une seule chose, la couleur primaire qu’il a jugé bon d’élire, loin des partis et des syndicats. Un corps porté par ce qu’Hugo, dans l’une des pages des Misérables, nomma ce « souffle qui passe », celui de l’émeute, cette force faite « de rien et de tout », « d’une flamme subitement jaillie, d’une force qui erre », ce souffle qui « rencontre des têtes qui pensent, des cerveaux qui rêvent, des âmes qui souffrent, des passions qui brûlent, des misères qui hurlent, et les emporte. » Où ? « Au hasard. » Et une voix de tonner, derrière nous : « On ne recule pas ! » Un homme, chauve, a le front en sang, ouvert à deux endroits : matraque et impact de Flash-Ball. Il porte un gilet fluorescent et vient de Moselle. Pourquoi s’être déplacé ? « Pour ma mère qui est retraitée avec 800 euros par mois. L’Élysée achète de la vaisselle à 600 000 euros1 et les pauvres ont rien. » Il nous dit n’être, lui, pas dans le besoin. Mais il est « solidaire ». Un jeune homme domicilié dans les Vosges nous raconte avoir pris le train jusqu’ici avec l’espoir de voir le gouvernement changer de politique, une politique « que pour ceux qui ont de la thune ». Il n’y a d’ailleurs qu’à tendre l’oreille pour l’entendre aux quatre coins des Champs, cette histoire de vaisselle : l’anecdote n’en est plus une dès lors qu’elle s’impose comme un symbole, sinon un levier de combat. Cyrille Choupas | Ballast Les forces de l’ordre reculent. Clameur et joie des émeutiers. « Faut qu’on les prenne en sandwich de l’autre côté », lance un gilet jaune. Une victoire de trop courte durée : le canon à eau pulvérise déjà les premières lignes. Une femme glisse sur le sol, un homme court l’aider. Nous sommes à moitié trempés et le refrain de La Marseillaise s’oppose, à pleins poumons, aux forces de l’ordre. « Aux armes citoyens / Formez vos bataillons ! » Quelques manifestants mettent les mains en l’air pour tenter d’abaisser la tension dans le vacarme le plus total. Un carré de manifestants scande « CRS, avec nous ! » ; trois mètres derrière, un autre clame « CRS, assassins ! ». Mais voilà qu’« ils chargent », entend-on, et c’est la débandade. La foule se disloque et nous nous engageons dans la rue Marbeuf, perpendiculaire. « Le blessé, en état de choc, lève sa main en vue d’enrayer l’hémorragie — elle est en charpie. Une archive de la répression gouvernementale. » Deux hommes nous racontent être venus de banlieue : l’un est blanc, l’autre arabe. Venus « pour les gens, les voisins, les anciens, pour le peuple ». Venus contre « la hogra », précise le second : le mépris du pouvoir, l’injustice. Le premier entend bien refaire Mai 68 mais vote pour « Marine », « diabolisée » qu’elle est par « les médias » : on devine chez lui une formation politique des plus approximatives et confuses, grappillée ici et là sur Internet. D’ailleurs, il aime bien « des choses que dit Mélenchon » mais ne peut le suivre, franc-maçon qu’il est. Nous gagnons l’avenue Montaigne. La façade de la boutique Dior, fleurie pour les fêtes de Noël, brille de toutes ses grandes lettres dorées. Nombre de gilets jaunes occupent l’intersection — tout n’est qu’improvisation. Un homme blanc, cheveux longs attachés et gilet jaune, pisse le sang assis sur la route. Matraqué. Deux femmes lui appliquent un bandage. 10 minutes plus tard, il est pris en charge par des pompiers, acclamés. Une femme se réchauffe près d’un petit feu allumé entre les tôles d’une barricade dressée à quelques mètres de l’enseigne de luxe — jean, large écharpe, pans fluorescents de sa chasuble dépassant d’un blouson, la cinquantaine, noire. Elle sourit, étonnamment sereine. L’un de nos photographes vient de voir un jeune homme — un apprenti de 21 ans, apprendra-t-on plus tard —, la main à moitié arrachée par une grenade : GLI-F4, 25 grammes de TNT. Sa mère se tenait à ses côtés ; elle nous demandera de diffuser un appel à témoins et racontera à la presse être venue pour « la démocratie », pour « représenter ces gens qui ne sont pas représentés, les gens invisibles ». Le camarade nous montre le cliché qu’il a pris : le blessé, en état de choc, lève sa main en vue d’enrayer l’hémorragie — elle est en charpie. Une archive de la répression gouvernementale. Cyrille Choupas | Ballast Nous avançons vers le rond-point des Champs-Élysées. Une voiture est carbonisée. Deux gilets jaunes, la soixantaine débonnaire, singent le Bourvil du Corniaud : « Elle va marcher beaucoup moins bien ! » Un homme ramasse un pavé, qu’il emporte « en souvenir de Paris et de notre révolution » ; une passante, petite dame aux cheveux cendrés, pouffe puis lui conseille de « bien le cacher » en cas de contrôle policier. Quatre ou cinq fourgons de gendarmerie sont à l’arrêt. Le jour s’en va couchant sur l’avenue toute entravée de barricades. Nous la remontons vers l’Arc de Triomphe, au loin voilé par la brume des gaz et des feux. « Qui sème la misère récolte la colère », indique une pancarte plantée sur un amas de ferraille, ornée d’un poing serré. Une nacelle élévatrice est stationnée en plein milieu de l’avenue, contre une barricade pour partie enflammée — quatre hommes attisent le foyer, forts des morceaux de bois partout dénichés. Une cinquantaine de manifestants, pour l’essentiel vêtus de jaune, se tiennent autour. Nous demandons à l’un d’entre eux d’où sort cette machine de chantier : « Elle était là-bas, un mec l’a mise en route et l’a ramenée pour la barricade. » La nacelle s’élève pour la seule joie du geste ; un hélicoptère forme un point dans le ciel presque éteint. « Ce gilet, il le porte pour dénoncer les politiques impérialistes menées en Afrique subsaharienne et le pillage des matières premières de son pays. » Le store d’une boutique a été tagué — « Aux armes » —, ainsi qu’un bac à fleurs — « ACAB2 ». Quelques mètres plus avant, « Macron dégage », « Macron voleur » et « Beau comme une insurrection impure » sur les façades en pierre. On repère dans cette dernière inscription la patte autonomiste. Les émeutiers continuent de renforcer les barricades ; les guirlandes rouges illuminent les arbres secs. Une bouche à incendie, ouverte, crache sans discontinuer un geyser d’eau de plusieurs mètres : nous pataugeons. « Macron démission / Stop le carnage / Le Peuple décide / pas toi », affiche un gilet ; « Ambulancier en colère / Stop taxes », un autre. Nous demandons à une femme, seule, les raisons de sa présence ; elle répond tout de go : « Pour le loyer, pour les factures EDF. » Mère de famille ordinaire, elle ne s’intéresse pas à « la politique ». Un homme coiffé de dreads porte un gilet dont nous ignorons le sens du sigle dessus imprimé ; il rit : il n’en sait rien non plus, c’est le seul qu’il a dégoté pour manifester. Quelque six heures plus tard, nous nous retrouvons, avec deux camarades de la rédaction, l’un anarchiste et l’autre militant à la France insoumise, dans l’un des rares cafés encore ouverts — deux gilets jaunes boivent une bière en terrasse. Sommaire état des lieux : qu’en est-il de la présence visible de l’extrême droite, dans cet air irrespirable où l’on ignore encore qui du rouge ou du brun pourrait l’emporter ? Un drapeau royaliste repéré en début d’après-midi — rapidement disparu… — et, pour l’ensemble d’entre nous, deux gilets Civitas identifiés. Rien vu d’autre : slogans, pancartes, inscriptions fascistes hostiles aux migrants ou à l’islam ? Rien. « Juste une femme de Moselle, la soixantaine, qui m’a dit qu’il fallait fermer les frontières. Elle était gênée. Elle n’a pas voulu me filer son prénom », se souvient un camarade. Des manifestants arrivent soudain en courant. Détonations de grenades lacrymogènes. « Tirez-vous de là, les flics arrivent », lance l’un d’eux. Nous partons en direction de l’avenue Georges V. Brève escarmouche entre forces de l’ordre et possibles anarchistes. À notre grand étonnement, quasiment aucune vitre n’a été brisée : les commerces tapageurs ne manquaient pourtant pas. Nous croisons un syndicaliste SUD, échangeons quelques mots sur la situation, puis, à proximité, rencontrons un Congolais paré aux couleurs du jour : ce gilet, il le porte pour dénoncer les politiques impérialistes menées en Afrique subsaharienne et le pillage des matières premières de son pays — à commencer par le coltan. Ce matin, la maire de Paris, Anne Hidalgo, avait appelé sur Twitter à « venir admirer les superbes illuminations de l’avenue des Champs-Élysées » — la phrase s’achevait par un émoticône « double cœur » dans les yeux. Stéphane Burlot | Ballast 3 Jeudi 29 novembre, place de la République, Paris. Les rayons des magasins se vident sur l’île de La Réunion, des lycéens ont rejoint la contestation en « métropole », la CGT appelle finalement à agir « ensemble », l’un des porte-parole des gilets jaunes — si tant est que la notion de porte-parolat ait ici le moindre sens — a invité à l’union avec les banlieues, les revendications les plus contradictoires continuent de circuler, le milliardaire Pinault dit « comprendre » le mouvement, le couple Balkany et Dieudonné l’appuient sans ciller : le pays tout entier semble naviguer à vue. Il fait nuit sur la place ; d’aucuns avancent le chiffre de 1 000 personnes — nous n’en savons rien. C’est là une assemblée générale organisée à la hâte, faute d’une salle, aux pieds du monument à la République. Bronze, bonnet phrygien, rameau d’olivier. « Organisez-vous », exhorte une banderole de La Fête à Macron ; « Rends l’ISF », exige une pancarte portée à bout de bras par un manifestant en gilet jaune. Un des camarades de la rédaction organise les tours de parole : le député François Ruffin ouvre le bal. « Les gilets jaunes, c’est l’inverse de Nuit Debout : en province on a tous les ronds-points, ça se bouge partout, mais il ne se passe rien dans les villes. Il faut qu’on se bouge ! » Se succèdent, pêle-mêle, un cheminot, un postier, une militante écologiste, une ancienne syndicaliste étudiante, une Dordognaise en gilet jaune ou encore un sans-abri — chacun de contribuer à la seule question qui vaille, « Que faire ? » : grève générale, sit-in devant les lieux de consommation, apéritifs sauvages à l’Assemblée nationale, parasitage des sorties publiques gouvernementales, blocage des portes de la capitale, taxe Tobin, gel de l’économie… « Un cordon de CRS coupe la voie — casques, boucliers, main sur le Flash-Ball ou la bombe lacrymogène. Trois cavaliers de la police nationale bloquent l’accès au métro : improbable vision d’Ancien Régime. » Le Comité Adama — représenté par Assa Traoré et Youcef Brakni — a, non sans surprise, appelé à rejoindre le mouvement. La trentenaire, dont le frère a été tué par des gendarmes en 2016, rappelle qu’il ne saurait être de mouvement social sans les quartiers populaires, et que cette alliance ne sera possible qu’à la condition d’écarter les « racistes » et les « fascistes » présents dans l’actuel soulèvement. « Nous aussi, nous sommes des gilets jaunes », lance-t-elle. Frédéric Lordon, manteau kaki et voix métallique, intervient à son tour. Il révèle que la décision du Comité Adama a bousculé la sienne propre, ainsi que celle des organisateurs de la présente rencontre, et qu’il n’est dès lors plus possible de tergiverser : « On ne leur demande pas [aux divers secteurs de la société], ni à vous [le Comité Adama], ni à nous, d’être amoureux de tous les gilets jaunes ; on leur demande d’être capables de voir l’occasion, et d’en faire quelque chose. L’occasion pour jeter toutes les colères dans le chaudron et pour monter le feu. Car à part la classe nuisible des startuppeurs, des évadés fiscaux et des éditocrates, tous les secteurs ont des raisons d’être en colère. En vérité, tous les secteurs ont des raisons d’être à bout ! Car le dégoût est général. Les soignants sont dégoûtés, les profs sont dégoûtés, les avocats sont dégoûtés, tous les agents des services publics sont dégoûtés, les retraités, les étudiants sont dégoûtés, la simple conscience humaine est dégoûtée quand elle voit ce gouvernement. » Puis l’économiste d’inviter à se rendre à l’Élysée afin de signifier à Macron de mettre les bouts. Applaudissements. Rendez-vous commun est donné aux Champs-Élysées, dans deux jours. 4 Samedi 1er décembre. Gare Saint-Lazare. Le parvis est rempli en ce début d’après-midi. « Développement et gratuité des transports publics », lit-on sur un bout de carton. « Macron démission ! », affiche le gilet jaune d’un Mulhousien. Un drapeau LGBT, frappé du mot « Paix », flotte derrière une militante du Comité Adama coiffée d’un fichu coloré. Le cortège se met en marche et croise, sitôt, un flot de gilets jaunes venus d’ailleurs. Tous ne font désormais plus qu’un, en dépit des vives réticences d’un homme — il nous dit ne pas vouloir marcher avec la CGT ; nous répondons qu’il s’agit d’un rassemblement hétéroclite propulsé par le Comité Adama ; il ne pipe mot et se joint à nous. « À bas l’État, les flics et les fachos ! » s’élève en chœur. La foule progresse sur le boulevard Haussmann aux cris de « Anti-anticapitalistes ! » ; à hauteur de la station Havre-Caumartin, un cordon de CRS coupe la voie — casques, boucliers, main sur le Flash-Ball ou la bombe lacrymogène. Trois cavaliers de la police nationale bloquent l’accès au métro : improbable vision d’Ancien Régime. « Libérez les chevaux », hurle un manifestant. Nous demandons à Youcef Brakni s’il sait monter à cheval ; il écarte les pans de son blouson, laissant entrevoir un sweat-shirt sur lequel est imprimé « Justice pour Adama / sans justice vous n’aurez pas la paix », et répond en souriant : « Nous, on a ça. » Stéphane Burlot | Ballast Virage à droite, rue Auber. Les touristes, perchés sur deux cars, photographient ou acclament le cortège. « Macron = Louis 16 » a été tagué aux abords de la bibliothèque du musée de l’Opéra. Nous pressons le pas pour gagner la tête du défilé — « Je suis pacifique / mais je ne tends pas la joue / Rendez l’ISF », « Tous ce qu’ils veulent c’est une France qui ferme sa gueule », « Gaulois réfractaire », « Regarde ta Rolex / C’est l’heure de la Révolution », « Ensemble changeons l’Histoire de France », « Le Peuple en a marre d’être saigné ! », lit-on au fil des chasubles. De la fumée de lacrymogènes brouille la rue de l’Échelle : premiers contacts physiques avec les forces de l’ordre. « Une grande roue tourne à l’occasion des fêtes de fin d’année ; un gilet jaune propose d’enfermer tous les députés dans les cabines. » Une grande roue tourne à l’occasion des fêtes de fin d’année ; un gilet jaune propose d’enfermer tous les députés dans les cabines. Nous croisons deux cheminots SUD Rail, deux gaullistes et quelques maoïstes… La rue de Rivoli, point d’entrée à la place de la Concorde, est bloquée par trois véhicules et un canon à eau. Des CRS sont postés en hauteur, jardin des Tuileries, armes pointées sur la foule. Impasse. L’obélisque et la tour Eiffel paradent dans le ciel gris ; quelques gouttes de pluie tombent. « On attaque que si ils nous attaquent ! », crie un manifestant. D’autres commencent à dépaver la voie. Un jeune homme à notre gauche propose de passer par les Tuileries pour accéder aux Champs, derrière la Concorde : « Il y a des marcheurs dans le jardin, ils oseront pas nous canarder. » Trois ou quatre pavés fusent en direction des CRS ; des grenades éclatent. La foule n’entend pas forcer le barrage ; elle tourne à droite, rue Cambon, puis, improvisant, cherchant en vain comment rallier les Champs, prend la rue Royale : quatre fourgons barrent l’accès. Échauffourée. Lacrymos. Pavés, bouteilles. Un gilet jaune s’avance face au cordon de CRS, se met à genoux et écarte les bras en croix. Nouvelle impasse. Nous recevons un message d’une camarade du PCF, alors de passage en Bretagne : « Marée jaune aux ronds-points, des retraités, des jeunes paysans avec leurs tracteurs, "Macron démission", "Assez de taxes". Première fois que je vois un mouvement sans joie. Ils sont désespérés. » Direction boulevard Haussmann — au bout, l’Arc de Triomphe. Nouveau barrage. La tension monte sitôt d’un cran. Des pavés et des grilles d’arbres sont arrachés, les détonations se succèdent, des tonneaux ravis à un caviste constituent l’armature d’une première barricade. Un scooter est couché au milieu de la route, une poubelle crame, la vitrine d’une banque est saccagée (suscitant la réprobation de quelques manifestants). « L’émeute est une sorte de trombe de l’atmosphère sociale », écrivait encore Hugo. C’est maintenant une voiture qui flambe. Les CRS parviennent à repousser les émeutiers jusqu’à la place Saint-Augustin ; la violence des affrontements s’accentue — gilets jaunes et orange se saisissent des palissades de chantier, tentent d’élever une barricade en plein milieu de la place, se protègent des grenades et des tirs de Flash-Ball avec des boucliers de fortune. « Macron démission ! », continuent d’hurler les révoltés, encore et toujours. Les lacrymos tombent sans trêve. L’air est suffocant. Un homme reçoit un projectile de Flash-Ball au mollet ; un autre s’affaisse devant nous, touché par une grenade lacrymogène : « Ça va ? », demandons-nous ; « Tranquille », répond-il, avant de repartir à cloche-pied. La place n’est plus qu’un îlot de cris et de fureur — noria des palissades en acier, appel « Aux armes ! » repris en chœur. Un joueur de tambour rythme, martial, le mouvement collectif. Un camarade aperçoit un drapeau royaliste puis son porteur détaler, chassé par des militants antifascistes — son étendard saisi est promis au feu. Maya Mihindou | Ballast La BNP est mise à sac ; des remises de chèque émaillent le trottoir ; la façade est barrée d’un « Fuck capitalism ». Deux drapeaux rouge et noir sinuent dans la fumée. Les forces de l’ordre nous repoussent boulevard Haussmann — deux ou trois barricades, un chantier, des parpaings et un pneu sont embarqués. Un jeune gilet jaune porte un immense drapeau rouge ; deux autres, plus âgés, se prennent dans les bras derrière une barricade enfumée — nous distinguons, dans la brumaille, un manifestant masqué en V pour Vendetta. Une paire de gilets jaunes nous dit être venue de Toulouse, « exprès », en bus. « Pour les smicards, pour ma mère qu’a connu la misère », fait l’un d’eux. Il ne connaît pas grand-chose à la politique et a voté « de tout ». FN, oui, « mais je vais voter Mélenchon maintenant ». Son ami nous dit n’être pas violent, « normalement », mais il approuve l’intégralité de ce qu’il voit : « Personne nous écoute. » Il nous montre son poignet, blessé en profondeur par une grenade ; il a voté FI aux dernières élections présidentielles — et blanc au second tour. On entend des cris ; on parle, affolé, de bonbonnes de gaz trouvées que certains tiennent à faire sauter ; il n’en sera rien. Un homme écrit « Révolution » sur un panneau publicitaire à notre gauche. « Un jeune gilet jaune porte un immense drapeau rouge ; deux autres, plus âgés, se prennent dans les bras derrière une barricade enfumée. » Il est bientôt 17 heures. Des flammes s’échappent d’une autre barricade, un arrêt de bus est explosé, nous passons devant les grands magasins enguirlandés (« Fêtes gourmandes »), la foule s’est désagrégée. Quelques grappes de gilets jaunes se rassemblent sur le parvis de la gare Saint-Lazare et sous la pluie. Une demi-heure s’étire ainsi, unique répit de la journée. Une cinquantaine de CRS avance en ligne vers la gare. Des hommes haranguent les manifestants épars : il faut faire reculer la troupe ! Ruée. Lacrymos. Les Parisiens, au sortir du travail, sont pris entre deux feux. « Il y a des gosses, bande de fils de putes », hurle un gilet jaune à l’endroit des forces de l’ordre. Des parents se précipitent dans la bouche de métro avec leurs enfants. Nous avançons aux côtés d’adolescents des quartiers populaires ; la distance qui nous sépare des CRS doit être de 20 mètres ; ils tirent au Flash-Ball : un jeune homme noir gueule, plié en deux, touché au torse ; l’un d’entre nous est touché à la cheville droite. « Faut leur balancer des scooters dessus », propose un gamin, quand surgit une ambulance ; « Tout le monde derrière ! » hurle un gilet jaune. Une dizaine de personnes s’engouffre dans son sillage avec l’espoir d’entrer en contact avec les CRS lorsqu’ils s’écarteront pour laisser place au véhicule. Grêle de lacrymos. Nous reculons. 10 000 grenades lacrymogènes auront été tirées aujourd’hui, à Paris, et des « tirs tendus », d’ordinaire interdits, prescrits. Nous nous retrouvons, à quatre membres de la rédaction, dans un bistrot. L’une d’entre nous a discuté avec une infirmière, venue de Chartres, après l’avoir vue jeter un sapin pour alimenter une barricade en feu avenue de la Paix : elle se décrit comme une « humaniste, pour la justice », ulcérée par la casse libérale de la santé publique. Un autre camarade nous contera ces retraités lui avouant, les larmes aux yeux, qu’ils « n’en peu[vent] plus », et cet homme lui expliquant que ses voisins lui réclament du sucre, à la moitié du mois, n’ayant plus les moyens d’en acheter — « Je n’ai jamais vu autant de détermination. Des inconnus te racontent leur quotidien, comme ça, ça sort de nulle part. Des gens qu’on voit jamais dans nos manifs. » Maya Mihindou | Ballast 5 Lundi 3 décembre, un PMU de la Sarthe. Le syndicat de police Alliance appelle le gouvernement à envoyer l’armée ; Marine Le Pen convie ses « chers gilets jaunes » à se dissocier d’eux-mêmes, c’est-à-dire des « casseurs » ; des hauts fonctionnaires de Haute-Loire font état d’une situation « pré-révolutionnaire » ; une octogénaire marseillaise est morte à la suite d’un tir de grenade lacrymogène à la tête ; les ambulanciers manifestent devant l’Assemblée nationale et les lycéens bloquent leurs établissements — « Notre cap est bon. Quand vous voulez atteindre le sommet d’une montagne, il faut garder votre objectif », promet toutefois la secrétaire d’État Marlène Schiappa. Deux hommes discutent au bar avec la serveuse. - Macron est méprisant, il a aucun contact avec le peuple. - Ça serait bien qu’il tombe dans les escaliers. - Faut des gens comme nous, au pouvoir, qui bossons. - Ils se rendent compte de rien, eux. - Ça va se terminer en soulèvement… - En révolution. - Y a plus que la violence. Photographies de bannière et de vignette : Stéphane Burlot REBONDS ☰ Voir notre portfolio « Jaune rage », Cyrille Choupas, novembre 2018 &&&&&&&&&&&&&&&&&&&& https://www.legrandsoir.info/gilets-jaunes-ce-que-la-france-a-de-specifique-insurgente.html 16 décembre 2018 7 Gilets jaunes : Ce que la France a de spécifique (Insurgente) Atilio BORON L’Allemagne et le Japon ont l’honneur improbable d’être deux pays où jamais une révolution n’a triomphé. Ce n’est pas par hasard qu’ils sont ceux qui, précisément pour cette raison, ont donné naissance à des régimes aussi honteux que le nazisme et le militarisme fasciste japonais. En revanche, l’histoire de France est marquée par des révolutions et des soulèvements populaires récurrents. Outre la Grande Révolution de 1789, il y eut des éruptions révolutionnaires en 1830, beaucoup plus vigoureuses en 1848 et la glorieuse Commune de Paris de 1871, le premier gouvernement de la classe ouvrière de l’histoire mondiale. Après leur écrasement sanglant, il semblait que la rébellion du peuple français s’était éteinte à jamais. Ce ne fut pas le cas. Elle réapparaît dans la résistance héroïque à l’occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, puis, avec une force écrasante, en mai 1968. Est-ce la seule chose qui fait de la France un pays si particulier ? Plus important encore que ce ferment insurrectionnel incessant qui distingue historiquement les couches populaires françaises, c’est que leurs luttes résonnent comme aucune autre sur la scène mondiale. Karl Marx l’avait déjà remarqué en 1848 quand, en observant la révolution en France, il disait que "le chant du coq gaulois réveillera à nouveau l’Europe". Et il la réveilla, bien que ces rêves aient été écrasés à mort par le sang et le feu. Regardons l’histoire : la Révolution française a résonné en Europe et en Amérique, avec une force tonitruante ; la Commune est devenue une source d’inspiration pour le mouvement ouvrier mondial, ses enseignements retentissant même dans certaines régions reculées d’Asie. Le mai français serait reproduit, avec les caractéristiques nationales logiques, dans le monde entier. En d’autres termes : la France a cette capacité unique de transformer le sien en un événement historique-universel, comme Hegel aimait à le dire. Et c’est précisément la particularité inimitable des Français. La rébellion des " gilets jaunes " qui a commencé il y a quelques semaines lorsque deux camionneurs et la propriétaire d’une petite entreprise - inconnus l’un de l’autre et vivant dans des lieux différents à l’intérieur de la France - ont lancé un appel à protester dans les ronds-points à l’entrée de leurs petites villes contre la hausse du prix des carburants, via des réseaux sociaux. Quelques jours plus tard, la seconde comptait près d’un million d’adeptes sur son compte Facebook. Puis vint la convocation du 17 novembre à Paris et, de là, la protestation prit une dimension phénoménale qui mit le gouvernement de Macron entre le marteau et l’enclume. Ce que les syndicats des chemins de fer n’avaient pas pu faire en trois mois de luttes a été réalisé par les "gilets jaunes" en quelques semaines. Et les choses continuent, et la "contagion" du virus rebelle qui arrive de France est déjà visible au-delà de ses frontières. Elle a déjà gagné la Belgique, la Hollande et maintenant la Pologne, à l’occasion du Sommet sur le climat de Katowice. En Égypte, le régime d’Al Sisi a interdit la vente de gilets jaunes dans tout le pays par mesure de précaution pour éviter que l’exemple français ne se répande dans leur pays. La révolte, ouverte, ne concerne plus seulement le prix des carburants. Il s’agit d’une protestation diffuse mais généralisée avec une composition sociale très hétérogène contre la France des riches et dont l’agenda hétéroclite des revendications permet de percevoir les contours d’un programme non seulement post mais clairement anti-néolibéral. On trouve aussi d’autres contenus qui font référence à une cosmovision plus traditionnelle d’une France blanche, chrétienne et nationaliste. Cet ensemble hétéroclite de revendications, exprimées de façon inorganique, recèle des revendications multiples et contradictoires, issues de l’émergence soudaine et inattendue d’un activisme spontané, sans direction politique. C’est là un grave problème parce que toute cette énorme énergie sociale libérée dans les rues de France pourrait tout aussi bien mener à des conquêtes révolutionnaires que s’effondrer par un coup de grâce réactionnaire. Cependant, au-delà de l’incertitude sur l’évolution future de la mobilisation populaire et de l’inévitable complexité idéologique présente dans tous les grands mouvements de masse spontanés, il ne fait aucun doute que leur existence même a compromis la continuité de l’hégémonie néolibérale en France et la stabilité du gouvernement d’Emmanuel Macron. Et dans un monde surpeuplé de Trumps et de Bolsonaros, de Macris et de Macrons, tout cela est une bonne nouvelle car le "chant du coq gaulois" pourrait bien réveiller la rébellion latente - ou plutôt anesthésiée par préméditation - des peuples en Europe et à l’étranger et devenir l’étincelle qui allume la plaine aride que nos politiques néolibérales ont transformé en sociétés victimes de la mort et du silence de l’holocauste social aux proportions inouïes. Ce n’est pas la première fois que les Français jouent ce rôle d’avant-garde sur la scène universelle et leur lutte ardente pourrait devenir, surtout dans les banlieues de l’empire, le déclencheur d’une vague de soulèvements populaires - comme ce fut le cas principalement avec la Révolution française et mai 1968 - contre un système, le capitalisme et une politique, le néolibéralisme, dont on sait les résultats catastrophiques. Nous ne savons pas si une telle chose se produira, si la "contagion" redoutée finira par se produire, mais les signes d’une répudiation généralisée des gouvernements qui ne font qu’enrichir les riches et piller les pauvres sont chaque fois plus nombreux à travers le monde. Nous n’aurons pas à attendre longtemps, car l’histoire nous dictera bientôt son verdict sans appel. Au-delà de ses effets globaux, la brise venant de France est opportune et stimulante à l’heure où tant d’intellectuels et de publicistes d’Amérique latine, d’Europe et des Etats-Unis se réjouissent de la " fin du cycle progressiste " dans Notre Amérique, qui serait suivie du début d’un autre signe " néolibéral " ou conservateur que seuls ceux qui veulent convaincre les gens qu’il n’existe aucune alternative au changement et que l’expression « capitalisme ou chaos », cache malicieusement la réalité que le capitalisme EST le chaos. C’est pourquoi les événements en France sont un coup de torchon sur tant de mensonges qui prétendant s’appuyer sur une analyse économique ou sociopolitique rigoureuse. Ils nous montrent que l’histoire peut toujours prendre un tournant inattendu, et que ce qui semblait être un ordre économique et politique immuable et imprenable peut tomber en morceaux en moins de temps qu’un coq ne chante ... en français. Atilio Boron Traduction par Alfare avec l’aide de du traducteur Deepl »» http://insurgente.org/atilio-boron-chalecos-amarillos-la-peculiaridad-... commentaires: 16/12/2018 à 19:08 par Assimbonanga Ah... Si le mouvement devenait européen, ça changerait tout. On ne se bat pas contre un roi national, mais contre l’ordre des multinationales. Amazone, Vinci, Total , des gens au-dessus des lois. La révolution a permis de mettre au pli les grands Seigneurs de l’ancien régime. 1936 a permis de tétaniser les grands seigneurs de l’industrie (et on l’a payé cher peu de temps après mais le CNR a fini par acter beaucoup d’avancées sociales) . Là, c’est à un ordre mondial qu’on se heurte, patronat international puissant bardé d’hommes de lois, actionnaires, fonds de pensions sans scrupules. Sans employer la force, peut-on obtenir quoi que ce soit ? 16/12/2018 à 20:08 par barbe Tant que vous ne confondez pas la force et la violence, ça me va... Pas comme les traducteurs du mot de max weber, vous savez le "monopole de la violence légitiome " : manque de bol, herrschaft signifie plutôt domination que violence. Mais parler de dominant et de dominé ça fait pas très langue de bois. Donc on remplace ça par violence, ce qui est une bonne manière de discréditer l’Etat, en le faisant passer pour violent. Alors que seul le gouvernement l’est. La perte des conquis sociaux passe par ce genre de confusion. 17/12/2018 à 01:03 par depassage "En Égypte, le régime d’Al Sisi a interdit la vente de gilets jaunes dans tout le pays par mesure de précaution pour éviter que l’exemple français ne se répande dans leur pays." C’est que j’aurais fait moi aussi, non pas en tant que régime mais en tant qu’individu doté du bon sens. Le Moyen-Orient et l’Europe sont deux choses différentes. À force de pousser au chaos, il finira par advenir. Dans des sociétés fanatisées par l’islamisme et complètement traumatisées par les différentes interventions de l’Occident dans la région. le temps n’est plus à la mesure. mais à la démesure. 17/12/2018 à 01:27 par depassage Il y a aussi une autre absurdité que j’entends souvent, c’est la différence qu’on fait entre le capitalisme et le néolibéralisme alors que le dernier n’est qu’une adaptation du premier aux exigences et aux enjeux de l’évolution du monde. Il s’est sophistiqué tout en devenant une citadelle imprenable. 17/12/2018 à 06:54 par guy j’ai un souci avec la deuxième phrase ; à mon avis pas besoin de révolution , contre-révolution ou que sais je encore pour en tirer la conclusion suivante : 99,9999 % des régimes militaristes sont fascistes et portent en eux la honte de l’humanité ..... 17/12/2018 à 07:54 par Danael Quand déjà force et violence sont les instruments quotidiens des classes dominantes... Penser que l’État est une entité neutre, au-dessus des classes , c’est bien méconnaître l’histoire présente et passée. Pourquoi croyez-vous qu’ait surgi ce mouvement des gilets jaunes ? Justement parce que l’État reflète les rapports de classes de notre société et qu’il est bien l’ instrument répressif au profit, actuellement, du capital financier. Les différents gouvernements "droite- gauche" qui ont défilé au cours des dernières années n’ont rien changé à la vie des gens ordinaires sinon accumuler des lois pour les paupériser toujours plus et transférer l’argent public vers les poches privées des possédants. Ce qui prouve qu’il faut beaucoup plus qu’un vote ou une posture tranquille à un rond point pour déloger cette domination du capital. Pourquoi croyez-vous que les gilets jaunes annoncent qu’ils veulent un référendum d’initiative citoyenne incluant aussi un processus constituant ? Pas seulement pour changer de gouvernement mais aussi les institutions qui favorisent et préservent très nettement les privilèges de la classe dominante. C’est un début de conscience et de prise en main de son avenir. On espère qu’un mouvement gilets jaunes embrasera l’UE car c’est l’institution qui verrouille toute possibilité de sortie de cette domination du capital financier et qui s’attaque à la souveraineté des peuples en Europe . Et là encore ce ne sera pas un vote qui nous sortira du pétrin mais un rapport de forces qu’on gagnera par nos luttes surtout. La FI, selon moi, a bien plus besoin de ses militants dans la rue et pour cogiter une rupture avec l’UE que de fossiliser ses militants dans un parlement européen qui n’a aucun pouvoir et qui n’intéresse personne avec sa langue de bois technocrate. C’est pourquoi les événements en France ...nous montrent que l’histoire peut toujours prendre un tournant inattendu, et que ce qui semblait être un ordre économique et politique immuable et imprenable peut tomber en morceaux en moins de temps qu’un coq ne chante ... en français. 17/12/2018 à 08:29 par CN46400 La sémantique est au centre du mouvement. Quand "libéralisme où néo-libéralisme" remplace "capitalisme", ou que le bourgeois devient "le riche" et que le prolos devient "le pauvre", ou que "l’exploité" devient un dominé, le mur de l’impasse menace. Simplement parce que parler comme le veut la bourgeoisie c’est déjà commencer le virage vers des concessions en rase campagne. Personne n’a osé, en son temps, qualifier Macron de ce qu’il est vraiment, à savoir le candidat et le président élu de l’infime minorité bourgeoise et personne pour oser qualifier l’annonce, par ce président, des 100€ du SMIC d’arnaque mensongère préméditée.... Comme quoi, si le peuple français est plus révolutionnaire que d’autres, il a, face à lui, une bourgeoisie qui est loin d’être "la plus bête du monde" (G Mollet PS) et soigneusement masquée derrière tous les médias qu’elle possède. &&&&&&&&&&&& https://www.legrandsoir.info/le-regime-electocratique-a-vecu.html extrait de L’électocrature, phase terminale de l’électocratie Nous n’avons jamais été en démocratie, comme toute le monde le sait, mais au moins nous étions en électocratie, un régime où le peuple est invité, ou plutôt forcé car on ne lui laisse aucune autre alternative, à jouer le jeu de se donner des maîtres et d’en changer tous les cinq ans. Avec cela, il y avait un peu de retenue, un semblant de dignité, pour faire croire au peuple qu’on le prenait au sérieux et qu’il y était pour quelque chose. Plus de ça maintenant. Volé en éclats. Si le peuple, ayant compris qu’à ce jeu-là il est perdant à tous les coups, n’y croit même plus, à quoi bon s’embarrasser de maintenir la fiction ? Bas les masques, et bienvenus en électocrature. Heureusement, ce sera bientôt fini. Un gilet jaune tiré au sort &&&&&&&&&&&&&&&&& http://www.revolutionpermanente.fr/Gilets-jaunes-Le-retour-du-spectre-de-la-revolution Gilets jaunes. Le retour du spectre de la révolution Juan Chingo decembre 2018 Le ton, ces derniers jours, est à la surenchère dramatique dans le champ politique bourgeois. Certains en appellent à « sauver la République ». D’autres parlent de « guerre civile ». Partout, des cris d’orfraies – on irait droit vers le chaos – à peine atténuées après le recul partiel et la stratégie d’enfumage déployée par Emmanuel Macron lors de son discours du lundi 10 décembre, ainsi qu’en raison de l’instrumentalisation de l’attentat de Strasbourg contre l’Acte V des Gilets jaunes. Mais si ceux d’en haut tremblent, en bas, nombreux sont celles et ceux qui ont repris confiance en leurs propres forces et qui ne cachent plus leur envie de renverser la table. C’est d’ailleurs ce que souligne Etienne Girarad dans Marianne : « Les références de nombre de ces contestataires ont de quoi faire trembler les élus. Ils se vivent clairement comme un nouveau Tiers-Etat. Ghislain Coutard, le porte-parole du mouvement à Narbonne et inventeur du symbole du gilet jaune, explique ainsi "faire la révolution". Même chose pour ses camarades de Haute-Loire qui assuraient au Progrès, en novembre, vouloir "faire une révolution, comme en 1789, mais sans violence". Samedi 1er décembre, la préfecture du Puy-en-Velay, chef-lieu du département, a été incendiée. Une des réponses les plus appréciées au sondage d’Eric Drouet, ce mardi, pointe elle les "privilèges" des parlementaires. Comme la noblesse en 1789. Partout en France, ces deux derniers week-ends, de nombreux manifestants portaient d’ailleurs un bonnet phrygien, symbole de la Révolution française ». On ressent cette même volonté de tout changer avec l’entrée en mouvement des lycéens. Comme le remarque avec inquiétude Philippe Vincent, secrétaire général du syndicat des chefs d’établissement (SNPDEN) de l’UNSA, « la mobilisation est inédite. Nous ne sommes pas face à un mouvement lycéen traditionnel mais face à des lycéens qui s’agrègent à un mouvement de colère générale, une volonté de semer le bazar et d’en découdre avec la police. Les appels qui circulent sur les réseaux sociaux [“La guerre est déclarée”, “Amenez de l’essence”] ont une tonalité qu’on n’avait jamais vue ». Aux mots d’ordre contre la réforme du lycée et de la plate-forme d’orientation Parcoursup avancés la semaine passée s’ajoute la colère face au mépris et à la répression dont la jeunesse fait aujourd’hui l’objet. C’est également ce que soulignait, dès la première semaine de décembre, une enseignante marseillaise, interviewée dans Le Monde : « nos élèves sentent et disent une proximité avec les "gilets jaunes". Ces blocages signifient aussi une volonté d’affirmation et d’expression de leur identité. (…) L’analogie est frappante : spontanéité, détermination, ampleur de la mobilisation et, bon gré mal gré, élaboration de revendications ». Si l’on ajoute les éléments les plus semi-insurrectionnels des manifestations parisiennes des samedi 24 novembre et Premier décembre – que l’on a pu observer à travers la perte partielle du contrôle de la situation de la part des forces de répression, certains secteurs de la capitale étant littéralement tombés « entre les mains » des Gilets jaunes, ou encore à travers l’attaque de symboles forts du pouvoir à l’instar de l’Arc de Triomphe –, mais aussi ce qui a pu se passer lors de l’Acte IV dans un certain nombre de villes de région, comme Bordeaux, tout ceci montre bien que nous n’assistons pas à un mouvement social classique mais bien à une agitation sociale en cours qui a un comme un goût de révolution. Alain Bertho, spécialiste des émeutes urbaines et enseignant à Paris VIII, analyse ce changement d’échelle entre le mouvement actuel et d’autres, au cours de la dernière décennie : « on est dans la continuité, mais c’est une nouvelle phase. Ce qui caractérisait les émeutes récentes, que ce soit en France en 2005, en Grèce en 2008, à Londres en 2011 ou à Baltimore en 2014, et à l’exception des Printemps arabes, c’est que les participants ne pensaient pas pouvoir obtenir satisfaction, voire étaient certains de perdre. Il y a quelques années, à Thiaroye, au Sénégal, j’ai vu des jeunes prendre des risques extrêmes contre des forces spéciales contre lesquelles ils n’avaient aucune chance. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Les affrontements que l’on a vus sont issus d’une mobilisation qui pense pouvoir obtenir satisfaction et voit le pouvoir hésiter. Ils s’inscrivent dans une stratégie. Cela me paraît donc tout à fait nouveau. Il y a eu une erreur de diagnostic de départ. Il ne s’agit pas d’un simple "mouvement social", une expression qui s’intègre dans une vision très construite, héritée du siècle dernier, où la convergence des revendications permet de construire une montée en généralité, puis un programme et éventuellement de remporter des élections. Ici, les manifestants n’ont que faire d’avoir un programme électoral et jugent que des élections seraient une forme dilatoire de réponse. Ce n’est donc pas un mouvement social, mais un mouvement directement politique ». On retiendra également du mouvement actuel une tendance des masses à prendre elles-mêmes les choses en main, à s’organiser par elles-mêmes, à refuser tout type de négociations – ces mêmes négociations émaillées de coups tordus auxquelles nous avaient habitués les bureaucraties syndicales –, à ne pas hésiter à aller à l’affrontement. Voilà tout ce qui dérange les classes dominantes. Voilà ce qu’il faut comprendre lorsqu’elles se plaignent du caractère « protéiforme » du mouvement, du fait qu’il n’y ait pas leaders reconnus pour négocier, « d’interlocuteurs identifiables » capables de contenir les manifestations et de les encadrer, etc. La surprise stratégique des Gilets jaunes : la bourgeoisie avait enterré la possibilité de la révolution Que dans l’une des principales puissances impérialistes telle que la France le spectre de la révolution soit de retour change considérablement les coordonnées de la situation mondiale. Cette dernière était jusqu’à présent avant tout marquée, après le saut qualitatif qu’a représenté la crise de 2008-2009, par un accroissement des tensions géopolitiques et des rivalités interimpérialistes, par la montée en force des populismes de droite ou des bonapartismes réactionnaires et anti-ouvriers. Le mouvement actuel introduit dans l’équation générale l’hypothèse de l’irruption violente de ceux d’en bas, un élément que la bourgeoisie avait comme remisé dans les poubelles de l’histoire. Obnubilée comme elle l’était par son triomphalisme à la suite de la chute du Mur de Berlin, de la pénétration capitaliste en Chine, de la généralisation et de la consolidation de l’offensive néo-libérale et de la mondialisation du capital qui l’a accompagnée, la bourgeoisie avait définitivement écarté le conflit de classe et, par là-même, la possibilité de la révolution, de son propre horizon. Alors, certes, ses représentants les plus cyniques mais également les plus lucides à l’instar de Warren Buffet, l’un des hommes les plus riches du monde, n’hésitaient pas à dire, il y a de cela encore quelques années, que la lutte de classe continue à exister, mais que c’était la leur qui avait gagné. Mais l’éruption rude, soudaine et violente du conflit de classe à laquelle on assiste ces dernières semaines un peu partout en France et sur l’île de La Réunion surprend considérablement différents secteurs d’une bourgeoisie caractérisée par son (auto-)aveuglement historique. C’est ce dont témoigne l’un de ses intellectuels organiques, habitué des pages des Echos, du Financial Times ou Die Welt, Dominique Moïsi : « me promenant le 1er décembre dans les rues de "mon quartier", entre la place de la Madeleine et la place Saint-Augustin, je pensais au livre de Victor Hugo Choses vues, et tout particulièrement à ces pages où il décrivait les mouvements révolutionnaires des années 1830. Il y soulignait l’étendue incroyablement restreinte du champ du tragique". Telle rue était bloquée par des barricades encore fumantes, pendant que telle autre, à quelques dizaines de mètres à peine, était parfaitement paisible. J’avais moi aussi l’impression d’être le témoin d’une histoire confuse et largement incompréhensible. Ne pas avoir saisi l’étendue de la colère et du désespoir aux Etats-Unis était une chose. Mais dans mon propre pays ? Comment étais-je passé à côté de cette lente et irrésistible montée du désespoir ? J’essayais d’expliquer à mon ami britannique la profondeur de la confusion intellectuelle et émotionnelle qui était la mienne ». Dans un premier temps, l’impréparation de l’Etat bourgeois face à la situation pré-révolutionnaire S’il y a bien un domaine vis-à-vis duquel l’avantage stratégique des Gilets jaunes, que nous avons souligné, a pu se manifester, en tous cas jusqu’à l’Acte IV et la reprise en main partielle de la situation par l’Etat bourgeois, c’est sur le terrain du maintien de l’ordre. Trop d’années de néolibéralisme et de domestication du conflit social ont fait baisser la garde aux forces de répression, ce qui a pu s’apercevoir au cours des premières semaines de mobilisation, notamment jusqu’au 8 décembre. Routine et train-train répressifs n’ont pas préparé les forces de l’ordre à une violence d’un nouveau type, extrêmement déterminée, comme le souligne l’historienne spécialiste de la révolution française, Sophie Wahnich. « Domine le sentiment, dit-elle, que la violence produite dans les mobilisations est une violence retournée. Il y a là quelque chose de révolutionnaire, dans cette manière de retourner la violence subie. Pour que la violence puisse paraître acceptable, voire légitime, aux yeux de beaucoup, il faut qu’il y ait eu beaucoup de retenue avant. Ce qui se passe ressemble à la prise des Tuileries, qui ne se situe pas au début de la Révolution française, mais arrive après des tentatives calmes de réclamations en faveur de la justice, après que cela n’a pas marché. Cela crée une forme de violence qui rend quelque peu hagard, parce qu’on sent que c’est inévitable. Cela fait vingt ans qu’on répète que cela ne peut que "péter", donc quand ça pète, on ne peut trouver ça complètement illogique ou illégitime ». Sur un autre terrain, depuis l’assassinat de Malik Oussékine par la police, en 1986, la stratégie de dissuasion du conflit social en zone urbaine n’a pas changé, mais la tactique qui avait été adoptée s’est heurtée à ses propres limites comme on a pu le voir lors des scènes d’émeute qui ont caractérisé les manifestations à Paris et en région le Premier décembre. Après d’intenses discussions en interne, la police est revenue, le 8 décembre, à une « conception de manœuvre » qui a permis de redonner du moral aux forces de répression qui avaient été humiliées la semaine d’avant. Comme le souligne dans les colonnes de L’Opinion le spécialiste en questions de sécurité Jean-Dominique Merchet, « les tactiques mises en œuvre samedi [8 décembre] consistaient à privilégier la mobilité – les CRS auraient parcouru une quinzaine de kilomètres dans la capitale – et à utiliser des "unités mixtes", mêlant personnels en uniforme et en civil, ces derniers issus des BAC et des BRI pouvant intervenir en police judiciaire avec l’accord préalable du Parquet. Ce schéma n’a pas été inventé la semaine dernière. Il date en réalité de plus de trente ans. Il s’agissait alors d’un "retour d’expérience" (Retex) du maintien de l’ordre qui avait abouti en 1986 à la mort de Malik Oussekine. Ces travaux avaient été conduits par le préfet de police Philippe Massoni et des experts de la sécurité comme Jean-Marc Berlioz et Alain Bauer ». Mais dans les cercles proches de la Place Beauvau, beaucoup craignent que la police et la gendarmerie ne soient en mesure d’affronter des événements d’une telle ampleur, toutes les semaines, compte-tenu du fait que ce sont 96% des unités mobiles (CRS et gendarmes) qui ont été déployées lors d’une journée comme celle du samedi 8 décembre. En plus de ces problèmes de tactique, la focalisation des services de sécurité sur les banlieues et, dans un second temps, sur les questions de terrorisme, a dévié l’attention des services de l’Etat de la question sociale, qui pourrait devenir le principal foyer de contestation de l’Etat bourgeois. Pire, l’appareil répressif a été traité de la même manière, avec la même logique comptable, que d’autres services de l’Etat à l’ère du néolibéralisme, à savoir comme une dépense superflue ou excessive dans laquelle on pouvait tailler, sans se préoccuper le moins du monde de questions de contestation sociale. C’est ainsi que Nicolas Sarkozy lui-même a dissout plusieurs compagnies de CRS. Mais, comme l’a souligné un spécialiste en sécurité après les « débordements » du Premier décembre, les forces de l’ordre sont comme les extincteurs : en temps normal elles ne servent à rien, mais elles sont essentielles lorsqu’il y a un incendie. Mais quand Paris et la région ont commencé à prendre feu, les forces de l’ordre ont été débordées et ont montré une grande vulnérabilité. C’est cette image que l’appareil monstrueux et massif de maintien de l’ordre a essayé d’effacer des mémoires le 8 décembre, avec des succès tactiques relatifs dans le maintien de l’ordre, mais avec une perte importante de la légitimité de la répression. Derrière l’imposition d’une image de la force, c’est la faiblesse qui transparaît en dernière instance. C’est ce que remarque avec justesse le criminologue Sebastian Roché au sujet de l’avant-dernière journée de mobilisation : « oui, un arbitrage convenable mais perfectible entre protection des institutions et droits des manifestants a été trouvé. Pourtant, loin de manifester sa force, ce dispositif hors norme signale la faiblesse de l’Etat. La répétition des heurts avec la police, certaines images d’actions comme la centaine d’élèves à Mantes-la-Jolie à genoux ou l’usage inutile des Flash-Ball illustrent le fait que l’obéissance résulte de la force et non la légitimité. L’ordre policier dans les rues ne vaut pas légitimité du pouvoir. S’il ne doit s’appuyer que sur lui, le gouvernement est menacé : le dispositif policier est à son point de rupture. Surtout, sa fonction n’est pas de se substituer à la légitimité politique ». En effet, si la bourgeoisie doit s’appuyer de plus en plus sur une stratégie répressive afin de maintenir l’ordre, les risques politiques augmentent. Comme le dit l’historien Gérard Noiriel, « nous vivons dans une société bien plus pacifiée qu’autrefois. Notre "seuil de tolérance" à l’égard de la violence a beaucoup reculé. Les images diffusées en boucle depuis samedi donnent le sentiment d’un spectacle très violent. En réalité, il y a eu bien pire dans l’histoire des mouvements sociaux ! Par exemple, à Fourmies, dans le nord de la France, la manifestation ouvrière du 1er mai 1891 a été réprimée dans le sang par la troupe. Bilan : 9 morts. Plus près de nous, les grandes grèves de 1947-1948, présentées comme "insurrectionnelles", ont fait des dizaines de morts parmi les ouvriers. Aujourd’hui, la pacification des rapports sociaux conduit à une rationalisation de l’usage de la force, les policiers sont obligés de maintenir une retenue, ce qui encourage les casseurs. Le pire, pour le pouvoir, serait qu’il y ait une victime côté Gilets jaunes imputable aux forces de l’ordre. Dans le passé, ces mouvements se terminaient toujours dans le sang. Même Georges Clemenceau, référence de Macron, a été haï par le peuple quand il a violemment réprimé la révolte viticole en 1907. Cette façon de liquider une lutte sociale n’est plus possible ». C’est-à-dire que dans le cas d’une « bavure » de la part des forces de répression, il y a le risque, tôt ou tard, de radicaliser la résistance plus que de la circonscrire. Comme l’affirme le criminologue Alain Bauer, « la réponse sécuritaire n’est jamais qu’un pis-aller. Elle permet de contenir les révoltes, de rouvrir le dialogue, d’établir la concertation. Mais elle n’a jamais empêché une Révolution ». La portée historique des Gilets jaunes : vers une nouvelle actualité de la révolution ? Au-delà de ses résultats immédiats, le soulèvement révolutionnaire des Gilets jaunes a d’ores et déjà une portée historique : le spectre de la révolution, absent dans les pays impérialistes, depuis les années 1970, fait son grand retour. C’est une forte contre-tendance, voire même une fin abrupte du cycle, initié par la chute du Mur de Berlin, qui a marqué la victoire idéologique de la bourgeoisie, lorsque la révolution n’était ni possible, ni désirable à la suite de la catastrophe du « socialisme réellement existant » et des dégâts occasionnés contre l’organisation et la conscience de la classe ouvrière par le totalitarisme stalinien, doublement exploités par la bourgeoisie pour affirmer que le capitalisme et le régime démocratique bourgeois étaient un horizon politique et social indépassables. Toutes les « nouvelles » hypothèses stratégiques formulées au cours de cet interrègne historique qui niaient ou sous-évaluaient les caractéristiques de l’époque impérialiste, à savoir une époque de crises, de guerres et de révolutions, sont aujourd’hui ouvertement remises en cause, et cela vaut tout autant pour le néo-réformisme [1] que pour les « partis anticapitalistes larges sans délimitation stratégique ni programmatique » en passant par la nouvelle stratégie à la mode, à savoir le « populisme de gauche », complètement déconnecté, pour sa part, des événements [2]. Ceci ne veut pas dire que le populisme de gauche de même que le souverainiste de droite lepéniste ne soient pas en train de tenter capitaliser ce mouvement, ce qui résulterait d’une déviation ou d’un épuisement du processus en cours. Le rôle ouvertement traitre des directions syndicales en défense de l’ordre bourgeois est le principal obstacle qui empêche l’entrée dans la bataille du mouvement ouvrier des grandes usines et des entreprises et des services stratégiques. C’est ce qui permettrait une généralisation de la grève et la concrétisation de la grève générale, la seule façon pour transformer les tendances subversives en cours en une arme puissante à même de faire plier Macron et le pouvoir. Cependant, le prix que les bureaucraties syndicales, et tout particulièrement la CGT, devront payer pour leur attitude divisionniste criminelle et pour la légitimation, en dernière instance, de la répression contre les Gilets jaunes pourrait s’avérer très élevé. C’est ce que montre l’accumulation de signes de rejet de Philippe Martinez, secrétaire général de la centrale de Montreuil. L’affaiblissement, sur la gauche, de ces médiations réformistes est à mettre au compte du mouvement actuel, de même que ses méthodes radicales, qui seront un point de départ pour le mouvement de masses dans ses nouvelles batailles et que le pouvoir affaibli d’un Macron aura à affronter dans le futur. Depuis les événements révolutionnaires qui secouent l’Hexagone et La Réunion, il n’y a plus de fondement au pessimisme historique de l’extrême gauche. Evidemment, le mouvement n’est pas exempt de contradictions et l’avenir de la vague de luttes en cours est loin d’être écrit. La faiblesse stratégique du mouvement des Gilets jaunes lui impose de compenser par des actions spectaculaires qui ne lui permettent pas de penser une stratégie à long terme. D’où l’urgence de la nécessité de développer les tendances à l’auto-organisation dans ce mouvement. Mais à l’inverse des leçons que tirent certains professeurs rouges du mouvement actuel, tout en maintenant leur extériorité vis-à-vis de lui – car il n’obéit pas assez aux « formes classiques de la lutte de classes » – nous affirmons que son évolution dans un sens progressiste ou en direction d’une victoire éventuelle ne sera pas le fruit d’une analyse ou de la spéculation, mais le résultat d’une tâche stratégique. Mais ce défi ne sera pas relevé de la même façon selon que l’on insiste davantage sur les « limites » ou, à l’inverse, sur la « portée » du mouvement. Après tout, comme l’écrivait Gramsci, « en réalité, "scientifiquement", on ne peut prévoir que la lutte ». [1] Comme le souligne le journaliste catalan correspondant de La Vanguardia à Paris Rafael Poch, « après la digne révolte grecque, trahie dramatiquement par Syriza, et l’épuisement du mouvement des Indignés en Espagne, c’est la première fois que le facteur social joue un rôle dans l’UE, d’une forme claire et simple — avec une composition de classe évidente — depuis la crise de 2008. Le verre a débordé. Il faut voir quelles conséquences cela peut avoir dans d’autres pays, par rapport à ce que nous appelions en 2011 l’effet 1848 ». [2] Comme le dit une tribune publiée dans The New York Times, ce qui distingue la révolte française, c’est qu’elle n’a pas suivi le script habituel des mouvements populistes : « Elle n’est pas liée à un parti politique et encore moins à un parti de droite. Elle ne se focalise pas sur la race ou l’immigration, et ces questions n’apparaissent pas dans la liste de revendications des Gilets jaunes ». &&&&&&&&&&&&&&& https://resistance71.wordpress.com/2018/12/18/resistance-politique-ce-nest-quun-debut-francis-cousin/ Résistance politique: Ce n’est qu’un début… (Francis Cousin) C’est au pied du mur de l’argent qu’on voit tous les larbins du pouvoir de la marchandise ! « Lorsque le prolétariat annonce la dissolution de l’ordre social actuel, il ne fait qu’énoncer le secret de sa propre existence, car il constitue lui-même la dissolution effective de cet ordre social. » Karl Marx, 1843 Francis Cousin Novembre- Décembre 2018 Mais qui sont donc ces Gilets jaunes qui emmerdent tant le quotidien tranquille à la fois des spéculateurs tristement cossus de la Bourse et des chiens de garde bobos du gauchisme réformiste de la merde marchande ? C’est la vieille France gauloise et réfractaire du prolétariat indocile qui fit à la fois la Commune de 1871 et la grève sauvage généralisée de 1968 et qui tant de fois fut la grande peur de tous les gangs de l’argent et de l’État. C’est cette France qui a été expulsée à la périphérie des mégapoles de la mondialisation marchande, après avoir été chassée de ses quartiers centraux historiques par les privilégiés de toutes les restructurations immobilières du progrès de la marchandisation pendant que les proches banlieues devenaient, elles, des quartiers immigrés d’où la vieille pensée communarde était ainsi enfin éliminée. Depuis des décennies, les malléables « Minorités » avantagées du spectacle moderniste de la marchandise avaient pris l’habitude d’être les seules à être médiatiquement entendues et estimées. Cette fois, avec les Gilets jaunes, de façon massive et incontrôlable, c’est la Majorité prolétaire constamment déconsidérée que le pouvoir du Capital voulait pourtant définitivement faire taire, qui se réveille en prenant massivement la parole pour dire que les fables écologistes, antisexistes et antiracistes de la modernité obligatoire de la soumission capitaliste sans arrêt ressassées expriment d’abord la logique des mystifications de la domination de classe. La rage de la France du prolétariat invisible, cette classe universelle de tous les hommes qui n’ont plus aucun pouvoir sur leur vie ne cesse de grandir à mesure que les précarisations, les délocalisations et la décomposition sociales voient toute une frange de l’artisanat et de la paysannerie se prolétariser à grande vitesse pendant qu’une masse croissante de retraités sombre dans une détresse exaspérée … Cette France-là, c’est celle de la longue histoire récalcitrante que la liberté despotique du profit a rejeté avec mépris dans les périphéries de l’oubli et qui a donc revêtu un gilet jaune pour se rendre visible, parce qu’elle a tout simplement décidé de mettrefin à son bannissement programmé. C’est ainsi essentiellement le mouvement du surgissement humain des masses qui veulent précisément cesser d’être de simples masses… La lutte de classe est le moteur de l’histoire… Aujourd’hui comme Hier… Cela fait des décennies que la gauche et l’extrême gauche du Capital sabotent les luttes ouvrières dans les usines pendant que la paysannerie et l’artisanat sont vampirisés par le rendement financier et que la classe capitaliste organise le grand remplacement des prolétaires insoumis de l’histoire d’avant par l’armée de réserve immigrée de l’obéissante consommation des grandes surfaces de demain… Porté au pouvoir par la classe capitaliste mondialiste de l’économie de la crise, le phénomène Macron est dès lors en train de s’écrouler face à la mobilisation des Gilets Jaunes qui monte insensiblement à proportion de la crise de l’économie quine cesse de se développer mondialement… Sur les barrages spontanés de la vraie colère humaine contre le diktat du calcul et du rendement fiscal de l’oppression capitaliste, la diversité et la boboïtude des quartiers chéris du spectacle de la mondialisation brillent par leur absence…C’est, en effet, le mouvement profond des prolos de la vieille souche communeuse tant décriés par l’arrogance des cercles mondains de l’inculture financière et médiatique qui vient là rappeler avec force le poids historique de la réalité. C’est le vieux communard indisciplinable qui aime le saucisson, le beaujolais, la femme éclatante et l’humour gaulois et qui, dans la tradition multi-séculaire des jacqueries paysannes et des soulèvements ouvriers, considère que la tune n’est pas l’horizon indépassable du monde mais la souillure infinie des Beautés de la vie. Dans le spectacle actuel de la crise du fétichisme de l’argent, tout apparemment semblait continuer à encore tourner rond mais à y bien regarder de plus près, les choses commencent maintenant très visiblement à bouger vers un commencement de radicalité explosive qui annonce une possible généralisation insurrectionnelle de la lutte de classe prolétaire… C’est pourquoi le mouvement d’ébullition des Gilets jaunes est bien entendu d’ores et déjà ciblé par toutes les cliques syndicales et politiques de tous horizons capitalistes afin d’être torpillé et asphyxié dans de multiples récupérations lamentables et négociations méprisables mais heureusement ce dernier signale avant tout et simultanément qu’une tempête des profondeurs, porteuse d’un autre regard, est bien en train de naître du fin fond des difficultés de la vie humaine arraisonnée par le système des objets… En plusieurs semaines de contrastes, de tiraillements et de contradictions mais aussi et surtout de rencontres ouvertes extrêmement riches, la dynamique des Gilets jaunes fait novation de sédition potentielle et de désir infini puisqu’elle signale là la production d’un bouleversement assurément inédit sous le règne crépusculaire de l’univers de plus en plus pourri de la tyrannie de la marchandise. Par-delà toutes les manipulations idéologiques qui de l’extrême droite à l’extrême gauche du gouvernementalisme de la domestication, s’emploient à tenter de calmer le mouvement que l’on voudrait réduire à une simple protestation pour aménager les prisons du coût de la vie, il y a bien la dynamique de la base qui, elle, se met à renâcler en commençant à voir que ceux qui neutralisent et paralysent le mieux de l’intérieur cette embarrassante insoumission qui commence à tant déranger le parti de l’ordre mercantile sont évidemment et comme toujours les portes paroles du réformisme extrême… C’est-à-dire ces baratineurs de la fausse mutinerie qui bien loin d’appeler à une extension généralisée de la lutte à tous les secteurs de la vie emprisonnée, s’emploient à cloisonner chaque espace dans l’horizon aliénatoire et étriqué de particularités illusoires en recherche d’interlocuteurs convenables… La police du Capital dans la rue, dans les campagnes, dans les usines et dans la totalité du territoire où circule la reproduction de l’aliénation doit d’abord empêcher qu’émerge les conditions d’un mouvement conscient vers une rencontre étendue et subversive de tous les prolétaires soulevés, au-delà des cloisonnements de chaque prison revendicative. La défaite programmée des cheminots en début d’année, savamment et naturellement orchestrée dans le double langage, le sabotage, l’illusion, la claustration et le freinage par tous les faux séditieux de toutes les gauches complices de toutes les droites, doit servir d’exemple… La période dans laquelle nous entrons est certes encore déterminée par l’extrême dispersion des forces de vie humaine susceptibles de contester de manière maximaliste l’ordre existant des galeries marchandes de la mort. Mais la situation désormais advenue de crise cataclysmique du spectacle mondial de l’argent ouvre la voie montante d’une gigantesque crise sociale qui fera, de toutes façons, de la rupture révolutionnaire une possibilité manifestement évidente. La contradiction essentielle de la domination spectaculaire en crise finale, c’est qu’elle est irrémédiablement condamnée à échouer en ce moment même où étant devenue le temps de la puissance historique la plus forte de son apogée, elle a perdu simultanément toute chance désormais de ne plus pouvoir être autre chose que l’histoire progressive de son dépérissement définitivement arrivé. Tous les lamentables experts syndicalo-politiques du pouvoir de la merde marchande appuyés sur toutes les machineries numériques de l’intoxication sont partout réunis en permanents conciliabules pluridisciplinaires de vacuité et d’ineptie pour tenter de trouver les moyens de donner à un ordre moribond une dernière apparence de survie… Mais rien n’y fera… Les jours de la société du règne de la quantité sont de plus en plus comptés à mesure que son compter historique invalide lui-même toute l’histoire de ses comptages et qu’un nombre croissant de vivants va vouloir véridiquement exister. Il s’ensuit irrépressiblement qu’elle doit et va disparaître. Contre tous les rackets politiques du Capital, la conscience radicale de l’Être de la vie sait que pour devenir elle-même, la jouissance authentique doit se produire comme acte cosmique de subversion absolue vers la constitution de la communauté humaine universelle pour un monde sans argent, ni salariat ni État. Gilets jaunes ; Ne nous laissons jamais enfermer dans une revendication délimitée ! N’acceptons jamais de porte-parole ! Défendons seulement et exclusivement le principe de mandatés révocables à tout moment et sur la seule base du refus absolu de toute servitude ! Ce qui nous mènera peu à peu au pouvoir anti-étatique des Conseils Ouvriers fédérés sur le seul terrain qui tienne ; celui des besoins humains anti-marchands… Refusons d’améliorer ce qui nous abîme ! Refusons de négocier avec ceux qui veulent nous enterrer ! Des Gilets jaunes et des humains sans étiquette qui quel que soit ce qui arrivera, ne veulent plus être ce qu’on les force à ne pas devenir… Groupe Dépassement Nécessaire Groupe L’Internationale Au lieu du mot d’ordre conservateur: « Un salaire équitable pour une journée de travail équitable », les prolétaires doivent inscrire sur leur drapeau le mot d’ordre révolutionnaire: « Abolition du salariat ». Karl Marx, 1865 Paris-Province, novembre-décembre 2018 A diffuser largement… = = = Lectures complémentaires: Paulo_Freire_La_pedagogie_des_opprimes Pierre_Bance_Lheure_de_la_commune_des_communes_a_sonne Manifeste pour la Société des Sociétés (Résistance 71) Abdullah-Ocalan-Confederalisme-democratique 6ème_déclaration_forêt.lacandon(Chiapas zapatiste) &&&&&&&&&&&&&&& https://rebellyon.info/Acte-VI-La-vie-en-jaune-19988 La vie en jaune Publié le 22 décembre 2018 | Mise à jour le 23 décembre 1923 visites zbeul décembre 2018 Un mouvement sans précédent. Par son ampleur, sa composition, ses modes d’action et d’organisation. De par son efficacité aussi : jusqu’au dernier épisode terroriste à Strasbourg la révolte des gilets jaunes saturait les médias. Ils ont effectivement commencé à grignoter la croissance, gripper un peu la grande machine, plomber le calendrier de l’avent ; ils ont retourné « la plus belle avenue du monde », fait chialer Alain Juppé et arraché à Macron les débuts d’un mea culpa plus une poignée de dollars (euh d’euros)… Sans compter que le mouvement a allègrement effacé, en deux semaines, les fameuses taxes sur les carburants qui avaient constitué son motif initial. Les gilets jaunes ont par ailleurs suscité beaucoup de méfiance dans les milieux politiques de gauche radicale. Les premières revendications exprimées (la baisse des taxes et le pouvoir d’achat) et le caractère brouillé de leur ancrage politique ont suffi à effrayer ou déboussoler les militants, à qui on disputait d’un coup le monopole de la contestation de masse, ou des radicaux confrontés à une agitation extrême mais en même temps assez indifférente aux théories et projections qui avaient permis jusque là de rêver une insurrection ou un soulèvement populaire. Il y a clairement des minorités agissantes d’extrême droite au sein des gilets jaunes. Et des minorités agissantes anarchistes et/ou communistes révolutionnaires. Mais ces petites gouttes radicales ne pèsent pas lourd dans le bordel. On a entendu des propos racistes et sexistes, des paroles poétiques ou prophétiques ; on a aperçu des gestes d’une immense générosité et constaté un appétit étonnant pour les thèses conspi’. Mélange complexe et singulier pour chaque bled, mais enfin détonnant. La révolte est là, elle se déploie depuis ces présences qui, si elles ne cadrent pas avec nos belles idées, ont le mérite de la faire vivre et rebondir de manière bien improbable (c’est-à-dire historique). Et une fois surmonté le malaise suscité par la mobilisation récurrente de concepts (Peuple, Nation) et de symboles (Marseillaise, drapeau Français) traditionnellement investis de manières réactionnaires, on découvre que la vie du mouvement, celle vécue notamment depuis les rond-points, s’organise à une échelle locale et met en pratique des principes d’auto-organisation et de refus de la représentation, à deux pas d’où on habite. Des amitiés s’y nouent et des intimités s’y partagent. On y transforme sa haine des pouvoirs politiques et économiques en force collective pour s’affronter effectivement à ces modes de gouvernement, en organisant des blocages de flux divers et variés (autoroutes, raffineries, ports et aéroports, plateformes logistiques… et puis la simple présence qui ralentit un peu et fait que dans nombre de zones artisanales ou industrielles on ne va pas au boulot comme si de rien...) et des descentes visant les centres de pouvoir et de décision le week-end (cœur palpitant et commerçant des métropoles, même moyennes, mises à sac, attaques de préfectures, affrontements avec la police). JPEG - 177 ko L’irruption des gilets jaunes constitue un moment historique… comme si le fameux anniversaire de 68 s’était rappelé aux bons souvenirs des modernisateurs trop sûrs d’avoir changé de monde ou plutôt, dans leur triste métaphysique, de « logiciel ». Au delà de l’anecdote, plusieurs camarades ayant « vécu 68 », comme on dit, nous faisaient part de curieuses impressions de déjà vu : ça part de partout, à chaque coin de rue, les gens se parlent comme jamais, les groupuscules sont dépassés, on a l’impression confuse que ça ne peut pas aller plus loin, et en même temps que ça ne peut plus s’arrêter… Bien sûr, il manque quelques sur-signifiants : la « classe » ou le prolétariat, la révolution internationale, la confiance dans un avenir socialiste ou autogestionnaire. Le manque d’horizon politique présentable nous évitera peut être quelques illusions ou désillusions ; il nous jette en tout cas de plein pied dans l’événement. On dirait bien que c’est maintenant que ça se passe... Dur pourtant de s’y jeter sans élément de cartographie, sans repère ou sans prudence. Évidemment l’expérience de ces dernières semaines (et nous ne sommes pas des gilets jaunes de la première heure) et la nature proprement anarchique du mouvement ne nous permettent pas de proposer un guide de voyage ou un programme en bonne et due forme. On se contentera donc provisoirement de quelques vignettes, de bribes d’atmosphères, de questions ou de gestes balancés au hasard de la langue : en abécédaire. Et plutôt dans la région lyonnaise. JPEG - 910.9 ko Acte 1, 2, 3, 4, 5, 6, etc. À l’opposé des « journées d’actions » syndicales, décidées par les grandes centrales et espacées dans le temps (et qui mènent invariablement le mouvement social de défaite en défaite), les gilets jaunes ont d’entrée de jeu imprimé un certain rythme à leur mobilisation. Chaque semaine s’organisent blocages et actions, à la base, avec le week-end un nouvel acte consistant à se regrouper pour monter sur Paris ou dans la grande ville avoisinante pour une manif , parfois émeutière, toujours débordante. Pas de centralité donc, mais des annonces sur les réseaux sociaux qui deviennent virales et sont reprises dans les mass media. C’est aussi ce qui fait directement monter la pression chez les décideurs (politiques, économiques...) : un représentant syndical de commerçants s’alarme : « il ne faut pas d’acte IV, on ne s’en relèverait pas »… quand un syndicaliste policier, peu habitué à voir ses collègues se prendre des raclées en maintien de l’ordre, menace les manifestants : « je crains que samedi prochain, si on ne nous écoute pas, nous devrons comptabiliser des morts des deux cotés ». À l’acte V, on compte certes moins de monde et Paris se retrouve cadenassé par 8000 policiers mais ça reste électrique dans plein de bleds : encore des coupures d’autoroutes, des opérations escargot, des blocages de supermarchés (dont certains permettent d’arracher un treizième mois comme pour les employés du Leclerc de Firminy). À Lyon, la manif gilets jaunes a littéralement forcé la nasse policière à Bellecour et s’est déversée sur les berges du Rhône et la presqu’île (après quelques accrochages avec les fachos locaux), faisant fermer les boutiques du centre-ville sur son passage. JPEG - 378.8 ko Anarchique. On y croise peu d’Anarchistes patentés (de toute façon y en a pas un sur cent). Par contre, le mouvement nous met clairement aux prises avec la singulière « anarchie du réel » : comment la zone industrielle la plus désolée peut secréter et agréger des modes de présence ou d’être imprévisibles… La multiplicité des ronds points occupés, des cortèges motorisés ou non, évoque la dissémination dans le réel de monades plus ou moins folles et farfelues (les queuleuleus sur les giratoires, le DJ qui ramène ses platines pour un set, etc.). De là l’impossibilité (clairement revendiquée) de se donner des représentants. On est sur de l’ auto-organisation à la base, chaque rond-point étant une petite commune, un petit point d’organisation et d’initiatives possibles, en même temps qu’une bifurcation dans les vies plus ou moins misérables qu’on expérimentait jusque là. Toute vision d’ensemble du mouvement semble impossible, tellement c’est fragmenté. Même pour le nombre de gens on ne sait pas, tellement ça tourne. L’ambiance à Feyzin n’est pas la même qu’à Beynost, Villefranche ou St-Quentin Fallavier. L’ensemble forme par contre une situation fortement métastable, c’est-à-dire particulièrement vulnérable à l’événement : une arrestation qui passe mal comme au Pouzin et c’est 200 gilets jaunes énervés qui rappliquent et s’en prennent des heures durant aux forces de l’ordre (19 gendarmes blessés). Vinci Autoroutes communique en affirmant que tous les automobilistes passés entre les mailles du filet à l’occasion des opérations péages gratuits devront payer, plus les frais de dossiers… et l’embrasement reprend le soir même : un péage est incendié à Bandol. JPEG - 159.8 ko Assemblées. À Feyzin, principal QG des gilets jaunes dans la métropole lyonnaise, l’assemblée n’existe pas vraiment. On peut parfois y voir émerger spontanément une discussion collective sur la nécessité pour chacun de prendre part à l’entretien du camp ou sur les besoins logistiques du moment mais les actions sont plutôt décidées à l’initiative de quelques-uns qui prennent des mines de conspirateurs et annoncent la couleur à l’heure H. L’absence de mise en débat de la vie du mouvement pose problème. Les cibles des actions ne sont donc pas décidées collectivement et il faut une bonne dose de confiance pour accepter de se mettre en jeu pour un blocage dont on ne connaît pas la teneur avec des gens qu’on a rencontré il y a moins d’un mois. Ça crée forcément des frustrations, comme après l’occupation de l’hôtel de Région début décembre où la portée symbolique du geste n’était pas au goût de tout le monde. « On n’en a rien à foutre de Wauquiez », « Si c’était pour venir ici, il fallait tout brûler » résument assez bien le sentiment qui dominait à la sortie. Ça n’empêche pas de parler politique. Tout le temps. Et encore une fois les réalités locales sont partout différentes. Depuis Saint-Nazaire et Commercy par exemple, des appels à la création d’assemblées populaires ont été lancés et expérimentés. JPEG - 173.1 ko Auto-organisation. On a tout dit de ce mouvement, notamment qu’il était très mal organisé. Pour un mouvement soi-disant informel, arriver à tenir jusqu’à des centaines de rond-points et faire des milliers d’actions chaque semaine, sans se baser sur des structures déjà existantes, mais sur les liens existants entre les gens localement, c’est plutôt pas mal. Il y a cette vitesse folle à laquelle les gens résolvent les problèmes matériels liés au mouvement. (Comment tenir un lieu, en faire un QG ? Comment dormir sur place et gérer l’approvisionnement ? Comment organiser les actions, les montées sur Paname ?) À Feyzin, les gilets jaunes organisent leurs propres maraudes pour apporter aux gens de la rue toute la nourriture et les couvertures qu’ils ont en trop. De fait, dès qu’une situation est suffisamment forte, elle crée de fait son organisation grâce aux gens qui se jettent à corps perdu dedans. Et se donnent tous les moyens . Micro-miracles de la lutte. JPEG - 228.1 ko Fachos (et autres trucs) flippants. On l’a dit, des codes et des symboles usuellement utilisés par l’extrême droite sont présents (même si la marseillaise est sans doute aussi parfois chantée dans son acception révolutionnaire) et peuvent côtoyer des graffitis « ACAB » et autres « pas de justice, pas de paix » sur une même occupation. Par moment, le mouvement perd sa folie et se met à être habité par un esprit hyper-responsabilisant. Comme lors de l’action d’occupation du conseil régional (à Confluences) avec un speech des organisateurs sur le fait que l’action se fait pour et au nom des « français », qu’il va falloir respecter la police (« pas d’outrages aux flics ») et que tout le monde soit fouillé avant d’y aller. Il y a aussi une certaine présence de l’extrême droite, des fois affichée, des fois en scred comme avec ces politicards des Jeunesses Identitaires qui, pour l’acte IV, profitent de la manif et se précipitent pour en prendre la tête et faire des photos avec leur banderole « Marrakech c’est non » pour la publier sur leur twitter (l’air de dire le mouvement c’est nous) avant de se barrer, leur coup d’éclat réussi. À Beynost ou ailleurs, le fait de tomber sur un facho déclaré puis un sympathisant Rassemblement national, ça calme forcément. Il faut dire que les fafs se sont jetés immédiatement dans le mouvement pendant que nous autres regardions toute cette agitation, de loin, un brin dubitatif, en essayant de faire correspondre le réel avec des idées toutes préconçues sur ce que devrait être un mouvement révolutionnaire. Des antifascistes ont sorti un groupe d'extrême-droite de la manifestation par Game of sparta Gilet jaune. Un signifiant vide, tellement vide que souvent les gens écrivent ce qui les habite sur leurs gilets (« casseur », « pas casseur », « gaulois réfractaire », « Macron, tes putes t’emmerdent », « gitan moins voleur que Macron », etc.). Tout le monde peut en être. Il suffit juste de l’enfiler et de venir. Revêtir son gilet c’est se rendre visible et prendre parti, avec tout un éventail de modalités possibles : du gilet posé sur son tableau de bord, à celui qui tient le rond point jour et nuit, en passant par celle qui monte à Paris pour bordéliser les quartiers riches. L’effet gilet jaune permet aussi de se reconnaître et de se compter. Et dans certains coins, on sent vite qu’on est pas tout seul. Il suffit de traverser la diagonale du vide en voiture pour se rendre compte de l’ampleur du mouvement. Le gilet jaune, c’est aussi ce que portent les travailleurs les plus déclassés, c’est ce qu’on enfile quand on est en panne ou en rade, sur le bord de la route, en galère. Jaune comme la couleur imposée aux bagnards, aux juifs et aux prostituées à une certaine époque. Mais en regardant un peu en biais ça brille aussi… Comme l’or alchimique des vérités fragmentées puis recomposées, quand les morceaux entrent à nouveau en résonance et se mettent à irradier, « quand la douleur des routiers se reconnaît dans celles des caissières de grands magasins » (paraphrase de l’intitulé d’une vieille brochure anglaise des années 90). JPEG - 154.8 ko Grammaire commune. Malgré son caractère fragmenté, et son côté hyper décentralisé (« de toute façon, chacun fait ce qu’il veut » est une phrase qui revient souvent), il y a des éléments communs et constants qu’on retrouve à peu près partout : l’immense besoin de parler et de partager ses intimités, ses analyses du monde en termes de forts et de faibles, la haine des médias mainstream et le goût pour les réseaux sociaux, l’impression de se faire avoir (pour rester poli) depuis longtemps et dans beaucoup de domaines, la certitude que c’est en foutant le bordel qu’on peut arriver à quelque chose et la défiance vis-à-vis des partis et des syndicats pour ce qui concerne le déroulement du mouvement. Une grammaire apprise sur le tas aussi, et très vite : masques à gaz, serum phy’, lunettes de piscine comme minimum vital à trimballer avec soi quand on veut prendre la rue. JPEG - 207.8 ko Inexpérimentés. D’abord, les gilets jaunes ne sont pas un sujet politique classique (les ouvriers, les lycéens/étudiants, les chômeurs, les agriculteurs…), c’est-à-dire que c’est un peu de tout ce beau monde (pas mal de galériens quand même) mais moins les instances de co-gestion syndicales et autres qui assurent quoiqu’il arrive la médiation (propageant la certitude que le conflit aura sa solution, le mouvement social ses dates de mobilisation puis sa fin). Surtout, les gilets jaunes sont des « primo-manifestants » [1], comme disent les croque-morts de Sciences Po’ : c’est leur premier mouvement, leur première manif , ils ne comprennent pas grand chose à la politique ni aux « mécanismes institutionnels », etc. Résultat ils ne tombent pas dans le piège de la représentation ni de la responsabilité (laissant aux syndicalistes gestionnaires le monopole du « il faut bien savoir finir une grève ») ; ils ne connaissent rien aux manifs : ils débordent donc allégrement le dispositif policier, bougent différemment des foules syndiquées et bien rompues à l’art de se faire balader [2] selon le parcours officiel (cortège de tête et black block inclus). Quand on dit qu’ils manquent d’expérience, en réalité ils en sont pleins, emplis de sincérité, d’un sentiment immense de légitimité qui leur permet de se jouer des codes et d’ignorer la peur. Rares sont les mouvements où on balance des carcasses de voitures enflammées dans des barrières de péage autoroutier avec la même énergie qu’on bouscule une ligne de gendarmes mobiles pour atteindre l’Élysée, parce que « Macron faut qu’il dégage ». JPEG - 232.8 ko Manifs. « Les gens qui viennent manifester à Paris viennent pour attaquer Paris, lieu de pouvoir et Paris, lieu de richesse ». Ce n’est pas un groupuscule gauchiste qui le proclame, c’est le Préfet de police de Paris qui le constate, après des épisodes / actes qui auront vu la capitale secouée par ses plus belles émeutes depuis des lustres. Et c’est valable pour nombre de villes moyennes « en région » : le Puy-en-Velais, Dijon, Sainté, Bordeaux, Toulouse, Lyon, Marseille… Attaques de la pref’ ou de l’hôtel de ville, voitures retournées, barricades enflammées, guérilla urbaine et saccages de quelques belles boutiques en centre-ville. L’ampleur des affrontements, la hauteur des incendies et la détermination de la foule en gilets jaunes est telle à Toulouse et à Paris que les protagonistes ont eu le sentiment de basculer, le premier décembre, dans un épisode révolutionnaire où tout semblait possible, à portée de main… Les armes chimiques embarquées dans les blindés déployés à Paname une semaine plus tard, ainsi que l’hélicoptère prêt à exfiltrer le premier de cordée en cas de prise de l’Elysée, indiquent que des gens bien placés dans l’appareil de gouvernement ont dû avoir la même sensation. JPEG - 282 ko Moyens (se donner les). On assiste en quelques semaines à la (re)découverte immédiate de toutes les soit-disant trouvailles radicales de ces quinze dernières années. Comme le mot d’ordre, issu du mouvement contre le CPE de 2006, « Bloquons tout », qui pour la première fois n’est plus seulement une invocation gauchiste mais tend à devenir réellement effectif. C’est d’ailleurs un des mérites de ce mouvement que d’avoir eu la certitude que c’est seulement en ayant une incidence sur les flux, qu’on pouvait réellement avoir une prise sur la situation. Ça a semblé évident pour tout le monde, dès le premier jour. Les occupations de rond-points ont rapidement pris des tournures de mini-zad ou de presidi [3] du mouvement No-Tav avec des bâches puis des cabanes, des brasero puis des cheminées. Sur plusieurs rond points on construit en dur ; à Meximieux ils ont fait un château en pneus… De plus en plus de monde descend en manif équipé : lunettes de piscines, masques à gaz, équipes médicales histoire d’être en capacité de faire face à la police . JPEG - 222.8 ko (anti-)Métropolitain. Le mouvement des gilets jaunes est parti, nous dit-on, d’une histoire de gazole, il s’est répandu depuis l’expérience de plein de gens qui galèrent et doivent tout le temps prendre leur bagnole pour aller en ville, aller faire les courses, etc. Il naît hors des grandes villes, des grandes concentrations capitalistes. Et le sentiment d’humiliation qui a servi de combustible s’attache aussi bien à des gens qu’à des territoires, les zones péri-urbaines, la grande périphérie qui prend sa revanche en bloquant les flux métropolitains ou en mode razzia sur la ville des bourges. Curieux moment maoïste de la prise de la métropole par les campagnes environnantes. JPEG - 216.7 ko Peuple. Sur le marché des mots, le terme « Peuple » a la côte. Il est à un carrefour où plusieurs bifurcations sont possibles, suivant l’évolution du mouvement et ses suites. Et déjà, on sent qu’il en faudrait peu pour qu’il parte (sans espoir de retour possible) rejoindre des mots comme « République » ou « laïcité » dont le sens a dévié pour servir désormais au maintien de l’ordre. Dans le mouvement, au moins trois acceptions du terme sont en lutte les unes avec les autres : 1) le « peuple français » en vis-à-vis du pouvoir politique, des gouvernants (son souverain) auquel il s’adresse, réclame, revendique. Ce peuple là a besoin d’être reconnu (même en grognant). Sous ce format-là, le peuple est un mouvement revendicatif, qui se pense juste comme beaucoup plus légitime que tous les autres (« on est là pour tout le monde »). Mais c’est aussi difficile de s’organiser comme ça, il y a des problème d’échelle (les « Français », ce qui nous écorche les oreilles, au-delà du partage d’une langue, implique bien des médiations ennemies). L’horizon de ce peuple est sa reconnaissance et la négociation (un gouvernement qui redevient raisonnable et finit par entendre les doléances de ses ouailles). 2) Le peuple comme l’ensemble de ceux et celles d’en bas en lutte pour la justice, la dignité contre ceux d’en haut. Ceux qui ont une face contre ceux qui n’en ont pas (« mais comment il se permet de nous parler, de nous mépriser »). Ceux qui galèrent contre ceux qui se gavent (« toujours les mêmes »). Dans cette acception, le recours au peuple est le carburant de la lutte, ce qui met en mouvement les foules, la position à partir de laquelle les gens se sentent parfaitement légitimes à tout. Subjectivement, ils sont dans leur bon droit, ce qui leur donne une intrépidité folle. Dans ce sens-là, il y a un besoin de se dire « du peuple » pour pas être un pelo tout seul sur son rond-point, écrabouillé sous les galères du quotidien mais un élément d’un ensemble plus vaste qui peut avoir la même force et la même mission que le peuple de 1789 ou celui de juin 1848 (par exemple). L’horizon de ce peuple est de faire tomber le régime (tant que Macron se maintiendra, on galèrera) comme les révolutions du monde arabe il y a quelques années. 3) Enfin, ce qui peuple ces endroits et ces moments, le peuple des ronds points , ce qui se met à croître en nous (l’intelligence des blocages, le courage face à l’appareil policier, la tendresse et les colères méchantes, les idées stupides, etc.) à mesure qu’on vit ce mouvement. L’horizon de ce peuple, c’est l’accroissement de l’autonomie, la destitution du pouvoir et la sécession. Pas sûr que ce soit ce peuple là qui l’emporte. JPEG - 165.5 ko Police. S’il existe un sujet qui incarne l’ambivalence de ce mouvement et le caractère parfois fluctuant des positions qui y sont défendues, c’est bien le rapport à la police. Sur les ronds points, une proximité se crée rapidement entre ceux qui tiennent le camp et ceux qui sont là pour les surveiller. Il faut dire qu’à toute heure du jour et de la nuit des équipages sont mobilisés et qu’ils la jouent sympa (« nous aussi on vous soutient, mais on ne peut pas le montrer »). En face, certains ont déjà compris que la police représentait un obstacle décisif pour le mouvement (sans son appui, le régime tombe). Que dans l’expression « les forces de l’ordre », il faut avant tout entendre maintien de l’ordre social. D’autres disent qu’ils sont « comme nous », qu’ils sont aussi les victimes d’un système qui nous broient et qu’ils ne font qu’obéir aux ordres. Mais ce discours ne tient pas toujours face à l’épreuve sensible. Ceux-la même qui scandent en début de manif « la police avec nous » se retrouvent parfois en fin de cortège les yeux rougis par la lacrymo à ériger des baricades et être plus compréhensifs quant aux jets de projectiles sur les flics. Sur les réseaux sociaux, les récits des violences policières, des arrestations arbitraires, des humiliations et des mutilations ont vite envahit les pages facebook des groupes de gilets jaunes. Ce mouvement a déjà gagné quelque chose. Il a appris à de nombreuses personnes, jusqu’ici éloignées de la réalité de la violence d’État, à se méfier sérieusement de ceux qu’ils croyaient assignés à leur protection. De l’indignation au basculement, il n,’y a parfois pas bien loin. En tout état de cause, la position anti-flics (qui les voit comme une force au service de l’adversaire) et celle qui espère une fraternisation avec les forces de l’ordre se synthétisent malicieusement dans cette banderole aperçue un jour de manifestation parisienne : « La police avec nous. Il n’y a pas de mauvais chiens, il n’y a que des mauvais maîtres ». Tout est dit. JPEG - 189.8 ko Réseaux sociaux. À défaut d’ assemblée , on s’organise beaucoup par les réseaux sociaux : une organisation rhizomatique, où telle ou telle initiative va prendre, de manière assez anarchique . C’est aussi un mode de coordination très premier degré : on met un post sur facebook pour annoncer une action vraiment chaude, pour les motivés, à grand renfort d’émoticon « incendie » « incendie » ; bizarrement la police est au rendez-vous et elle dégage assez vite la tentative de blocage du port Édouard Herriot. On peut y voir un certain amateurisme (ok ces gens sont inexpérimentés ) mais aussi un sens de l’action décisive. Pendant les printemps arabes aussi les gens étaient en mode ça passe ou ça casse, s’affichaient sur les réseaux sociaux, marque de leur sincérité et de leur détermination (et de toute façon ceux qui ne s’affichaient pas directement étaient débusqués grâce à des technologies françaises de contre subversion). À part les failles de sécurité, un des inconvénients majeurs des réseaux sociaux c’est qu’ils configurent le genre de vérités politiques qui circulent au sein du mouvement : et là on est plus sur les fake news customisées par RT et les services russes que sur des propositions opéraïstes ou des éléments de programmes révolutionnaires. Le fameux truc du référendum d’initiative citoyenne a pour champion un Youtuber proche de Soral… De manière moins anecdotique la force et l’intelligence de ce qui est dit dans le mouvement se voit plus dans les images et les vidéos que dans les textes (comme pendant le mouvement contre la loi Travail résumé par ses mots d’ordre et slogans peints sur les banderoles et les murs, puis relayés sur Internet). JPEG - 182.8 ko Revendications. « Ils sont même pas clairs entre eux », « certaines sont dégueulasses » (expulser les déboutés du droit d’asile, plus de moyens accordés aux flics...). De la part d’un mouvement volontairement très peu structuré (mais pas inorganisé du tout) qui clame unanimement que n’importe qui peut dire ce qu’il pense et « avoir ses propres revendications », c’est assez normal de trouver tout et n’importe quoi dans ce qui est demandé. Des trucs les plus classiques, aux plus ambitieux et aux plus ahurissants en passant par les plus idiots et les plus craignos. Ce qui est sûr, c’est que le fait de ne pas réussir à formuler une série de revendications très clairs et consensuelles chez les gilets jaunes et ne pas avoir de représentants reconnus par l’ensemble du mouvement – du fait de la peur omniprésente de la récupération – est précisément une de leurs forces. C’est ce qui fait qu’en face le gouvernement patine, ne sait pas bien comment répondre (pourquoi recevoir ces trois guignols plutôt que d’autres, alors qu’on sent qu’ils ne maîtrisent rien et ne peuvent pas calmer « la base »...). Cette difficulté à « dialoguer » et trouver des « interlocuteurs crédibles » est une chance car elle casse la dialectique qui nique à peu près tous les mouvements à l’heure actuelle : un groupe avec des revendications face à un pouvoir plus ou moins prêt à des concessions et à la fin un accord trouvé entre les deux parties qui restent finalement solidaires entre elles (ou aucune concession quand le rapport de force est trop faible). En même temps, Macron, comme fonction historique, ne peut pas répondre positivement à ces revendications (y a qu’à voir l’arnaque de ses propositions : pour vous j’accélère les réformes qui étaient déjà dans les tuyaux). Le champion de l’économie triomphante ne va pas arranger la chair à patrons qui se révolte. Et on voit mal comment le champion de la gouvernance 2.0 va pouvoir accepter le RIC (référundum d’iniative citoyenne), se mettre à démocratiser à tout va et risquer d’augmenter l’ingouvernabilité des temps présents. JPEG - 258 ko Ronds points. Dans la pensée taoïste chinoise, il existe une fascination pour le moyeu de la roue, l’élément vide à partir duquel impulser du mouvement. À la base ça doit servir à ça aussi les ronds points, des zones vides dans lesquelles les solitudes en bagnole prennent leur élan ; petites billes de frondes balancées de rond point en rond point, du dodo au boulot et inversement. Les ronds points c’est triste, c’est con aussi, avec leurs œuvres d’art calibrées pour ne pas trop attirer l’œil, ni trop belles ni trop moches. Et au cœur du rien, les intrépides gilets jaunes bricolent leurs camps de base, tout près des sorties d’autoroute ou des plateformes logistiques qu’ils bloquent ou saccagent régulièrement (façon Villefranche, Narbonne, Perpignan, Manoque...). Mention spéciale pour Mionnay et sa guinguette entre les cabines de péage et le transfo électrique. Maintenant, à chaque fois que ça tourne, du coin de l’œil on guette la possibilité d’un éclat doré et de quelques planches, un point où éprouver les singulières complicité du peuple des ronds points et partir à l’assaut des métropoles. JPEG - 130 ko Notes [1] Quand ils se font arrêtés, la justice les qualifie de « primo-délinquants ». [2] « On est pas des moutons, on va pas là où ils veulent » comme le dit une gilet jaune pour expliquer leur refus de se rendre sur le Champs-de-Mars à Paris pour les premières manifs. [3] Au singulier Presidio, peut se traduire par présence, rassemblement, garnison, piquet. Dans le mouvement No-Tav, la nécessité de défendre des terrains sur le long terme contre la construction d’une ligne à grande vitesse a conduit à construire en dur : de petites cabanes, plus ou moins luxueuses, pour se retrouver, manger & dormir, se protéger du froid, discuter, etc. &&&&&&&&&&&&&&&&&&& https://www.legrandsoir.info/les-gilets-jaunes-et-la-suite-34317.html 29 décembre 2018 3 Les gilets jaunes et la suite... Christian RODRIGUEZ Les mesurettes du gouvernement ne changeront rien à la situation des salariés et des retraités et encore moins aux sans-abris, aux chômeurs et à tous ceux qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté, c’est à dire 9 millions de Français. Augmenter artificiellement le SMIC par une prime financée par les cotisations sociales ne fait que donner d’une main ce que l’on reprend de l’autre mais rien sur les 80 milliards donnés au CICE, rien sur la taxation des multinationales qui font des bénéfices en France et ne paient pas d’impôts et rien sur l’ISF. Les gilets jaunes ont créé un mouvement européen de grande ampleur qui ne va pas s’éteindre par un coup de baguette magique car les peuples souffrent alors que d’autres se gavent et dorment dans des draps de soie. Macron et le gouvernement n’ont pas compris que pour relancer la machine économique, il faut augmenter les salaires et les retraites pour que les gens consomment. Comment consommer si on est accablé par les impôts et les taxes ? Consommer n’est pas synonyme de consumérisme mais simplement vouloir manger à sa faim par le fruit de son travail et vivre dignement. Cela explique que 70 à 80% de la population soutient ou a de la sympathie pour le mouvement alors que le nombre de gens qui vont aux restos du coeur augmente chaque année. 80% des revendications des gilets jaunes sont inscrits dans le programme de la FI qui allie investissement dans les énergies renouvelables avec création massive d’emplois, le référendum d’initiative citoyenne y compris la possibilité de révoquer les élus à mi-mandat. C’est le travail à faire pour convaincre de la justesse de nos idées et de notre programme. Il ne s’agit pas de récupérer mais de se placer dans une perspective d’avenir démocratique et populaire. Le mouvement des gilets jaunes aura un impact sur les élections européennes en mai 2019 car il va se poursuivre durablement tant que le pouvoir ne cédera pas. Par contre, ce qui est à craindre est la montée de l’extrême droite. D’ailleurs, Le Pen, Dupont-Aignan et Phillipot caressent dans le sens du poil et certains gilets jaunes n’y sont pas insensibles. RN est donné en tête, ce qui se conjugue avec une montée de l’extrême droite en Europe. Attention, DANGER ! Christian RODRIGUEZ 30/12/2018 à 10:45 par J.J. RN est donné en tête, ce qui se conjugue avec une montée de l’extrême droite en Europe. Hélas, c’est vrai. Mais c’est aussi, ce sondage, l’occasion de commencer à agiter le chiffon rouge de l’épouvantail de l’extrême droite. Le danger de la manœuvre, c’est qu’à force de tirer sur cette ficelle, et de crier "au loup", le stratagème ne fonctionne plus. Et que l’on se retrouve en effet avec l’arrivée au pouvoir de la masse brune. 30/12/2018 à 19:07 par Jean-Michel Hureau Et alors, quoi faire ? Se taire ou prévenir le danger ? 30/12/2018 à 23:12 par chb Ahhhh l’épouvantail Lep’haine, ça a si bien fonctionné depuis Tonton. Mais la masse brune, J.J., elle paraît de plus en plus souhaitable à ceux qui arguent qu’« on ne l’a jamais essayée ». Aux yeux de bien d’autres, le RN ne serait probablement pas pire au pouvoir que les faux démocrates de droite et de fausse gauche qui n’ont pas cessé de débrider la machine à inégalités, de rogner les libertés, de liquider la souveraineté populaire au profit de multinationales ou de l’U.E. et des oncles Sam et Shlomo, de nous impliquer dans une furie de sanctions et de guerres d’agression au moyen de fake news couplées à un jeu trouble sur le terrorisme et l’immigration, de corrompre la République et de diviser les citoyens... Quand je lis que « Macron et le gouvernement n’ont pas compris que pour relancer la machine économique, il faut augmenter les salaires et les retraites pour que les gens consomment », je pense qu’ils l’ont parfaitement compris au contraire. La spoliation des masses est si peu nouvelle, si bien rodée : comment croire encore que l’appauvrissement des classes inférieures (hé, 80 % ou 99 % ?) serait fortuit, ou même viendrait d’une mauvaise compréhension de l’économie de la part des élites ? La planète étant en voie d’épuisement, n’est-il pas logique d’en réserver la consommation au plus petit nombre possible ? Je serais milliardaire, ce serait la base de ma philosophie (écologiste et durable !), et que les autres crèvent, le plus tôt serait le mieux. Dans cette perspective, les mesurettes du 10 décembre - date d’ouverture du nouveau pot de vaseline - promettent justement la protection des très riches et un plus cruel tour de vis sur les comptes sociaux, une accélération des privatisations et destructions de services publics (notre ultime protection contre la misère), un abandon à la C.E. de notre budget. V’là la réponse aux GJ ! Quant à la FI, son refus d’affronter nettement le système OTAN-UE-banksters ne lui donne guère plus de crédibilité qu’à l’occasion des présidentielles. Je me souviens que le borgne avait courtisé la France-d’en-bas avec des accents anti-capitalistes, et je constate qu’on laisse encore le filon à sa fille, et à ce mouvement jaune (!) qui fuit ostensiblement la perspective politique. &&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&& https://lesamisdebartleby.wordpress.com/2018/11/22/jean-claude-michea-une-lettre-a-propos-du-mouvement-des-gilets-jaunes%e2%80%89/ Jean-Claude Michéa Une lettre à propos du mouvement des Gilets jaunes Le 21 novembre 2018 Chers Amis, Juste ces quelques mots très brefs et donc très lapidaires – car ici, on est un peu débordés par la préparation de l’hiver (bois à couper, plantes et arbres à pailler  etc.). Je suis évidemment d’accord avec l’ensemble de vos remarques, ainsi qu’avec la plupart des thèses de Lieux communs (seule la dernière phrase me paraît un peu faible en raison de son « occidentalisme » : il existe aussi, bien entendu, une véritable culture de l’émancipation populaire en Asie, en Afrique ou en Amérique latine !). Le mouvement des « gilets jaunes » (bel exemple, au passage, de cette inventivité populaire que j’annonçais dans Les Mystères de la gauche) est, d’une certaine manière, l’exact contraire de « Nuit Debout ». Ce dernier mouvement, en simplifiant, était en effet d’abord une tentative – d’ailleurs encouragée par une grande partie de la presse bourgeoise – des « 10 % » (autrement dit, ceux qui sont préposés – ou se préparent à l’être – à l’encadrement technique, politique et « culturel » du capitalisme moderne), pour désamorcer la critique radicale du Système, en dirigeant toute l’attention politique sur le seul pouvoir (certes décisif) de Wall Street et des fameux « 1 % ». Une révolte, par conséquent, de ces urbains hypermobiles et surdiplômés (même si une fraction minoritaire de ces nouvelles classes moyennes commence à connaître, ici ou là, une certaine « précarisation ») et qui constituent, depuis l’ère Mitterrand, le principal vivier dans lequel se recrutent les cadres de la gauche et de l’extrême gauche libérales (et, notamment, de ses secteurs les plus ouvertement contre-révolutionnaires et antipopulaires : Regards, Politis, NP“A”, Université Paris VIII etc.). Ici, au contraire, ce sont bien ceux d’en bas (tels que les analysait Christophe Guilluy – d’ailleurs curieusement absent, jusqu’ici, de tous les talk-shows télévisés, au profit, entre autres comiques, du réformiste sous-keynésien Besancenot), qui se révoltent, avec déjà suffisamment de conscience révolutionnaire pour refuser d’avoir encore à choisir entre exploiteurs de gauche et exploiteurs de droite (c’est d’ailleurs ainsi que Podemos avait commencé en 2011, avant que les Clémentine Autain et les Benoît Hamon du cru ne réussissent à enterrer ce mouvement prometteur en le coupant progressivement de ses bases populaires). Quant à l’argument des « écologistes » de cour – ceux qui préparent cette « transition énergétique » qui consiste avant tout, comme Guillaume Pitron l’a bien montré dans La Guerre des métaux rares, à délocaliser la pollution des pays occidentaux dans les pays du Sud, selon lequel ce mouvement spontané ne serait porté que par « une idéologie de la bagnole » et par « des gars qui fument des clopes et roulent en diesel », il est aussi absurde qu’immonde : il est clair, en effet, que la plupart des Gilets jaunes n’éprouvent aucun plaisir à devoir prendre leur voiture pour aller travailler chaque jour à 50 km de chez eux, à aller faire leurs courses au seul centre commercial existant dans leur région et généralement situé en pleine nature à 20 km, ou encore à se rendre chez le seul médecin qui n’a pas encore pris sa retraite et dont le cabinet se trouve à 10 km de leur lieu d’habitation. (J’emprunte tous ces exemples à mon expérience landaise ! J’ai même un voisin, qui vit avec 600 € par mois et qui doit calculer le jour du mois où il peut encore aller faire ses courses à Mont-de-Marsan, sans tomber en panne, en fonction de la quantité de diesel – cette essence des pauvres – qu’il a encore les moyens de s’acheter !) Gageons qu’ils sont au contraire les premiers à avoir compris que le vrai problème, c’était justement que la mise en œuvre systématique, depuis maintenant 40 ans, du programme libéral par les successifs gouvernements de gauche et de droite, a progressivement transformé leur village ou leur quartier en désert médical, dépourvu du moindre commerce de première nécessité, et où la première entreprise encore capable de leur offrir un vague emploi mal rémunéré se trouve désormais à des dizaines de kilomètres (s’il existe des « plans banlieues » – et c’est tant mieux – il n’y a évidemment jamais eu rien de tel pour ces villages et ces communes – où vit pourtant la majorité de la population française – officiellement promis à l’extinction par le « sens de l’histoire » et la « construction européenne » !). Ce n’est donc évidemment pas la voiture en tant que telle – comme « signe » de leur prétendue intégration dans le monde de la consommation (ce ne sont pas des Lyonnais ou des Parisiens !) – que les Gilets jaunes défendent aujourd’hui. C’est simplement que leur voiture diesel achetée d’occasion (et que la Commission européenne essaye déjà de leur enlever en inventant sans cesse de nouvelles normes de « contrôle technique ») représente leur ultime possibilité de survivre, c’est-à-dire d’avoir encore un toit, un emploi et de quoi se nourrir, eux et leur famille, dans le système capitaliste tel qu’il est devenu, et tel qu’il profite de plus en plus aux gagnants de la mondialisation. Et dire que c’est d’abord cette gauche kérosène – celle qui navigue d’aéroport en aéroport pour porter dans les universités du monde entier (et dans tous les « Festival de Cannes ») la bonne parole « écologique » et « associative » qui ose leur faire la leçon sur ce point ! Décidément, ceux qui ne connaissent rien d’autre que leurs pauvres palais métropolitains n’auront jamais le centième de la décence qu’on peut encore rencontrer dans les chaumières (et là encore, c’est mon expérience landaise qui parle !). La seule question que je me pose est donc de savoir jusqu’où un tel mouvement révolutionnaire (mouvement qui n’est pas sans rapport, dans sa naissance, son programme rassembleur et son mode de développement, avec la grande révolte du Midi de 1907) peut aller dans les tristes conditions politiques qui sont les nôtres. Car n’oublions pas qu’il a devant lui un gouvernement thatchérien de gauche (le principal conseiller de Macron est d’ailleurs Mathieu Laine – un homme d’affaires de la City de Londres et qui est, en France, le préfacier des œuvres de la sorcière Maggie), c’est-à-dire un gouvernement cynique et impavide, qui est clairement prêt – c’est sa grande différence avec tous ses prédécesseurs – à aller jusqu’aux pires extrémités pinochetistes (comme Maggie avec les mineurs gallois ou les grévistes de la faim irlandais) pour imposer sa « société de croissance » et ce pouvoir antidémocratique des juges, aujourd’hui triomphant, qui en est le corollaire obligé. Et, bien sûr, sans avoir quoi que ce soit à craindre, sur ce plan, du servile personnel médiatique français. Faut-il rappeler, en effet, qu’on compte déjà 3 morts, des centaines de blessés, dont certains dans un état très critique. Or, si ma mémoire est bonne, c’est bien à Mai 68 qu’il faut remonter pour retrouver un bilan humain comparable lors de manifestations populaires, du moins sur le sol métropolitain. Et pour autant, l’écho médiatique donné à ce fait effarant est-il, du moins pour l’instant, à la hauteur d’un tel drame ? Et qu’auraient d’ailleurs dit les chiens de garde de France Info si ce bilan (provisoire) avait été l’œuvre, par exemple, d’un Vladimir Poutine ou d’un Donald Trump ? Enfin, last but not the least, on ne doit surtout pas oublier que si le mouvement des Gilets jaunes gagnait encore de l’ampleur (ou s’il conservait, comme c’est toujours le cas, le soutien de la grande majorité de la population), l’État benallo-macronien n’hésitera pas un seul instant à envoyer partout son Black Bloc et ses « antifas » (telle la fameuse « brigade rouge » de la grande époque) pour le discréditer par tous les moyens, où l’orienter vers des impasses politiques suicidaires (on a déjà vu, par exemple, comment l’État macronien avait procédé pour couper en très peu de temps l’expérience zadiste de Notre-Dame-des-Landes de ses soutiens populaires originels). Mais même si ce courageux mouvement se voyait provisoirement brisé par le PMA – le Parti des médias et de l’argent (PMA pour tous, telle est, en somme, la devise de nos M. Thiers d’aujourd’hui !) ; cela voudra dire, au pire, qu’il n’est qu’une répétition générale et le début d’un long combat à venir. Car la colère de ceux d’en bas (soutenus, je dois à nouveau le marteler, par 75 % de la population – et donc logiquement stigmatisé, à ce titre, par 95 % des chiens de garde médiatiques) ne retombera plus, tout simplement parce que ceux d’en bas n’en peuvent plus et ne veulent plus. Le peuple est donc définitivement en marche ! Et à moins d’en élire un autre (selon le vœu d’Éric Fassin, cet agent d’influence particulièrement actif de la trop célèbre French American Fondation), il n’est pas près de rentrer dans le rang. Que les Versaillais de gauche et de droite (pour reprendre la formule des proscrits de la Commune réfugiés à Londres) se le tiennent pour dit ! Très amicalement, JC &&&&&&&&&&&&&&&&&&&& https://revolutionpermanente.fr/Appel-de-Commercy-Vers-une-grande-Coordination-nationale-des-Gilets-Jaunes « Nous pouvons nous représenter nous mêmes » Appel de Commercy. Vers une grande Coordination nationale des Gilets Jaunes ? A Commercy, dans la Meuse, les Gilets Jaunes ont lancé un appel pour réunir une coordination nationale des assemblées locales de gilets jaunes. Un appel, qui s’il est suivi, pourrait faire passer un cap essentiel dans le mouvement en lui permettant de se structurer démocratiquement à la base. « Une assemblée des assemblées » Dans un premier appel publié début décembre les gilets jaunes de Commercy avaient déjà pris l’initiative positive d’appeler au développent d’assemblées générales populaires partout où il y avait des gilets jaunes. Le 30 décembre ils ont fait connaître un deuxième appel, décidé au cours de leur assemblée locale. Dans ce texte très progressiste – reproduit en fin d’article – ils appellent à continuer le mouvement, et tous ceux qui n’ont pas encore de gilet « à l’enfiler sans crainte », réaffirmant que les concessions annoncées par le gouvernement, aussi dérisoires soient-elles, doivent être vues comme un encouragement à aller plus loin : « car nos gouvernants ont tremblé et tremblent encore sur leur piédestal ». Ce que nous ne pouvons qu’agréer. Mais l’objet central du texte est d’affirmer la nécessiter de démocratiser le mouvement. Ils racontent le processus démocratique qu’ils ont mis en place à Commercy, dans des assemblées populaires où la parole est ouverte à tous et tout le monde est écouté. Après avoir appelé au développement d’initiatives similaires partout il y a quelques semaines, ils lancent aujourd’hui la création d’une grande coordination nationale de ces assemblées. Comme beaucoup de Gilets Jaunes ils revendiquent la capacité et la légitimité de tous à pouvoir décider et se représenter : « nous avons compris que nous étions capables de nous représenter nous-mêmes, sans tampon entre les puissants et le peuple, sans partis qui canalisent les idées à leur seul profit, sans corps intermédiaires davantage destinés à amortir les chocs, à huiler le système, plutôt qu’à nous défendre ». Les gilets jaunes de Commercy mettent en garde, à raison, contre les diverses tentatives de récupération du mouvement, notamment par ceux qui peuvent s’auto-proclamer portes-paroles du mouvement sans avoir été élus ou les partis qui commencent à tenter de récupérer le mouvement via des listes aux Elections européennes. « Nous réaffirmons ici une fois de plus l’absolue nécessité de ne nous laisser confisquer notre parole par personne. » Alors que Macron a appelé à « une grande concertation citoyenne » pour tenter d’endormir les gilets jaunes, qui doit passer dans un premier temps par les maires, à Commercy les gilets jaunes revendiquent que ce « grand débat » passe par des assemblées populaires en charge de l’organisation et de la tenue du débat. Ils proposent de l’organiser dès le mois de janvier dans une vaste coordination réunissant des délégués élus par leurs assemblées dans tout le pays, qui y porteraient des cahiers de revendications votés démocratiquement dans chaque assemblée locale. Une auto-organisation nécessaire pour élargir et structurer démocratiquement le mouvement La mise en place de structures d’auto-organisation telles que les Assemblées Générales est aujourd’hui un enjeu central pour le mouvement des Gilets Jaunes. Il s’agit de la seule manière de développer une réelle démocratie à la base et de s’assurer ainsi que ce soient bien les revendications de la majorité des Gilets Jaunes qui soient portées publiquement. Dans plusieurs villes de telles assemblées existent déjà. A Toulouse par exemple, les Gilets Jaunes ont déjà pris des initiatives dans ce sens, en votant un important cahier de revendications au cours d’une Assemblée générale ayant réuni près de 500 personnes. En cela les Gilets Jaunes commencent à reprendre le meilleur de la tradition de lutte du mouvement ouvrier français, de la Commune de Paris aux grands mouvements de grèves des années 1970, jusqu’au coordinations des années 1980. De 1986 au début des années 1990, étudiants, cheminots, infirmières et bien d’autres secteurs se sont ainsi organisés dans de larges coordinations nationales au cours de grèves importantes contre la casse de leurs acquis sociaux et du service public. Sur le même principe que celui que revendiquent les Gilets Jaunes de Commercy, ils étaient organisés localement (sur chaque lieu de travail ou d’étude : gares, hôpitaux, universités, usine…) en assemblée générale, ouverte à toutes et tous. Au cours de ces réunions quasi-quotidiennes tout le monde avait le droit de prendre la parole. Des délégués étaient ensuite élus et mandatés pour participer à des coordinations régionales et nationales de grévistes pour porter leurs revendications et décider de la suite du mouvement, sur la base des votes des assemblées générales. Dans le cadre du mouvement des Gilets Jaunes, une coordination des assemblées locales pour décider d’un cahier de revendication commun, telles que la propose l’assemblée de Commercy, est la condition sine qua non pour empêcher toute instrumentalisation du mouvement et s’assurer que la parole portée par le mouvement soit réellement celle de la base. Nous relayons ci-dessous l’ appel des Gilets Jaunes de Commercy : Deuxième appel des Gilets Jaunes de Commercy « L’ASSEMBLÉE DES ASSEMBLÉES ! Notre deuxième appel s’adresse : A tous les Gilets Jaunes. A toutes celles et ceux qui ne portent pas encore le gilet mais qui ont quand même la rage au ventre. Cela fait désormais plus de six semaines que nous occupons les ronds-points, les cabanes, les places publiques, les routes et que nous sommes présents dans tous les esprits et toutes les conversations. Nous tenons bon ! Cela faisait bien longtemps qu’une lutte n’avait pas été aussi suivie, aussi soutenue, ni aussi encourageante !  Encourageante car nos gouvernants ont tremblé et tremblent encore sur leur piédestal  Encourageante car ils commencent à concéder quelques miettes.  Encourageante car nous ne nous laissons désormais plus avoir par quelques os à ronger. – Encourageante car nous apprenons toutes et tous ensemble à nous respecter, à nous comprendre, à nous apprécier, dans notre diversité. Des liens sont tissés. Des modes de fonctionnement sont essayés. Et ça, ils ne peuvent plus nous l’enlever. – Encourageante aussi, car nous avons compris qu’il ne faut plus nous diviser face à l’adversité. Nous avons compris que nos véritables ennemis, ce sont les quelques détenteurs d’une richesse immense qu’ils ne partagent pas : les 500 personnes les plus riches de France ont multiplié par 3 leur fortune depuis la crise financière de 2008, pour atteindre 650 milliards d’€ !!! Les cadeaux fiscaux et sociaux faits aux plus grandes sociétés s’élèvent également à plusieurs centaines de milliards par an. C’est intolérable ! – Encourageante enfin, car nous avons compris que nous étions capables de nous représenter nous mêmes, sans tampon entre les puissants et le peuple, sans partis qui canalisent les idées à leur seul profit, sans corps intermédiaires davantage destinés à amortir les chocs, à huiler le système, plutôt qu’à nous défendre. Nous pleurons aujourd’hui les victimes de la répression, plusieurs morts et des dizaines de blessés graves. Maudits soient ceux qui ont permis cela, mais qu’ils sachent que notre détermination est intacte, bien au contraire ! Nous sommes fiers de ce chemin accompli si vite et de toutes ces prises de conscience qui sont autant de victoires sur leur système écrasant. Et nous sentons très bien que cette fierté est partagée par énormément de gens. Comment pourrait-il en être autrement, alors que ce système et ce gouvernement qui le représente n’ont de cesse de détruire les acquis sociaux, les liens entre les gens, et notre chère planète ? Il nous faut donc continuer, c’est vital. Il nous faut amplifier ces premiers résultats, sans hâte, sans nous épuiser, mais sans nous décourager non plus. Prenons le temps, réfléchissons autant que nous agissons. Nous appelons donc toutes celles et ceux qui partagent cette rage et ce besoin de changement, soit à continuer à porter fièrement leur gilet jaune, soit à l’enfiler sans crainte. Il faut désormais nous rassembler partout, former des assemblées citoyennes, populaires, à taille humaine, où la parole et l’écoute sont reines. Des assemblées dans lesquelles, comme à Commercy, chaque décision est prise collectivement, où des délégués sont désignés pour appliquer et mettre en musique les décisions. Pas l’inverse ! Pas comme dans le système actuel. Ces assemblées porteront nos revendications populaires égalitaires, sociales et écologiques. Certains s’autoproclament représentants nationaux ou préparent des listes pour les futures élections. Nous pensons que ce n’est pas le bon procédé, tout le monde le sent bien, la parole, notre parole va se perdre dans ce dédale ou être détournée, comme dans le système actuel. Nous réaffirmons ici une fois de plus l’absolue nécessité de ne nous laisser confisquer notre parole par personne. Une fois ces assemblées démocratiques créées, dans un maximum d’endroits, elles ouvriront des cahiers de revendications. Le gouvernement a demandé aux maires de mettre en place des cahiers de doléances dans les mairies. Nous craignons qu’en faisant ainsi nos revendications soient récupérées et arrangées à leur sauce et qu’à la fin, elles ne reflètent plus notre diversité. Nous devons impérativement garde la main sur ces moyens d’expression du peuple ! Pour cela, nous appelons donc à ce qu’ils soient ouvert et tenus par les assemblées populaires ! Qu’ils soient établis par le peuple et pour le peuple ! Depuis Commercy, nous appelons maintenant à une grande réunion nationale des comités populaires locaux. Fort du succès de notre 1er appel, nous vous proposons de l’organiser démocratiquement, en janvier, ici à Commercy, avec des délégués de toute la France, pour rassembler les cahiers de revendications et les mettre en commun. Nous vous proposons également, d’y débattre tous ensemble des suites de notre mouvement. Nous vous proposons enfin de décider d’un mode d’organisation collectif des gilets jaunes, authentiquement démocratique, issu du peuple et respectant les étapes de la délégation. Ensemble, créons l’assemblée des assemblées, la Commune des communes C’est le sens de l’Histoire, c’est notre proposition. VIVE LE POUVOIR AU PEUPLE, PAR LE PEUPLE, ET POUR LE PEUPLE ! 30 décembre 2018 » appel de commercy assemblée populaires https://www.youtube.com/watch?v=dfLIYpJHir4